It's Not Nice to Fool with Auntie Abby
Cet épisode est dirigé par Jack A. Edgar et Kevin Neeson
Traduction par William Vilmer et mise en page par Yannick Cordonnier Hernois.



Précédemment dans Côte Ouest :

KAREN : "On a appris à connaître les autres filles et nous nous sommes mis sous la coupe d'un maquereau. Depuis le début, je savais qu'on prenait trop de risques mais Val était persuadée que ça valait la peine de sauver cette fille qui d'ailleurs ne manifestait pas un intérêt particulier à s'extirper de cette situation."

PAIGE : "Il a dit que les assistants juridiques et les avocats novices n'ont pas besoin d'un bureau à eux. Nous allons donc devoir nous habituer à partager. Et moi, j'étais plantée là, assise et sans voix. Je n'ai même pas pensé à lui répondre quelque chose. J'ai pris mes affaires et j'ai déménagé mon bureau ici."

MICHAEL : "Ouais. Je vais au bureau de Mack et je lui explique pourquoi il faut que je voie Janice? Ouais... c'est très pratique!"

VALENE : "Je sais que tu peux prendre soin de toi. Je croyais que tu m'aurais appelée si jamais tu étais en danger. Et comme tu ne m'as pas appelée j'ai cru que tout allait bien."

NICK: "Ecoute, Ana, je suis vraiment désolé mais notre collaboration s'achève ici. J'ai cru honnêtement qu'on aurait pu arriver à nos fins. Hé, qui sait, peut-être qu'on fera encore équipe tous les deux sur une autre affaire un des ces quatre. Je... Je déteste partir de cette manière mais j'ai des affaires qui m'attendent en Europe et il faut que je parte dans quelques heures.”

TRIXIE / SARAH : "J'ai juste une question supplémentaire. Si toutes les deux vous vouliez m'aider aussi sincèrement, pourquoi diable vous embarquer dans cette histoire de fous? Il suffisait de m'en parler, vous savez!”

ANNE : "Quelle personne d'ascendance royale irait se présenter dans un hôtel sous son vrai nom? Elle a certainement usé de ce subterfuge. Je crois que Constance était inscrite sous un nom d'emprunt. C'est la seule manière intelligente d'agir."

GREG : "Ouais. Ecoute, quand tu lui parleras, tu voudras bien lui transmettre un message de ma part? Dis-lui que je suis désolé pour l'autre jour,"

KATE : “Ecoute, Oncle Greg, je ne sais pas quoi dire. Je ne crois pas que tu puisses lui envoyer tes excuses par l'intermédiaire de quelqu'un. Je pense que tu dois lui parler de vive voix."

ABBY : "Quel cabinet d'avocats parmi ceux que nous utilisons dispose du meilleur juriste en matière de divorce, Tim?"

???? : "Alors, comme ça, vous avez mis le doigt sur le circuit de conférences de ce cher Docteur Jacobs. Et bien, Nick on dirait que vous allez devoir jouer aux 'empêcheurs de voyager en rond'. Si cet itinéraire est exact, il sera à Buenos Aires en Argentine pour un séjour d'une semaine à dater de demain."

Le Docteur Jacobs travaille toujours sur un dispositif mécanique qui n'a l'air en rien d'un équipement médical. Non, c'est clairement une BOMBE qu'il est en train de manipuler!

 

Générique d'Ouverture (version minimum)

 

C'est celui à ne pas rater!  C'est une version complète du générique d'ouverture de la saison 1 de Côte Ouest, le retour qui rend celui du dessus bien pâle en comparaison.  Cela nécessite que vous ayez Real Player (disponible gratuitement par téléchargement), et est spécialement conçu pour fonctionner directement sur votre ordinateur, plutôt que de devoir vous connecter à notre serveur.

Pour cela téléchargez simplement les trois fichiers ci-dessous (attention : il se peut que vous ayez déjà téléchargé l'un ou plusieurs d'entre eux sur notre librairie multimédia) sur le même répertoire que votre ordinateur... attention, "cliquez à droite" pour sauvegarder les fichiers.

La vidéo du générique d'ouverture de la saison 1 de Côte Ouest, le retour.

Le thème musical de la saison 1 de Côte Ouest, le retour.

Le fichier qui permet un fonctionnement simultané des deux premiers.

Une fois que les trois fichiers sont dans le même répertoire sur votre ordinateur, tout ce que vous devez faire c'est de lancer votre Real Player ainsi que le fichier intitulé "s1merged.smi".

