Quality Never Comes Cheap
Cet épisode est dirigé par Jack A. Edgar et Kevin Neeson
Traduction par William Vilmer et mise en page par Yannick Cordonnier Hernois.

 

Générique d'Ouverture (version minimum)

 

C'est celui à ne pas rater!  C'est une version complète du générique d'ouverture de la saison 1 de Côte Ouest, le retour qui rend celui du dessus bien pâle en comparaison.  Cela nécessite que vous ayez Real Player (disponible gratuitement par téléchargement), et est spécialement conçu pour fonctionner directement sur votre ordinateur, plutôt que de devoir vous connecter à notre serveur.

Pour cela téléchargez simplement les trois fichiers ci-dessous (attention : il se peut que vous ayez déjà téléchargé l'un ou plusieurs d'entre eux sur notre librairie multimédia) sur le même répertoire que votre ordinateur... attention, "cliquez à droite" pour sauvegarder les fichiers.

La vidéo du générique d'ouverture de la saison 1 de Côte Ouest, le retour.

Le thème musical de la saison 1 de Côte Ouest, le retour.

Le fichier qui permet un fonctionnement simultané des deux premiers.

Une fois que les trois fichiers sont dans le même répertoire sur votre ordinateur, tout ce que vous devez faire c'est de lancer votre Real Player ainsi que le fichier intitulé "s1merged.smi".

Je pense que vous serez conquis par le résultat, et que vous ne pourrez plus lire un épisode de Côte Ouest, le retour sans le lancer au préalable!

 

"C'est ça, Jack!"... Oh, oui, c'est bien!... Encore une fois de l'autre côté!"

Sur le yacht du Groupe Sumner :

Lydia Gutierrez, la nouvelle vice-présidente de la branche Communications du groupe Sumner, a pris le pari de remodeler l'image de Jack Ewing et de faire de lui la parfaite "figure emblématique" de la compagnie Sumner en mal d'image.

A la suggestion de Lydia, Greg a fait l'acquisition d'un nouveau yacht et d'un dock privé couvert afin de l'abriter. Le bateau sera utilisé pour les conférences de presse et sera disponible à l'usage personnel des cadres supérieurs. Lydia estime que le petit peuple fera plus confiance à des porte-paroles préférant s'adresser aux journalistes à partir du pont d'un yacht plutôt que d'une salle de conférence austère.

Cependant, la toute première utilisation du yacht revêt la forme d'un studio photographique où Jack est le centre d'intérêt majeur.

"Jack, je veux que tu imagines qu'on est dimanche après-midi. Tu es seul avec ta femme sur ce bateau. Tu n'as rien que pour toi l'océan qui se dessine à perte de vue, un bateau somptueux et la femme de ta vie! Montre-moi sur ton visage que tu rayonnes, Jack!" Oh, là, on dirait plutôt que son père lui court derrière avec une canne en bois, pense Lydia tout en continuant ses consignes à l'attention d'un Jack toujours plus nerveux.

Abby s'approche de Lydia et, les mains dans les cheveux pour éviter que le vent ne les décoiffe, se met à sourire en observant la timidité de son mari face à la multitude d'appareils photos. "Bonjour, Linda. Je me doutais que Jack serait un peu tendu avec toute cette attention déployée envers lui, c'est pourquoi je suis venue, histoire de le relaxer un peu."

Lydia soupire de soulagement à l'arrivée d'Abby et son cerveau se met à s'activer instantanément afin d'envisager la meilleure manière de mettre à profit cette présence. Ça y est, pense Lydia.

Quelques instants plus tard, la nouvelle prise de vue présente Abby et Jack installés dans des chaises, face à face, sur le pont du yacht en train de discuter pendant que les photographes virevoltent autour d'eux.

"Merci d'être venue ici, chérie. Comme tu peux le voir, je ne suis pas un parfait modèle." dit Jack à l'attention de sa femme.

"Essaie d'oublier tous ces photographes, mon chéri," lui répond Abby de manière encourageante. "En plus, j'ai besoin de te parler de ce qui est arrivé."

"Oh? Quoi donc ?" Jack se relève, sachant que tout est possible lorsqu'il s'agit de son épouse.

"Je viens d'apprendre de la bouche de sa femme Lori que mon neveu se considère comme homosexuel. Et qu’ils vont divorcer," Abby lance cette révélation avec un sentiment d'inquiétude sur le visage.

"Ouahou" rétorque Jack, abasourdi. "Comment s'appelle ce garçon ? Michael?"

"Oui. Michael Fairgate. C'est le fils de Karen et de mon frère Sid et il se trouve être le dernier descendant masculin à porter le nom Fairgate."

Jack fait un signe affirmatif de la tête. "Et tu crois que ton nom de famille va s'éteindre si Michael ne procrée un fils, c'est ça ?"

Abby fronce les sourcils. "Je ne sais vraiment pas ce que Sid aurait fait s'il était encore en vie, Jack. Ça lui aurait brisé le coeur. Il a travaillé si dur pour fonder une famille dont on puisse être fier et maintenant... ÇA."

"Donc, quel est ton plan, ma chérie?" demande Jack, d'un air énigmatique." Je te connais assez bien pour savoir que tu ne vas pas rester les bras croisés à attendre la suite des événements."

Abby sourit et pense : C'est tellement agréable d'être mariée à un homme qui vous comprend et vous soutient. "Et bien, c'est amusant que tu abordes le sujet parce que j'ai justement un plan en tête."

"NON," répond Jack, d'un air sarcastique. Les deux époux se mettent à rire. "D'accord. Je t'écoute."

"Lori m'a facilité la tâche. Elle est venue me voir en me priant de financer sa procédure de divorce ainsi que les tous les frais d'avocats. Si elle arrive à dégoter un avocat assez efficace qui puisse lui obtenir la garde du bébé, alors peut-être que Michael sera assez perturbé pour revoir son choix de style de vie."

Comment un homme peut-il choisir un style de vie aussi débauché? pense simultanément le couple.

"Ça a l'air d'un plan raisonnable," lance Jack tout en se demandant comment un homme peut abandonner femme et enfant même si les circonstances l'y obligent. "Je sais que si jamais nous avions eu un enfant, je ne t'aurais jamais laissé partir... Et surtout, ne croyez pas que je puisse imaginer un jour pareille situation, Madame Ewing."

Abby rougit presque à la flatterie. "Oh, Jack" dit Abby en cherchant ses mots afin de changer de sujet. Ses sentiments lui provoquent un léger inconfort.

"En parlant d'abandon, tu ne m'as plus parlé de tes recherches à propos du coffre de Claudia. Quelles sont les nouvelles à ce sujet?" demande Jack, savourant le trouble qu'ont provoqué ses compliments chez son épouse.

Heureuse que Jack change de sujet, Abby se lance dans ses explications. "Ecoute, la discrétion n'était plus de mise étant donné que Gary devenait de plus en plus soupçonneux concernant la démolition de la maison. J'ai donc décidé d'agir de manière plus clandestine."

Jack fait un signe de compréhension de la tête. "Ah oui, la bonne vieille approche 'engage quelqu'un pour creuser', c'est ça ?"

"C'est ce que j'aime en toi, Jack Ewing. Tu penses exactement comme moi, même si tu t'es assagi un peu avec les années." Abby sourit. Elle met ses mains dans sur la chevelure de Jack afin de remettre en place les quelques mèches décoiffées par le vent.

"Et bien, chérie, tes manoeuvres nous permettent d'être très occupés tous les deux," conclut Jack, tout en appréciant les caresses de sa femme. Au moment où Abby retire sa main des cheveux de Jack, celui-ci la lui attrape et enveloppe sa femme de ses bras avant de se perdre dans ses yeux bleus perçants.

"En parlant de manoeuvres, je suis prête à tuer Gary, maintenant qu'il nous oblige à travailler avec sa petite nymphette de fille!" déclare Abby, alors que quelques frissons lui parcourent la peau et que Jack continue à la contempler de manière amoureuse.

"Et là, doucement," répond Jack. "C'est de mon sang que tu es en train de parler."

Abby lui fait les yeux doux et Jack apprécie cette réaction. "Bien, puisque tu parles de ton sang, il ne s'agit là que d'une petite femme d'affaires et elle va transformer une filiale très lucrative des Pétroles Ewing en une source de problèmes inutiles."

"Oh, Oh, on se calme, Tigresse. Ce n'était qu'une suggestion. Je veux dire, si Lucy va te rendre folle..."

"Je saurai m'occuper de Lucy Ewing, Jack!" grogne Abby.

Cherchant à nouveau ses mots pour changer de sujet de conversation, Jack demande "Est-ce que tu crois que ces photographes vont avoir bientôt fini? J'ai vraiment envie d'aller faire un tour au cul-de-sac avant le coucher du soleil pour vérifier l'état des travaux. Tu veux venir avec moi? On n'a pas encore visité cette propriété comme on l'avait fait avec les lotissements de Malibu," fait remarquer Jack.

"Mmmm, j'aimerais bien venir, chéri, mais je dois repasser au bureau pour une dernière réunion."

Jack soupire. "Oh, et bien, tant pis. On se revoit au ranch, je suppose."

A ce moment précis, la conversation des deux amants est interrompue par une voix assez proche. "OK, Jack... Abby... C'est dans la boîte," crie Lydia. "Je ne sais pas ce que vous lui avez fait ou dit, Abby, mais on n'a pu faire des clichés superbes."

Et bien, ce n'est pas si dur, pense Jack pendant qu'Abby sourit à Lydia tout en refusant de dévoiler ses secrets avec la jeune et déterminée vice-présidente.

"Certaines tâches sont bien mieux accomplies par des gens expérimentés, Lydia."

 

Le ranch Sumner :

Anne éteint le moteur de sa voiture dans l'allée du ranch. Les deux derniers jours ont été complètement irréels. Néanmoins, elle a toujours en tête le scénario parfaitement agencé qu'elle a concocté afin de le servir à Greg lorsqu'il l'interrogera sur les tenants et les aboutissants de ses activités ces derniers jours. Elle arrive à la porte et Carlos se dirige vers elle afin de prendre son sac de voyage.

"Non!" vocifère Anne au moment où Carlos essaie de lui prendre son bagage. "Je veux dire, Carlos, ne vous ennuyez pas avec ce sac, je peux m'en charger." Carlos est choqué. Il croit plus que jamais que quelque chose ne va pas chez Anne (en fait il l'a toujours cru) d'autant plus qu'elle manifeste un zèle soudain à effectuer un effort physique. Au même moment, Anne comprend sa gaffe et la nécessité d'y remédier au plus vite, au risque d'attirer l'attention sur ce sac et son précieux contenu. Elle enchaîne, l'air de rien. "Vous pouvez vous rendre plus utile en me préparant un bon bain chaud parfumé à l'étage."

"Ah, l'impératrice-prophétesse prodigue est de retour!" s'exclame Greg au moment où Anne, impeccablement habillée, pénètre dans la salle de séjour du ranch. "Tu as bien profité de ton séjour avec, euh..., comment s'appelle-t-elle, Connie Abbi...Abba... quelque chose."

"Avec la Vicomtesse Constance Abbington-Von-Bralinburg," corrige Anne avec un ravissement doublé d'un air de supériorité, comme si connaître le patronyme de cette femme faisait d'elle une personne de qualité. "Elle n'est pas ton genre, Greg. Cette femme exprime la classe. Il lui faut trois domestiques et deux heures en moyenne pour s'habiller et se parer pour la journée. Anne est subjuguée par cette vision quasi-orgasmique des détails somptueux et des attentions luxueuses. Tout est fait avec la perfection la plus absolue. La pauvre s'évanouirait si elle devait, ne fut-ce que s'imaginer, acheter quelque chose de confection de masse. Non, tous ses vêtements sont cousus à la main, dessinés et fabriqués selon ses exigences. Même sa suite à l'Hôtel Almsey est tout simplement fabul..."

"Ça va, ça va" coupe Greg avec un léger sourire. "J'ai compris. Elle est plus riche que Dieu et en plus elle s'habille mieux que lui."

"Oh, chérie, on ne peut pas rivaliser. C'est la Vicomtesse, point." Anne ne veut pas prolonger ce sujet de conversation plus qu'elle ne le devrait. "Maintenant, si tu m'excuses, je vais ranger ces vêtements et plonger dans un bon bain bien apaisant sinon je vais finir par exploser."

"Je veux quand même tout savoir sur ton petit voyage," lance Greg l'air condescendant, comme s'il la testait.

"Plus tard. Plus tard. Chaque chose en son temps," répond Anne en quittant la pièce.

Greg se perd en réflexions une petite minute avant de prendre le téléphone.

"Oui, les renseignements?"

"Je voudrais le numéro de l'Hôtel Almsley à San Francisco, s'il vous plaît..."

 

Les bureaux du Cabinet Reeve, Cain et Perry :

S'arrêtant plus tôt que d'habitude pour le déjeuner, Michael est incapable de se concentrer sur son travail. Il prend le téléphone et compose la moitié du numéro de Karen avant de raccrocher. Il le reprend et compose celui du bureau de Paige.

Bon sang... J'aurais bien aimé qu'elle soit dans son bureau, pense-t-il en entendant son message de bienvenue sur le répondeur. Paige est la seule personne à qui je peux me confier pour l'instant.

Il s'empare une nouvelle fois du téléphone et compose le numéro de Karen à l'hôtel. Pas de répondeur, apparemment.

"Allo?" répond Karen d'une voix pressée.

"Maman? Salut, c'est Michael."

"Salut, Michael. J'ai pas beaucoup de temps. J'ai beaucoup de...Hum... travail à faire. Comment ça va ?"

"Et bien, en fait, maman, il se passe beaucoup de choses dans ma vie en ce moment. C'est assez difficile d'en parler," dit Michael, attendant que sa mère lui demande ce qui ne va pas.

"Aah... Comment vont Lori et Holly?" demande Karen, d'un air distrait.

"Justement, Lori et moi, on a des problèmes en ce moment," rétorque Michael, laissant à sa mère tout le loisir de poser des questions.

"Ah... Euh... Mack et Meg vont bien, aussi," répond Karen sans comprendre l'allusion de Michael.

Michael se frustre : chaque fois que sa mère lui pose des tas de questions, il n'a pas envie d'y répondre et pour une fois qu'il a besoin de parler, elle n'a pas l'air d'être à l'écoute.

"Mman, tu m'écoutes?" demande Michael, d'une voix un peu plus élevée.

"Quoi? Oh! Mais oui, Michael. Bien sûr que je t'écoute," Karen revient sur terre l'espace d'une seconde.

"Ah! Merci, Maman. Je disais que Lori et moi, on a des problèmes," reprend Michael, avec un sentiment de reconnaissance envers sa mère pour être finalement attentive à ses propos.

"Ecoute, mon chéri, ne t'inquiète pas trop. Tous les couples doivent surmonter des difficultés. Ça va aller." La voix de Karen se fait de nouveau plus distante.

"Non, Maman, ce n'est pas de ce genre de problèmes dont je parle. Ça n'ira pas mieux." Michael soupire et attend une réponse.

"Euh...Alors, tu as parlé à Diana récemment?" demande Karen, ignorant totalement la tentative de Michael pour s'ouvrir à elle. Elle n'a aucunement l'intention de blesser son fils mais elle n'arrive pas à balayer de son esprit le fait qu'elle travaille dans la peau d'une prostituée toute la semaine. Il lui est dès lors difficile d'être attentive aux problèmes de quelqu'un d'autre.

"Oui, Maman. elle travaille comme serveuse sexy dans un restaurant et elle est enceinte de triplés qu'elle veut appeler Blanche, Rose et Dorothy."

"C'est super, Michael... Et bien...Euh..."

"MAMAN!! Tu n'écoutes même pas ce que je te dis!? J'essaie de te parler et toi, tu m'ignores totalement!" La voix de Michael se fait plus forte alors qu'il frappe du poing sur la table.

"Je suis désolée, Michael. J'ai beaucoup de choses à penser en ce moment. Pourquoi est-ce qu'on ne remettrait pas notre conversation à demain, t'es d'accord?" demande Karen avec un ton d'excuse sincère dans la voix mais encore une fois distraite.

"TRES BIEN! Je choisirai un moment plus propice pour t'annoncer que ma femme et moi allons nous séparer et que tu ne reverras peut-être plus jamais ta petite-fille!"

"Bien, mon chéri." claque Karen, n'ayant même pas remarqué l'exclamation agacée de Michael.

Michael raccroche agressivement le téléphone et s'assied près de la table basse, au bord des larmes.

Ma propre mère ne sait même pas m'écouter. Je me sens tellement seul. Peut-être que je n'aurais jamais dû aller aussi loin dans toute cette histoire.