Je pense que vous serez conquis par le résultat, et que vous ne pourrez plus lire un épisode de Côte Ouest, le retour sans le lancer au préalable!

 

Le cabinet de Mack et Janice :

Actuellement, leurs seuls clients sont Gary Ewing qui les a engagés afin de mettre la main sur le mystérieux coffre de Claudia Whitaker et Michael Fairgate qui, à l'insu de Mack, a secrètement loué les services de Janice afin qu'elle s'occupe de son divorce.

"Alors, sommes-nous prêts à satisfaire Gary dans sa requête?" demande Mack au moment où il entre dans le bureau de Janice et s'affale sur une chaise située en face de la table.

"Il ne nous faudra pas plus de trente secondes," soupire Janice. "Nous n'avons rien du tout."

"Oui. Je n'aime pas les miettes, dit Mack d'un air frustré. "Il doit bien y avoir quelque chose qu'on a raté. Une pièce du puzzle qui mettrait tout le tableau en perspective."

"Par ici Gary," lance Peggy, suprême et loyale secrétaire, tout en guidant Gary Ewing à l'intérieur des bureaux. "Vous désirez un café?"

"Oui, merci," accepte Gary.

"J'aimerais une tasse," s'exclame Mack à l'intention de Peggy au moment où elle quitte la pièce.

"Alors. Annoncez-moi de bonnes nouvelles," déclare Gary d'un air optimiste. Mack et Janice le regardent sans répondre. Ils se regardent mutuellement en silence et font ensuite de nouveau face à Gary. "OoooK. Voilà pour les bonnes nouvelles."

"San Francisco était une voie sans issue," s'explique finalement Mack. "Bien qu'on ait découvert que Madame Jacobs repose aux côtés de son mari maintenant."

"C'est une drôle de coïncidence," commente Gary.

D'accord avec toi." Janice hoche de la tête. "Le coroner nous a promis d'effectuer quelques tests. Hé au fait, tu l'as rappelé?"

"Oui, mais ce toubib ne veut pas donner suite à mes coups de téléphone," répond Mack. "Je vais le rappeler plus tard. Donc, ensuite nous avons pénétré dans la maison de Jacobs. Pas la moindre trace du coffre ou d'un quelconque indice qui aurait pu nous aider à le retrouver."

Bon sang," dit Gary d'un air frustré. Peggy rentre et lui tend une tasse de café. Il baisse la tête en signe de satisfaction et remercie Peggy. Mack la regarde et lève les yeux au ciel lorsqu'il voit qu'elle n'a apporté aucune tasse pour lui. Peggy s'en repart sans prêter attention à son patron.

"Bon sang est l'expression qui convient," acquiesce Janice en cachant son sourire amusé après que Peggy ait une nouvelle fois ignoré la requête de Mack pour un café. "Je n'aime pas perdre."

"Et ce n'est pas tout," continue Mack. "Il y avait un message de Paige sur le répondeur de Jacobs."

"Paige? Qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans?" demande Gary en se fronçant les sourcils. Son cerveau passe en revue toutes les personnes déjà concernées par ce coffre mystérieux.

"Quelqu'un lui a envoyé une clé. Elle ne sait pas qui a bien pu lui envoyer. Mais maintenant cette clé a été volée. Elle pense que c'est Anne qui l'a dérobée," continue Mack.

"On lui a envoyée ou bien volée?" demande Gary.

"Volée," répond Mack.

"Je suis sûre que c'est Anne," lance une voix. Ils se retournent et aperçoivent Paige sur le pas de la porte. "Et je vais devoir affronter un déjeuner avec elle, ce qui est cinq fois plus dur qu'un chemin de croix."

"Je t'avais dit de rester en dehors de tout ça," admoneste Mack.

"Désolée, Mack mais ça me concerne," répond Paige sur un air de défiance. "C'est la seule chose que je puisse en ce moment gérer. Quelqu'un m'a envoyé cette clé pour une raison précise et je compte bien m'acharner à découvrir quelle est cette raison."

"Donc, voyons ce que nous avons jusqu'à présent," s'exclame Gary. "Abby a fait sauter la maison de Claudia, ce qui me fait penser qu'elle recherche ce coffre. Je vous ai alors engagé pour que vous le retrouviez. Pendant ce temps, Paige a reçu une clé qui pourrait ouvrir ce coffre, mais qui aurait été volée par Anne. Il y a donc moi, vous trois, Abby et Anne qui recherchent ce coffre? J'ai oublié quelqu'un? Peut-être que Karen et Val passent tout leur temps en ce moment, non pas à faire des recherches mais à essayer de mettre la main sur ce foutu coffre."