 

Seaview Circle :

Au cul-de-sac, où les travaux de construction des nouvelles habitations sont presque terminés, Gary admire son oeuvre. Même si je suis plutôt hostile aux changements, je dois reconnaître que cet endroit est MERVEILLEUX! Dommage qu'il ait fallu un événement aussi tragique que le tremblement de terre pour nous inciter à tout renouveler, pense Gary alors qu'il passe devant la nouvelle maison de Mack et Karen et se dirige vers la sienne. Réduire le nombre de maisons de six auparavant à quatre aujourd'hui nous a permis de développer des espaces verts de chaque côté du cul-de-sac. J'ai toujours pensé qu'il nous fallait plus de verdure ici, mais avant il n'y avait pas assez de place.

Evidemment, on aurait pu avoir encore PLUS de place si Abby et Jack n'avaient pas insisté pour bâtir une aussi grande propriété -- Gary aperçoit Jack et ses pensées s'interrompent.

Zut! soupire Gary. Je croyais que cette petite visite au cul-de-sac allait s'avérer plutôt agréable. Bon, de toute façon, j'ai une réunion des Alcooliques Anonymes et il faut impérativement que j'y aille. Ce sera l'excuse à utiliser afin de couper court à la conversation de mon cher cousin.

Jack est à la fois excité et nerveux à la vue de son cousin sur les lieux. J'aimerais bien que Gary soit un peu plus amical. Ce serait TELLEMENT agréable d'avoir un semblant de famille dans ma vie et Val semble être quelqu'un de vraiment sympathique, malgré tout ce qu'en pense Abby.

En sortant de sa camionette, il s'adresse à Gary : "Hé, comment ça va ?"

En donnant l'impression de ne pas l'avoir remarqué s'approcher, Gary répond d'un air faussement surpris. "Jack? Salut! Je me disais justement que j'allais être en retard : j'ai une réunion."

Jack s'approche de Gary et lui tend sa main. "Ce n'est pas un peu tard pour une réunion d'affaires?"

Gary serre la main de son cousin d'un air forcé et répond "Voilà une remarque intéressante pour quelqu'un qui est marié à Abby."

Le visage de Jack s'enveloppe d'un regard blessé et Gary comprend qu'il est inutile d'être agressif envers son cousin. "Désolé, Jack. Je crois que ma réflexion était hors de propos."

"Oui, Gary, je ne crois pas que ce soit la meilleure manière de saluer un homme... en faisant des commentaires négatifs sur sa femme, peu importe ce que tu as vécu avec elle." Jack sourit. "Mais ce n'est grave. C'est vrai que nos relations n'ont pas démarré du bon pied. Quel genre de réunion as-tu en perspective?"

"Euh..." Des sentiments de honte et de gêne s'emparent de Gary alors qu'il s'apprête à répondre. "En fait, je vais à une réunion des Alcooliques Anonymes."

Jack perçoit l'inconfort de son cousin et essaie de l'encourager. "Et, mec, c'est super. Je suis content de savoir que tu continues tes réunions." Jack repense à son enfance et à son père alcoolique. "J'aurais aimé que mon vieux père ait eu ton courage, Gary. Je suis sûr que ta famille doit apprécier les efforts que tu fais."

Gary, pour la première fois, commence à percevoir Jack d'une autre manière que 'le nouveau mari d'Abby' ou bien 'le cousin qui a aidé Abby à lui voler sa part des Pétroles Ewing'. "Ton père a aussi été très dur envers toi, hein? C'était la tradition familiale. Jock Ewing aussi était un homme mesquin et cruel."

"Oui, tu sais ce qu'on dit à propos des frères. On dirait que Jock et Jason étaient de la même étoffe." Jack est conscient que la tristesse qu'il éprouve envers son père est sur le point d'apparaître sur son visage et il essaie désespérément de rétablir la situation de manière rationnelle. "Je crois que ça nous a rendu meilleurs et plus forts, Gary."

Gary adresse un sourire à son cousin et ensuite le salue très vite. "Bien, content de t'avoir vu, Jack. Il faut vraiment que j'y aille."

Déçu mais bien décidé à ne pas le laisser transparaître, Jack s'adresse à Gary. "OK. Prends soin de toi, Gary... et dis à ta famille que j'aimerais bien les rencontrer... euh... en de meilleurs termes que la première fois où j'ai rencontré tous les membres de la famille à Dallas. Je suppose que ça se fera très vite puisque nous allons habiter de l'autre côté de la rue."

"Je n'y manquerai pas," dit Gary en montant dans sa camionette. Il met le moteur en route et adresse un au revoir de la tête à Jack.

Quelques minutes plus tard, alors qu'il emprunte l'autoroute, Gary repense à la conversation qu'il vient d'avoir avec Jack et se dit : Heeinn! Est-ce qu'il vient de dire que lui et Abby vont emménager à Seaview Circle avec Brian et Kate?!!!

 

Au centre de beauté Lady Tourette :

Le crépuscule s'installe sur Knots Landing mais au Centre de Beauté "Lady Tourette", la journée de travail ne fait que commencer.

"Ça vous fait du bien, Madame Fairgate?" demande une petite masseuse assez musculaire alors qu'elle malaxe les épaules de Lori.

"C'est magnifique," répond Lori alors qu'elle s'étend sur la table de cuir capitonnée. "J'en avais vraiment besoin. Vous ne pouvez pas imaginer le genre de stress que j'endure depuis plusieurs jours."

"Et bien, on fera tout pour que vous oubliez vos soucis."

"Merci," répond Lori en fermant les yeux et en se rémommérant les événements de la journée...

Quelques heures plus tôt dans un salon-café de l'Avenue Melrose, Lori est attablée seule et sirote une tasse de café crème. Abby s'approche d'elle.

"J'ai été absente du bureau toute la matinée et je n'ai pas beaucoup de temps à perdre. Allons donc à l'essentiel," déclare Abby en s'asseyant à la table.

"Entendu." répond Lori de manière hésitante. "Je suis à la recherche d'un cabinet d'avocats à Knots Landing ou à Beverly Hills."

"Je crois que vous devriez me laisser vous recommander à un de mes avocats," dit Abby d'un air impatient. "J'ai toujours très bien négocié mes divorces."

"Non," déclare Lori avec force. Le regard d'Abby oblige Lori a changer très vite de ton. "Enfin, je ne veux pas que Michael sache que je vous ai demandé de l'aide."

"C'est probablement mieux pour moi aussi... du moins pour l'instant" décide Abby. "Donc ?"

"J'ai parlé avec cet avocat de Beverly Hills qui s'imagine certainement que j'ai un coffre-fort bien au chaud. Il n'est pas très bon marché."

"La qualité a son prix, ma chère" déclare Abby en sortant son carnet de chèques. "Combien?"

"Il veut une provision de 50.000 dollars," lance Lori prudemment alors qu'Abby rédige le chèque sans avoir bronché à l'annonce de la somme.

"Et il s'appelle...?" demande Abby sans lever les yeux de son chéquier.

"Bennett Thompson," répond Lori pendant qu'Abby continue à écrire. Elle détache le chèque et le tend à Lori. Elle se lève pour partir. "Tenez-moi au courant, Lori."

"Je n'y manquerai pas" répond Lori, les yeux rivés sur le chèque qu'elle tient dans les mains, tout en haletant d'envie. "Oui!"

Retour au moment présent :

"Oh, c'est tellement fabuleux," soupire Lori alors qu'elle se ressource dans un bain de boue.

"Oui, la boue, c'est très bon pour la peau," l'interpelle une employée suédoise. Lori sourit, ferme à nouveau les yeux et repense à l'étape suivante de ses opérations de l'après-midi...

"Puis-je vous aider ?" demande une femme à l'attention de Lori au moment où cette dernière s'approche d'un bureau intitulé OUVERTURE DE COMPTES.

"J'espère bien", répond Lori, en s'asseyant. "Je m'appelle Lori Fairgate et je travaille au sein des cabinets juridiques de Bennett Thompson. Monsieur Thompson m'a envoyé ici aujourd'hui afin d'ouvrir un compte financier pour sa société."

"Je vois. Ecoutez, Mademoiselle Fairgate, je puis vous donner tous les documents nécessitant la signature de votre patron de manière à ce que vous les lui transmettiez. Mais je ne pourrais pas ouvrir de compte tant que ces documents ne seront pas dûment signés et accompagnés d'une attestation d'identité de votre employeur ainsi que de certains documents administratifs relatifs à la société," explique la femme en adressant un sourire radieux à Lori.

"En fait, c'est Madame Fairgate... et Monsieur Thompson n'a pas le temps de venir en personne." Lori soupire et présente le chèque à son interlocutrice. "Il vient de prendre en charge les affaires juridiques d'Abby Ewing et du Groupe Sumner. Il sera donc très occupé dans un proche immédiat à régler des litiges portant sur des millions de dollars. Mais je suppose qu'une autre banque pourra répondre à mes attentes."

"Attendez. Laissez-moi voir ça avec le directeur," suggère l'employée qui se dirige vers un bureau avoisinant, le chèque de Lori en main. Elle se met à discuter avec un homme plus âgé dont les yeux s'écarquillent tout à coup. Le vieil homme se lève et va vers Lori, flanqué de la responsable du département "Ouverture de comptes".

"Madame Fairgate, je m'appelle Steve Corbin. Normalement, nous n'effectuons pas ce type de transactions. Cependant, nous sommes toujours ravis de satisfaire aux requêtes d'un collaborateur ou d'un associé financier du Groupe Sumner," déclare-t-il d'un air jovial. "Amy va se faire une joie de vous aider à ouvrir ce compte aujourd'hui même et en ce qui concerne les documents, vous les rapporterez ici dès que vous le pourrez."

"Merci," rétorque Lori avec un doux sourire. "Je ne manquerai pas de faire savoir à Madame Ewing et Monsieur Thompson à quel point votre aide fut précieuse, Monsieur Corbin."

Retour au moment présent :

"Cela fait des merveilles sur la peau," déclare un homme séduisant tout en enveloppant les jambes de Lori d'algues marines.

"C'est une sensation magnifique," sourit Lori. Elle s'étend, ferme les yeux et divague à nouveau à cet après-midi et à la troisième étape de son plan.

Deux heures plus tôt dans un immeuble de bureaux bas de gamme situé dans un des quartiers de Knots landing où les loyers sont les plus moins élevés :

"Vous êtes donc Lori Fairgate?" demande un homme assis à un bureau recouvert de toutes sortes dossiers et de papiers.

"Oui. Tom Ryan m'a dit que vous étiez le genre d'avocat qu'il me faut. Prêt à tous les coups bas pour arriver à ses fins."

"C'est bien ça" hoche-t-il de la tête. Il regarde Lori s'asseoir. "Mais je ne suis pas bon marché."

"La qualité a son prix," claque Lori en sortant un chéquier tout neuf. "Combien?"

"Il ma faut une provision pour commencer. Disons 5.000 dollars, ça fera l'affaire. Mon salaire final dépendra de la somme qu'on aura pomper à votre petit mari. Plus je le saigne à blanc, et moins vous aurez à payez."

"C'est honnête," acquiesce Lori qui se met à remplir le chèque tout en réfrénant l'excitation au fond d'elle.

Retour au moment présent :

"Un verre de vin, Madame Fairgate?" demande une jeune femme assise près d'elle pendant qu'une autre lui pratique des soins de pédicure.

"J'en serais enchantée" accepte Lori. Lady Tourette en personne pénètre dans la pièce, l'air conquérant.

"Lori, ma chérie, mon personnel t'a-t-il assez bien choyée ce soir ?" demande-t-elle tout en se servant un verre de vin.

"Tous les soins ont été simplement fabuleux!" rayonne Lori.

"Chérie, je fais tout mon possible pour ne pas oublier un visage, mais je ne me souviens pas de toi. C'est la première fois que tu viens dans mon usine à miracles ?"

"Oui. Mais ce n'est pas la dernière. Je ne vais plus me refuser certains petits plaisirs. Surtout quand les autres en profitent!"

"Voilà le genre de femme que je porte dans mon coeur. A ta santé!" s'exclame Lady Tourette. Elles font tinter les verres et Lori sourit en pensant à son triomphe. La chiffe molle, c'est fini. Maintenant, je me prends en charge et avec l'argent d'Abby Ewing pour me protéger, le monde est à moi! Si j'ai pu berner un requin comme elle, tout m'est permis. Michael va souffrir et sa détresse sera aussi grande que la mienne au cours des dernières années.

 

Quelques heures plus tard :

La nuit est tombée sur l'appartement de Monsieur La B, le proxénète d'un groupe de prostituées qui comprend actuellement Karen Mackenzie et Valene Ewing agissant clandestinement sous les prénoms respectifs de Abby et Verna. Malheureusement, les deux femmes ignorent que leur couverture a sauté : La B a vu dans un journal la photo de Karen et connaît désormais sa véritable identité.

"Où est Trixie ce soir?" demande Val à Nadine.

"Trix? Je ne sais pas. Elle était ici il y a un instant. Elle est peut-être partie faire une passe."

"En parlant de passes, " annonce La B, "Abby, Monica, c'est à votre tour."

"Et moi, mon chéri?" demande Val alors que Karen a déjà manifesté un regard empreint d'inquiétude.

"Je veux te garder ici ce soir, Verna au cas où il y aurait un boulot spécial," répond La B. Il se retourne vers Karen et Monica. "Il faut que vous alliez à Palm Street."

"Palm Street?" demande Karen l'air sceptique.

"T'inquiète pas, Abby. Je te montrerai les ficelles," la rassure Monica. Elle et La B se sourient mutuellement.

"Je pense que je serai plus à l'aise si je travaillais avec Verna," proteste Karen.

"Tu te souviens de ce que je t'ai dit à propos des gens qui essaient de gérer mes affaires, Abby?" dit La B. Son attitude agréable se dissipe soudain.

Val intervient : "Elle n'a aucune arrière-pensée, mon lapin. C'est simplement qu'elle est un peu nerveuse. Je parie que si tu m'envoies avec elle, tout se passera très bien," suggère-t-elle en s'asseyant à ses côtés sur le canapé et en lui touchant gentiment le bras.

"Non. Abby est une grande fille. Elle connaît déjà le quartier, il suffit de la regarder. Elle sera parfaite seule." répond La B.

"Mais..." objecte Karen.

"La discussion est finie. Au revoir, mes chéries," s'exclame La B froidement. Karen prend son sac à main et l'indique à Val. Val acquiesce de la tête afin de montrer son assentiment. Le message entre les deux amies est clair : si jamais Karen a des ennuis, elle utilisera son téléphone portable pour appeler Val à l'aide.

Entre-temps cependant, Val et Karen n'ont pas remarqué que Nadine, postée près du bar où Val avait déposé son sac à main, regarde régulièrement autour d'elle pour voir si quelqu'un l'observe. Elle ouvre discrètement le sac de Val et regarde le permis de conduire sur lequel est inscrit "Valene Ewing". Ensuite, elle attrape le téléphone portable et l'éteint. Elle referme le sac à main et le replace avec précaution sur le bar au moment où Karen et Monica sortent de la pièce.

La B regarde Nadine et lui adresse une regarde complice d'approbation. Monica, elle, fait un signe positif du pouce.

"Alors, Verna tu m'avais promis de me parler du Texas," reprend La B. Val lâche du regard la porte qui vient de se refermer et se met à lui sourire.

"Oh, mon chou, j'en ai des histoires à te raconter!"

 

Le Groupe Sumner :

Abby sourit de bonheur tel un chat de l'Egypte ancienne en regardant les avant-projets que Lydia a conçus sur base des clichés de la séance photographique de la journée. Il est clair que cette vice-présidente des relations publiques très ambitieuse s'est fait un nom en un temps record mais elle comprendra bien vite que dans cette société, il n'y a qu'une seule place de directrice arriviste et cette place est déjà occupée par Abby elle-même.

Une voix s'élève soudain. "Et bien, voyez-vous qui est encore au travail à une heure aussi avancée." Abby sent son corps se crisper après avoir reconnue Paige. "Je croyais qu'à cette heure-ci, vous étiez dehors occupée à sucer le sang de vos victimes ou à dévorer des enfants... Vous savez, ce genre de choses auxquels des tas de créatures s'adonnent la nuit venue."

"Paaaaige," répond Abby d'une voix monocorde, les lèvres imprimées d'un sourire hypocrite. "Qu'est-ce qui vous amène ici? Maintenant que vous êtes tombée bien bas, vous devriez faire attention. Votre nez pourrait se mettre à saigner après avoir pris l'ascenseur aussi haut."

"C'est tellement facile de me dévisager depuis mon bureau. Ce n'est pas la première fois que vous me faites le coup," commente Paige, en prenant le siège installé en face d'Abby.

"Votre bureau?" déclare Abby d'un air amusé. Elle met une main dans sa chevelure et regarde à nouveau Paige. "Je croyais avoir été claire la dernière fois où nous nous sommes affrontées : vous avez obtenu ce bureau uniquement parce que j'ai bien voulu vous le laisser. Et en l'espace de quelques petites années, vous vous êtes débrouillée pour tout perdre... ENCORE UNE FOIS. Evidemment, étant donné que vous aviez tout obtenu parce que vous couchiez avec Greg, je peux facilement comprendre comment vous avez tout perdu, une fois votre petite romance terminée. Et dire que je vous avais donné un six sur l'échelle "Abby". Pffff...