"Il y a aussi Kate et Tom Ryan qui essayent de m'aider," ajoute Paige.

"Magnifique!" Gary se met à rire en levant les mains au ciel. "On se croirait dans le film 'Un monde fou, fou, fou!'"

"Dites, comme je l'ai déjà dit, je n'aime pas perdre," reprend Janice calmement. "On a peut-être rencontré une voie sans issue mais on peut faire marche arrière et passer par un autre chemin. J'ai bien l'intention de trouver ce coffre."

"Si nous unissions nos forces, nous pourrions y arriver plus vite," suggère Paige.

"Je ne veux pas travailler avec Ryan. En aucune façon," lance Mack.

"Ecoutez-moi tous," interrompt Janice tout en regardant l'heure. Elle regarde Paige avec insistance. "J'ai un client qui doit bientôt arriver. Pouvez-vous aller ailleurs?"

"D'accord, d'accord," accepte Paige. Elle se souvient tout à coup qu'elle est en fait dans ce bureau parce qu'elle a la mission de faire sortir Mack de son cabinet afin que Michael puisse rencontrer Janice en privé. "Mack, Gary, laissez-moi vous offrir un petit déjeuner."

"Il faut que j'y aille," répond Gary. "Aujourd'hui, c'est le dernier jour des équipes de finition au cul-de-sac. Il faut que je sois là pour m'assurer qu'Abby ne les renvoie pas avant qu'il n'aient fini leur boulot."

"Mack?"

"Oui, oui, je viens," accepte Mack. Il lève la voix de sorte que Peggy l'entende. "Peut-être que l'on me servira une tasse de café pour changer!" Et je pourrais convaincre ma fille de prendre ses distances avec cet escroc de Ryan, pense-t-il.

"Et bien, allons-y alors," commande Paige en emmenant au dehors Mack et Gary. A l'insu des hommes, elle lève son pouce en direction de Janice.

Sur son bureau, Peggy commence à s'occuper des factures mensuelles. Quelques minutes plus tard, elle lève la tête au moment où la porte s'ouvre.

"Bonjour, Peggy!" lance Michael de manière chaleureuse. Il s'approche du bureau.

Peggy lui sourit. "Ils prennent un petit déjeuner au coin de la rue," dit-elle.

"Qui?"

"Mack et Paige. Tu viens de les rater."

"Oh. En fait, je suis venu voir Janice."

"Est-ce qu'elle s'est encore garée sur ta place de parking, près de ton immeuble?" Peggy appuie sur l'interphone. "Michael Fairgate est ici pour vous," annonce-t-elle au moment où Janice décroche.

Au moment où Janice apparaît pour saluer Michael, Peggy se lève rapidement et prend son sac. "Je vais chez Staples pour acheter ces crayons dont vous avez besoin, Janice."

"Et n'oubliez pas le taille-crayon. Michael, vous avez déjà vu mon bureau? Entrez donc!" Janice lui indique la porte et Michael entre pendant que Peggy quitte le cabinet.

Janice referme la porte et prend une chaise derrière son bureau qui est recouvert de paquets de dossiers bien ordonnés. Michael prend place dans le siège que Janice vient de lui offrir.

Janice le regarde un court instant. Michael se racle la gorge. Pourquoi est-ce si difficile? pense-t-il.

"Où logez-vous?" demande Janice gentiment. Michael hésite.

"Chez Paige." Michael répond automatiquement.

"Est-ce que la procédure de divorce a été entamée?"

Michael la regarde, surpris. Il acquiesce de la tête et lui tend la convocation pour l'audience concernant la garde du bébé. Elle la passe en revue.

"C'est demain," dit-elle, de manière évidente. Elle consulte son agenda. "Vous avez de la chance," dit-elle. "J'avais un rendez-vous chez le coiffeur dans la matinée. Ça peut attendre le week-end."

Michael lui adresse un regard empreint de gratitude et se met à rougir profondément. Elle lui sourit. Il regarde le sol et se racle à nouveau la gorge.

"A qui avez-vous révélé votre homosexualité?" demande Janice d'une voix douce, en brisant encore une fois un instant de silence oppressant.

Michael la regarde, les yeux béants. "Question d'initiée" ajoute-t-elle avec un sourire.

"Paige était la première - il y a quelques mois. Je l'ai dit à Lori il y a quelques semaines. J'ai reçu cette convocation il y a quelques jours." Michael met sa main dans ses cheveux et soupire.