"Ça a dû être agréable de se voir offrir ma compagnie sur un plateau d'argent," raille Paige. "Ça rend votre travail si facile. Et en ce qui concerne mon six sur "votre échelle", disons simplement que, quand j'en aurai fini avec vous, ma note sera aussi élevée que la taille de votre robe. C'est vrai, Abby, avec tout cet argent, vous ne pouvez pas vous offrir les services d'un diététicien? Où bien ce sont vos vêtement démodés qui vous donnent cet air hippie."

"Oh, Paige, Paige, Paige, Paige. Je pensais que depuis le temps, vous étiez assez mure pour savoir ce qu'est un poids idéal. S'empiffrer pour mieux se purger n'est pas le lot de tout le monde, Paige. Bon, je vais vous le laisser. N'êtes-vous pas ici pour voir Greg, histoire de le séduire pour récupérer vos deux tiers de la compagnie ?"

"Je ne suis pas réduite à séduire un homme pour avoir ce que je veux," s'énerve Paige tout en essayant de garder une attitude la plus calme possible face au regard d'acier d'Abby. Mais cette remarque sur la séduction a ébranlé Paige, puisqu'elle a dû combattre sans cesse sa réputation de "petite maîtresse" de Greg Sumner. "Tout le monde n'a pas votre façon de faire. C'est vrai, vos doigts vous suffisent-ils pour compter vos maris ou bien utilisez-vous aussi vos orteils?"

"Je préfère les compter avec mes titres boursiers et mes comptes en banque. Mais ça, vous ne pouvez pas le faire, n'est-ce pas? Depuis que vous n'avez plus papa Greg chéri pour vous entretenir à coups de millions."

"Et bien, disons que tout le monde n'a pas nécessairement envie de cacher ses grosses lacunes avec de l'argent," rétorque Paige. Elle se lève et Abby tape nerveusement avec son stylo en or sur le bureau. "Je ne dis pas que Greg est un ange, mais il doit quand même y avoir une raison au fait que vos époux ne s'éternisent jamais avec vous. Vous n'avez jamais pensé à certains guides psychologiques ? La librairie Barnes & Noble a des tas d'ouvrages qui pourraient vous aider dans ce domaine."

"Je vous laisse ces ouvrages d'aide psychologique, ma chère. Je préfère écrire mon destin moi-même. C'est ce qui m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui," fanfaronne Abby avec un sourire d'autosatisfaction qui pousse Paige au bord de la crise de nerfs. "Voyons ce que m'a réservé le sort... J'ai un époux merveilleux que j'aime et qui m'adore. Je dirige une multinationale que je possède en partie. Je fais partie de ces femmes qui contrôlent pleinement leur vie. C'est bien mieux que d'être une petite consultante en droit d'une trentaine d'années qui a acheté pour la première fois de sa vie un appartement à crédit. Moi, à votre âge, je..."

"Tu es sure de pouvoir aller aussi loin dans tes souvenirs, Blondie?" s'exprime une voix tonitruante. Les deux femmes tournent subitement la tête dans la direction de la voix, les cheveux voguant joliment.

"GREG!!" s'exclament-elles en choeur.

"Bonsoir, Mesdames. Vous avez fini ou bien vous voulez que je commande quelques assiettes à la cafétéria?" demande Greg le visage empreint d'un sourire sardonique. Aucune des deux femmes ne répond. "Bien. Abby, bonne nuit. Retourne à la maison, va retrouver ton petit mari et remercie-le comme tu sais si bien le faire pour le bon boulot qu'il a fait aujourd'hui à la marina. Matheson, dans mon bureau."

"Au revoir, Paige. Nous devrions avoir ce genre de conversation plus souvent. Maintenant, profitez bien de votre... réunion avec Greg. Comme au bon vieux temps, n'est-ce pas ? Quoique, Greg, le pauvre petit, n'est plus que l'ombre de lui-même. Et toi Greg, n'oublie pas de lui donner un joli pourboire pour ses services si elle fait bien les choses, d'accord?"

Paige rage et essaie de trouver une réplique intelligente, mais le sens de la répartie d'Abby la laisse sans voix. Greg lui indique la sortie par le bras et ferme la porte du bureau d'Abby derrière lui.

"Ne la laisse pas te clouer le bec, ma petite. Elle a plus d'années d'expérience que toi dans l'art d'être une garce. Alors, parle. Qu'est-ce qui t'amène ?" demande Greg, l'air pompeux alors qu'il s'installe dans son luxueux fauteuil."

"Ne fais pas semblant d'être de mon côté, Greg," claque Paige libérant ainsi sa frustration et sa colère latente provoquées par sa discussion avec Abby. "On n'est plus associés, ni dans le même camp. Je veux savoir comment cela a pu se produire. Dis-le moi et je te laisserai tranquille."

"Calme-toi, Paige. Tous les jours, je suis accusé d'avoir fait des tas de mauvais coups à une foule de gens. A la fin, je finis par en perdre les pédales. Alors dis-moi, que s'est-il passé exactement ?"

"Ne fais pas l'innocent et cesse ton attitude sarcastique et hypocrite! Je veux savoir comment tu as fais pour me faucher mes deux-tiers de cette société. Ce que tu as fait est dégoûtant et je découvrirai tôt ou tard comment tu t'y es pris. Et je vais récupérer mon bureau si vite que toi et ton pitbull d'Abby n'allez pas comprendre ce qui vous arrive," menace Paige.

"Ecoute, ce n'était vraiment pas difficile. Tu n'as pas les affaires dans le sang, chérie, c'est tout. Premièrement, si tu l'avais, tu ne serais pas en train de me faire de vaines menaces dans le but d'obtenir des renseignements. Je croyais que tu avais appris un peu plus, après avoir été mon numéro deux au Groupe Sumner. Abby est peut-être une vipère mais elle sait comment obtenir des résultats. Je ne te savais pas hystérique, d'ailleurs," fait remarquer Greg au moment où il prend un cigare et le manipule entre ses doigts. "Hé, tu veux jouer à Bill et Monica ?"

"Tu es dégoûtant et je ne suis pas une hystérique! Je veux ce qui m'appartient. Et je l'obtiendrai, d'une manière ou d'une autre. Je croyais que tu serais fatigué de travailler avec cette bimbo de seconde zone et que tu serais prêt à reprendre la meilleure partenaire commerciale que tu ais jamais eue," réplique Paige d'un air farouche.

"Bill Prescott a été mon premier partenaire juridique à la fac," dit Greg, d'un air absent.

"Quoi? Qu'est-ce que Bill Prescott vient faire dans cette histoire?" demande Paige, abasourdie.

"C'était le meilleur partenaire que j'ai jamais eu. Mais tu as l'air bien mieux que lui en minijupe. Bon, si ça ne t'intéresse pas de reparler de notre relation et des bons moments qui l'ont jalonnée, tu ferais mieux de rentrer chez toi et de te reposer. Tu dois être fatiguée à force de faire du classement et de la dactylographie des journées entières. A la prochaine. Et au fait, est-ce que tu travailles en free-lance? On a besoin d'une bonne secrétaire ici. Celle qu'on a ne met pas assez de moka dans le mon café."

"Je ne suis pas une secrétaire. Je travaille pour le moment en tant qu'assistante juridique! Et quand j'aurai le fin mot de l'histoire et que j'aurai compris comment tu t'es emparé de la compagnie à mon insu, je vous enterrerai tous les deux, toi et ta petite blondasse de complice, à tel point que même une pelle aussi grande que les hanches d'Abby ne fera pas l'affaire pour vous déterrer!" fusille Paige.

"Tout le monde a besoin d'avoir de grands rêves, Blondie Numéro 2. Et surtout, ne te casse pas un ongle en pressant sur le bouton de l'ascenseur : tu en as bien trop besoin pour taper ta paperasse demain. Tu peux disposer," commande Greg.

Paige le regarde avant de quitter la pièce. Greg se lève aussitôt et lui attrape le bras. Paige se débat un court instant en se demandant s'il essaie de l'embrasser.

"Tiens. J'ai quelque chose pour toi."

"Qu'est-ce que c'est?" demande Paige, les lèvres figées. Greg lui presse un billet de 100 dollars dans la paume de sa main.

"Abby m'a dit de te donner un petit quelque chose si tu faisais du bon boulot. Et bien, ma jolie, ta petite performance était de loin la meilleure que j'ai vue cette année. Il faut qu'on oublie Gwyneth Paltrow : c'est à toi qu'ils auraient dû décerner un Oscar.

Paige fixe le billet du regard, ses joues rosissent. Elle est furieuse et se sent humiliée mais est consciente qu'elle doit garder la tête haute. Elle sourit et rend calmement le billet à Greg.

"Donne-le à Abby. Et dis-lui de refaire sa teinte de cheveux."

Elle se retourne et s'éloigne vers la sortie dans la dignité. Greg est admiratif. Elle a toujours ce petit quelque chose de spécial, même après tout ce qu'elle a subi. Et la vue de son postérieur est toujours aussi agréable, pense-t-il.

"Mon Dieu, Mon Dieu!" déclare Mort en admiration au moment où il aperçoit Paige attendre impatiemment devant l'ascenseur. "On n'aurait jamais cru vous revoir dans ces bureaux."

"Mortsky, remettez vos yeux en orbite," lance Greg alors que Paige s'apprête à entrer dans l'ascenseur. La porte se referme et Greg se rapproche de Mort. "Je rentre chez moi pour dîner avec ma nièce. Cela veut donc dire que le big boss quitte l'immeuble. Vous pouvez donc décamper et arrêter de faire semblant de travailler tard pour impressionner le patron."

"D'accord, Monsieur Sumner," répond Mort l'air penaud. Il fait un bloc de tous les papiers qu'il tenait dans la main et disparaît dans le corridor.

L'ascenseur s'ouvre sur le parking sous-terrain, Paige en sort et marche vers sa voiture. Elle sent ses yeux se remplir de chaudes larmes de rage. Tiens bon, Paige, se dit-elle. Il va encore y avoir pas mal de charmantes rencontres de ce genre à l'avenir avant que tu puisses récupérer ta compagnie. Il est de temps de te durcir un peu!

 

Plus tard - Le ranch Sumner :

"Oh, tu es tellement séduisant, Brian," s'exclame Kate en appréciant l'arrivée dans le vestibule de son mari vêtu d'un costume-cravate bleu marine.

"Merci, ma chérie," répond Brian un peu embarrassé. Les deux époux s'échangent un tendre baiser. "Hé, si ça te dit de sauter le dîner et d'aller directement dans notre chambre..."

"Tais-toi, petit coquin! Je n'ai pas eu l'occasion de parler avec Oncle Greg depuis si longtemps. J'attends ce dîner avec impatience," dit Kate avec malice.

"D'accord. Mais il ne faut pas que ça devienne une habitude," soupire Brian en essayant de cacher son manque de motivation à l'idée de passer une soirée en compagnie d'"oncle" Greg. Kate et Brian se dirigent vers la salle à manger et sont salués par Greg, en train de siroter un club soda.

Kate sourit. Il respire vraiment la santé depuis qu'il a arrêté la boisson.

"Et bien, si ça n'est pas la plus jolie fille du monde. Comment ça va, Kate?" demande Greg en l'embrassant.

"Je suis aux anges, Oncle Greg. Je serais encore plus heureuse si je te voyais plus souvent," répond Kate en le serrant très fort. "Quand Carlos m'a dit que tu n'étais pas encore arrivé il y a dix minutes, j'ai bien cru que tu allais nous poser un lapin."

"J'ai eu un dernier rendez-vous. Mais ça ne s'est pas déroulé comme je l'avais prévu," dit Greg de manière distante. Kate le regarde d'un air curieux et Greg change rapidement de sujet en se retournant vers Brian. "Cet homme a de la chance et sait jouer aux courses de chevaux, hein, mon grand Brian? Evidemment, c'est plus facile de rentrer à la maison quand on a la plus belle femme de la Terre qui vous attend."

"Salut, Greg," dit Brian d'une voix monotone, ignorant la tentative de Greg de faire de l'humour. Il tend sa main vers Greg d'une manière formelle, ne cachant pas son déplaisir d'assister à ce dîner.

"Et bien, asseyons-nous, les enfants. On a du temps à rattraper," suggère Greg en s'installant à table. "C'est même difficile de croire qu'on habite sous le même toit depuis de nombreux mois, n'est-ce pas ?"

"C'est vrai que c'est très long," marmonne Brian. Kate le fusille du regard. Ce dîner est très important pour elle et son esprit est déjà tout ébranlé. Elle a tant de questions à poser à Greg et elle espère une réponse franche à chacune d'entre elles. Brian est assis près de sa femme et regarde sa montre. Avec un peu de chance, ce dîner sera fini juste à temps pour voir la dernière demi-heure du match.

"Alors, Oncle Greg, dis-moi comment ça va! Je suis tellement occupée avec Mollie et Brandon qu'à chaque fois que tu rentres du travail, je suis déjà au lit!" dit Kate avec son habituel doux sourire.

Brian fait des efforts pour ne pas contredire l'admiration qu'éprouve Kate envers Greg. Il a horreur que Kate ne voit que le bon côté de son oncle. Il reste donc calme et renfrogné et s'exprime le moins possible, ayant toujours à l'esprit qu'il doit réprimer ses émotions pour le bien-être de Kate.

"Et bien, je n'ai pas à me plaindre, Kate. Les affaires marchent. Mon neveu par alliance préféré travaille pour moi, ma nièce préférée habite à proximité. Ça ne pourrait pas aller mieux!"

Brian ronchonne dans son for intérieur. Il sait qu'il devrait sourire à la remarque de Greg concernant son emploi au Groupe Sumner mais il ne parvient pas à s'extérioriser. Il a des réactions viscérales chaque fois que Greg fait référence au fait que lui et Kate habitent au ranch. Il n'attend qu'une chose : déménager le plus vite possible. Notre maison est presque prête, notre maison est presque finie, se répète-t-il inlassablement dans la tête.

"Dites-moi, les enfants, comment va votre vie?" demande Greg.

"C'est magnifique!" rayonne Kate. "J'ai réussi à sortir un peu plus depuis que Meg est devenue ma baby-sitter. Elle est formidable avec Mollie. Mollie l'adore. Parfois elle me supplie de sortir simplement pour que Meg vienne la garder."

Kate note prudemment la réaction de Greg après avoir mentionné Meg. Plus que jamais, elle veut connaître les vrais sentiments qu'éprouve Greg envers Meg, maintenant que sa situation personnelle avec Mollie, Brian et Gary s'avère tellement semblable à celle de Greg et Meg.

"Comment va cette beauté rousse?" demande Greg avec un sourire qui masque une pointe de tristesse dans la voix.

"C'est une des plus douces adolescentes que j'ai jamais rencontrées. J'espère que Mollie sera exactement comme elle. Tu as l'occasion de voir Meg de temps en temps?" s'enquiert Kate. Brian se rend compte que Kate pense certainement au problème de la garde de Mollie et son malaise s'accentue.

"Non. Elle a sa propre vie. Tu sais comment sont les adolescents. Elle veut rester avec ses amis. Je ne peux pas l'obliger à perdre son temps avec un vieux bonhomme comme moi. Hé, Brian, tu crois qu'on peut convaincre cette dame de finir le dîner dans le salon pour voir le match?" demande Greg, tel un conspirateur. Sa tentative de changer de sujet de conversation ne passe pas inaperçue aux yeux de Kate.

"Oh, ça serait génial," accepte Brian de manière enthousiaste tout en pensant Si on regarde le match, je serai pas obligé de suivre toute cette conversation.

"Oh là! Vous n'allez pas vous en tirer comme ça," déclare Kate après avoir noté un certain malaise chez Greg. Il a l'air différent ce soir, pense-t-elle. Je crois que je vais avoir droit à ses vrais sentiments pour une fois! "Voilà ce qu'on va faire Brian. Oncle Greg et moi n'avons pas eu l'occasion de discuter depuis bien longtemps. Pourquoi tu n'irais pas voir le match pendant qu'on continue notre conversation?"

"Tu es sure? Je veux dire, si je vais voir le match, je ne risque pas de retrouver une valise pleine de mes vêtements qui m'attendra dehors ce soir?" demande Brian en regardant Kate dans les yeux. Allez, s'il te plaît, s'il te plaît!

"Pas de problème. Tu as bien mérité d'être un peu seul," sourit-elle alors qu'il se lève et l'embrasse rapidement. Kate répond avec un sourire. "Je t'apporterai ton dessert plus tard."

"Bon Dieu que je t'aime!" s'exclame Brian en sautant littéralement de la pièce. "A plus tard, Greg!"

"Mais pourquoi aucune de mes épouses n'a été comme toi?" demande Greg en secouant la tête au moment où Brian quitte le dîner.

"Je suis unique en mon genre, tu as oublié?" répond Kate. "Alors, si on en revenait à Meg. J'ai l'impression que tu aimerais la voir. C'est quand même ta fille. C'est pas trop dur de la savoir dans la même ville et qu'elle appelle quelqu'un d'autre 'Papa'?" L'esprit de Kate s'attarde sur le visage meurtri de Gary chaque fois qu'il voit Mollie dans les bras de Brian.

"Je ne peux plus rien y faire, donc pas la peine de se torturer l'esprit à ce sujet," rétorque Greg d'une voix adoucie. "Tu sais, elle a vraiment grandi. La dernière fois que je l'ai vue, elle parlait pratiquement comme une adulte. Elle a les mêmes intonations que sa mère quand elle parle."

"Ça doit être douloureux," dit Kate aimablement alors qu'elle remarque le regard vitreux de Greg transparaître dans ses yeux quand il pense à Laura.

"Ce qui est douloureux, c'est cette satanée nourriture diététique que je dois avaler!" grommelle Greg au moment où le dîner est servi par Carlos et son personnel.

"Ça a l'air délicieux, Oncle Greg!" s'exclame Kate, fusillant du regard les domestiques pour avoir interrompu l'instant d'honnêteté auquel Greg s'était laissé aller et qui apparaît si rarement chez lui.

"Ouais, ouais. Il paraît que c'est bon pour la santé toute cette nourriture qu'on me fait manger en ce moment. Annie adore ça, elle dit que c'est parfait pour son visage de jeune fille. Il va sans dire que les seuls visages de jeune fille qu'elle a vus au cours des dix dernières années étaient ceux de femmes deux fois plus jeunes qu'elle."

"Comment va Anne?" demande Kate sèchement pendant que Carlos dirige le service.

"Je ne l'ai pas vue beaucoup. Elle s'est faite rare ces derniers temps. Elle vient de revenir après une escapade de quelques jours. Peut-être que ce Nick Schillaci est revenu en ville. Il y a quelque chose qui l'occupe en tout cas!" Greg se met à rire et pensant un instant, c'est pas comme la reine de pique qui quitte son château pendant un bon bout de temps et ne revient que lorsqu'elle à quelque chose en tête.

"Anne doit être très différente de Laura," dit Kate avec prudence. "J'aurais bien aimé la connaître."

Greg projette son regard dans l'obscurité de la nuit et se perd dans ses pensées. Kate a toujours ce don de lui faire ressentir des choses qu'il essaye de repousser très loin au fond de son esprit depuis des années. Il reste assis en silence pendant plusieurs minutes, les yeux rivés sur le calme serein de la nuit et respire profondément.

"C'était une femme merveilleuse, Kate. Un peu comme ta mère par ses qualités de force et d'intelligence mais sans ses tendances misanthropes," explique Greg avec un sourire satisfait. "Tu sais, je n'ai pas fait tellement de choses positives dans ma vie, mais à un moment donné j'ai dû faire une bonne action parce que quelqu'un là-haut m'a envoyé Laura. Même si après nous n'avons pas eu le temps qu'on aurait mérité. Et puis, le cadeau suivant, ce fut toi, Kate!"

"Oncle Greg! Arrête d'être aussi cynique. Tu as un tas d'autres personnes magnifiques autour de toi. Il y a Brian, Anne, Mollie, Brandon, Meg...," énumère-t-elle avant de s'arrêter pour voir sa réaction.

Greg regarde à nouveau le vide obscur de la nuit comparable à celui qui remplit son coeur depuis qu'il a perdu sa femme et abandonné Meg. Un vide qu'il n'a jamais pu combler.

"J'imaginais savoir ce qui était bon pour mes enfants. J'ai voulu ce qu'il y avait de mieux pour eux. Et un beau jour, je regarde le passé et je me demande si le vide que j'éprouve au fond du coeur a vraiment servi à quelque chose. Est-ce que mes mensonges ont vraiment fait la différence? Auraient-ils été mieux élevés si j'avais prôné l'honnêteté dès le début? J'aurais pu mieux connaître ma fille. J'aurais pu allé à toutes ces soirées scolaires destinées aux parents. Toutes ces séances de gymnastique, les leçons de natation. Mais j'avais trop peur. Peur de mal faire. Peur de ne pas être à la hauteur. La vérité c'est que je n'étais probablement pas, à la hauteur. Mais au moins j'aurais eu une chance."

Au fur et à mesure que Greg se confie, les yeux de Kate se brument petit à petit.

"Tu as fait ce que tu as cru être juste. Tu as agi sans aucun égoïsme, en ayant à coeur uniquement les intérêts de Meg. Tu devrais en être fier." réplique Kate. Ses pensées s'emballent. Oui, Oncle Greg a agi sans égoïsme. La vie de Meg est bien meilleure en compagnie de Mack et Karen qu'elle ne l'aurait jamais été avec Greg. Mais peut-on en dire autant de Mollie? Gary est un bon père. Il a élevé deux magnifiques jumeaux et désire mieux connaître ses deux autres filles. Je pense d'abord à mes intérêts avant ceux de ma fille, voilà la vérité. Quelle genre de mère suis-je donc? Une mère qui ment à sa fille pour éviter des conflits?

"Mon royaume pour tes pensées, petite ? Tu m'incites à parler et ensuite tu restes assise à divaguer dans ton monde à toi? Il y a quelque chose qui ne va pas...," demande Greg.

"Je pensais seulement à l'importance de la famille, Oncle Greg. Je t'aime." ajoute Kate serrant très fort son oncle dans ses bras.

"D'accord, Katie, assez de sentimentalisme. Tu vas finir par me saper le moral! Prenons ce dessert!"

 

Tard dans la soirée à Knots Landing :

Un léger coup à la porte de la chambre d'hôtel de Nick se fait entendre. Le côté droit de son front recouvert d'un bandage saignant, Nick essaie de trouver la force nécessaire afin de se lever et d'aller ouvrir la porte.

Anne attend nerveusement à l'extérieur. Les derniers événements ainsi que la ruse déployée afin de ne pas éveiller les soupçons de Greg l'ont énormément fatiguée. Seigneur, j'espère que Greg a gobé cette histoire de Vicomtesse. Je crois que... Oh, Anne, calme-toi et arrête de t'inquiéter. Ça ne va pas arranger les choses.

"Entre, Anna," déclare Nick, la voix lasse. Il passe la tête au travers de la porte et observe les environs afin de s'assurer que Anne n'a pas été suivie.

"Nick, comment ça va? Et la tête? Tu as encore des vertiges?" questionne Anne d'un air compatissant. Anne est dans un état inhabituel. C'est très mauvais signe lorsqu'elle ne s'adonne plus aux sarcasmes et à la condescendance hautaine.

"Je vais..." Nick met la main au front, "Je vais bien, juste un peu la tête qui tourne. Je n'arrive plus à me souvenir ce qui s'est passé. Les derniers moments dont je me rappelle sont ce vase que tu as fait tomber. Ensuite, on s'est engouffré derrière la bibliothèque et il faisait très sombre. Je ne sais plus si cette pièce baignait dans l'obscurité ou bien si c'est moi qui ai perdu connaissance, ou alors... Bon sang, ce que ma tête me fait mal!"

"Ecoute, laisse-moi t'expliquer alors," commence Anne. "On a découvert un petite pièce secrète derrière la bibliothèque, dans le bureau de Jacobs, au moment où Mack allait entrer. Je t'ai chuchoté quelques phrases mais tu n'as pas répondu. Alors, j'ai écouté ce que Mack et son acolyte racontaient et j'ai attendu dans l'obscurité jusqu'à ce qu'ils s'en aillent. Ah, je savais bien qu'il ne fallait pas traîner dans la maison."

"Ah bon? Et qui s'est cassé la tête à te le dire?" demande Nick, d'un air suffisant.

"Tais-toi, Nick," s'exclame Anne avec un sourire forcé, pour le moins heureuse que Nick ait retrouvé son sens de l'humour." Donc, après le départ de Mack, j'ai tourné dans la pièce, j'ai trouvé l'interrupteur et j'ai allumé la lumière. C'est alors que je t'ai vu, gisant sur le sol. Lorsque, paniqués, on s'est jeté dans cette petite pièce, toi tu t'es cogné le front sur une série d'étagères à dossiers qui occupaient cette antichambre, antichambre qui devait servir à la fois de réserve et de pièce secrète. C'était comique, parce c'est que j'ai tout de suite eu l'impression que cette pièce avait été rangée dans la précipitation, en vitesse. Il n'y avait que quelques bouts de papier chiffonnés au sol et les étagères étaient désespérément vides. Bizarrement, la seule chose qui restait dans toute la pièce était un sachet plein de paperasse déchirée abandonné dans une corbeille à papier."

"Où veux-tu en venir? Tu as pris le sachet?!" demande Nick avec frénésie.

"Non, je l'ai laissé sur place parce que tu sais à quel point il est malvenu et impoli de chipoter dans les affaires personnelles des autres! Enfin, évidemment que je l'ai pris, Dick Tracy! Je n'avais pas l'intention de me casser la tête à entrer en effraction dans une maison pour en ressortir les mains vides et avec les bas effilochés en plus!" rouspète Anne. Nick pousse un soupir de soulagement lorsque Anne lui montre un sachet rempli de papiers déchirés qu'elle étale devant lui.

"Après," enchaîne Anne, "J'ai su qu'il fallait déguerpir, alors j'ai ouvert la porte tout doucement pour voir si la voie était libre. Elle l'était, j'en étais sure, donc j'ai..."

"Attends une minute, je n'ai que des flashs de mémoire de temps en temps, mais je me souviens bien être ressorti du bureau de Jacobs, vraiment à l'extérieur. Je me souviens aussi de cette odeur horrible. On aurait dit..."

"Du vernis à ongles parfumé 'Orgasme des orchidées' de Cleopatra Chang?" l'interrompt Anne.

"Heu, oui, peut-être," répond Nick, le visage effrayé et déconcerté.

"Je suis vraiment désolé mais je ne respirais plus la fraîcheur. Tu devrais me remercier!" s'exclame Anne.

"Je..., Je ne faisais que plaisanter. Ensuite, on est sorti de cette maison. Maintenant, je m'en souviens. Tu es monté dans ta voiture et moi dans un taxi."

"Et bien," reprend Anne, "disons plutôt que je t'ai appelé un taxi et que j'ai donné 500 dollars au chauffeur pour qu'il te ramène à Knots Landing dans ce motel."

"Peu importe," déclare Nick. Après s'être échangé encore quelques propos pendant un bref instant, Nick jette un regard sur sa montre, préoccupé par le désir que Anne quitte sa chambre d'hôtel afin d'être seul avec les "précieux papiers". "Dis, tu ferais mieux de rentrer chez toi avant que Greg ne soit encore plus soupçonneux."

"Oui, je crois que vais y aller!" lance Anne d'un ton moqueur en s'emparant du sachet avec les déchets de papier.

"Peut-être qu'il vaudrait mieux que tu laisses ça ici," propose Nick.

"Oh, non, Schillaci! Je te connais mieux que tu ne le crois!" aboie Anne.

"Oh, on se calme, Anna! C'est bon, d'accord, reprends tes confettis! Mais ne viens pas me demander de l'aide lorsque Greg aura tout découvert et que tu seras sans un sou avec un mari PLEIN de questions." Nick fait de l'esprit. Anne meurt d'envie de s'emparer du sachet et de ficher le camp mais elle sait que Greg a des soupçons et il a peut-être déjà compris qu'elle est sur un coup. Il serait préférable et plus sûr de laisser ces papiers chez Nick.

"Ecoute-moi, dès que tu as découvert la signification de ces morceaux de paperasse, tu m'appelles tout de suite. A la minute même, tu m'as compris?!" ordonne Anne. Elle sort de la chambre d'hôtel comme une tornade et Nick se retrouve seul avec les seuls indices qui vont le mener, espère-t-il, à la solution de l'énigme et par conséquent, c'est là le plus important, au coffre tant convoité.

Nick commence à étudier les différents bouts de papier et travaille à allure régulière jusqu'aux petites heures de la matinée. Fort heureusement, Nick estime que les morceaux de papier ne pourront pas constituer plus de cinq à six feuilles. Aidé par une once de chance, il parvient finalement à reconstituer les documents. Tout à coup, son coeur se met à battre la chamade et ses mains commencent à transpirer. Au moment d'assembler les derniers fragments de la première page complète, il est secoué par un choc à la vue de ce qu'il lit.

"Oh, Mon Dieu!" s'exclame-t-il dans un murmure. Sans hésiter, Nick attrape le téléphone et compose un numéro. Une personne répond à l'autre bout du fil d'une voix enrouée. "Allo?" Nick commence à parler. "C'est moi."

"Pourquoi diable est-ce que vous m'appelez à 3H30 du matin?" demande la personne, quelque peu irritée.

"Vous m'aviez d'appeler si jamais j'avais quelque chose. Et bien, croyez-moi, j'ai quelque chose... et quelque chose de gros. Il faut qu'on se voit, AUSSITOT QUE POSSIBLE," dit Nick froidement.

"Est-ce que c'est..." interroge l'interlocuteur anxieusement.

"Non, mais il FAUT que je vous vois à propos de ce que je viens de découvrir. C'est IMPORTANT!"

"J'espère que ça en vaut la peine, Nick," répond la personne sur un ton méprisant. "Et souvenez-vous, je ne vous paie pas pour jouer à la chasse au trésor ni pour trouver 'quelque chose de gros'. Je vous paie pour que vous me rameniez ce coffre!"

 

Palm Street :

Palm Street est une rue aux blocs moroses, jalonnée d'établissements de prêt sur gage, de débits de boissons, de bars à strip-teaseuses et de librairies pornographiques. Karen fait de son mieux pour paraître intéressée alors qu'elle regarde Monica faire le trottoir, déambulant le long de la rue jusqu'au coin de celle-ci.

"Allez, Abby il faut que tu sois un peu plus motivée," l'informe Monica en balançant son derrière et ses hanches de manière très suggestive. "Si tu ne mets pas un peu en valeur tes attributs, personne ne va s'approcher de toi."

"Vraiment," répond Karen alors qu'elle se demande 'Mais qu'est-ce que je fais ici? Toute cette histoire est allée beaucoup trop loin. Et si Mack passait par ici? Il vaut MIEUX qu'il ne s'aventure pas dans CETTE rue!

"Tu sais, La B va être extrêment fâché si tu ne lui rapportes pas de fric ce soir."

"Je ne voudrais pas que ça arrive," répond Karen de manière sarcastique.

"Non, chérie. Vaut mieux pas," ajoute Monica. Karen remarque une note de frayeur dans sa voix. "Je pourrais te montrer les cicatrices qui datent des soirées où je n'ai pas agi comme il le désirait."

"Tu es sérieuse?" demande Karen, choquée.

"Jamais été aussi sérieuse," répond Monica le regard attiré par une voiture qui vient de tourner à l'angle de la rue. "Et bien, voilà ton gros coup de chance, ma fille."

"Oh, non, peut-être que tu devrais y aller," suggère Karen nerveusement.

"Oui, je pourrais. Mais ensuite je devrais avouer à La B que tu veux pas travailler."

"D'accord, d'accord," concède Karen, elle se dirige vers le côté passager de la voiture et s'abaisse afin de regarder à travers la fenêtre. Un jeune homme séduisant, au milieu de la vingtaine, lui sourit. "Salut."

"Salut, toi," répond-il. "Alors, on a envie de se payer du bon temps?"

"Bien sûr. Pourquoi pas?" répond Karen de manière hésitante, sachant pertinemment que Monica observe ses moindres gestes.

"Donc, si je te paie, tu baiseras avec moi?" interroge l'individu.

"C'est comme ça que ça marche, d'habitude," répond Karen en pensant 'Comment est-ce que je peux me sortir de ce pétrin? Comment éviter de monter dans cette voiture sans éveiller les soupçons de Monica?

"Et bien, alors, Miss, j'ai des mauvaises nouvelles pour toi," ajoute l'homme en sortant une plaque de police de la poche de sa veste, accompagnée de son identité. "Vous êtes en état d'arrestation pour prostitution."

"Non, non, non!" s'écrie Karen, prise de panique. "Oh, non, il s'agit d'une grossière erreur!"

"Bien sûr, je n'en doute pas. C'est ce qu'on me dit à chaque fois," répond l'officier de police. "Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu..."

Pendant que l'officier de police continue à lui lire ses droits, Karen regarde Monica qui observe toute la scène avec un air de satisfaction sur le visage.

Elle m'a tendu un piège! Les pensées de Karen s'affolent. L'officier sort de son véhicule et lui passe les menottes. Et Val est toujours à l'appartement de La B! S'il a découvert que nous ne sommes pas des prostituées, elle est sûrement en danger. Et moi qui suis ici... Karen est bouleversée alors que l'image... Disparaît... Fin de l' Episode 11.

 

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