Janice se lève et prend place dans la chaise à côté de Michael. Il la regarde. "Révéler son homosexualité est assez difficile, Michael. Je suis désolée, mais vous avez en plus un divorce et une audience au tribunal pour la garde de l'enfant."

"On récolte ce que l'on sème," répond Michael sur le ton de la défaite.

"Et on obtient souvent une bonne récolte," ajoute Janice. "Comment Lori prend tout ça?"

"Elle avait l'air d'aller après notre 'conversation', ensuite... cette convocation."

Janice soupire. "Michael, vous êtes plus chanceux que d'autres. Vous êtes dans la région de Los Angeles avec sa communauté gay visible et active. Le problème de la garde ne devrait pas poser de problème... à moins que..."

"A moins que quoi?" demande Michael au moment où Janice s'interrompt.

"A moins que vous continuiez à rester dans la clandestinité, honteux. Je ne sais pas quel genre d'avocat Lori a choisi pour la représenter. Mais si c'est un tailleur de gorges, il va vous frapper là où vous souffrez le plus. Vous devez tout avouer à Karen et Mack."

Michael secoue la tête. "Je ne peux pas. Pas encore. C'est trop tôt depuis le tremblement de terre et la mort de mon frère Eric. Vous savez mieux que personne à quel point il est dur de se remettre de la perte d'un être cher.

Janice a les larmes aux yeux en pensant à Sandy juste après la catastrophe, enterrée sous les décombres de la maison Mackenzie. "Il n'y a pas de moment idéal pour révéler son homosexualité. Mais quelle est l'alternative? Je pourrais sans problème me débrouiller pour empêcher Mack de découvrir que je vous représente pendant quelques temps. Mais Lori pourrait appeler vos parents à la barre si les choses se compliquent. Et ils découvriraient la vérité au tribunal. Mack et Karen ont toujours été chaleureux et nous ont soutenu Sandy et moi aussi bien dans les domaines professionnel que social. Dès le début de notre location de la maison Ewing à Seaview Circle. Vous devez leur laisser une chance de savoir qui vous êtes réellement. Et il faut le faire aujourd'hui."

Michael bouge de manière inconfortable. "Je vais perdre Holly parce que je suis gay?" demande-t-il en regardant directement Janice.

Elle sourit. "Non, c'est peu probable. Et nous avons beaucoup d'opportunités qui s'offrent à nous. Le Fonds de défense juridique Lambda et d'autres organisations peuvent voir en votre affaire de garde un combat symbolique. Mais ça donnerait un certain retentissement au procès et je ne crois pas qu'il faille en arriver là. De quoi a l'air la famille de Lori?"

"Ils habitent sur la Côte Est, petite bourgeoisie."

"Il semble que tout le monde sera d'accord pour une issue privée et à l'amiable dans cette affaire. De toute façon, il faut mettre Mack et Karen au courant tout de suite. Je serai au tribunal de Los Angeles demain matin." Elle lui met la main aux épaules.

"Merci, Janice," dit Michael sincèrement. "J'ai le sentiment que j'aurai besoin de vous bien plus que pour de simples considérations juridiques."

"Pas de problèmes pour moi! Vous êtes génial, Michael. Vous m'avez aidé à trouver ce logement dans votre immeuble au moment où j'étais encore en état de choc après le tremblement de terre. Je n'aurais pas pu faire ça toute seule à l'époque. Evidemment, maintenant, je dois vous remercier pour m'avoir mis à proximité des requérants. Mais qui sait? Peut-être que..."

La voix de Mack se fait entendre éclatante au travers de la porte de Janice. Michael se lève nerveusement. "Respirez profondément," lui dit Janice de manière rassurante. Elle ouvre la porte de son bureau.

"Pas moyen de lui faire entendre raison, Janice!" s'exclame Mack en pointant du doigt Paige, qui, les bras croisés, fronce les sourcils. "Tom Ryan est certainement l'un des flics les plus véreux que j'ai jamais rencontré - aussi bien sur la côte ouest que la côte est - et voilà que ma fille le fréquente à chaque fois que ce type remontre le bout de son nez. Et après qu'elle s'implique à nouveau sentimentalement, il disparaît non sans lui avoir brisé le coeur. Ensuite, il revient. C'est comme être amoureux d'un saumon!"

"Il est quand même mieux que Sumner," contre-attaque Paige. Elle et Michael échangent un regard de complicité que Janice perçoit.

"Oui, c'est vrai! C'est comme tomber amoureux d'un requin! Michael?! Qu'est-ce que tu fais ici?" demande Mack au moment où son beau-fils sort du bureau de Janice. "Quelque chose ne va pas?"

"Non, rien!" répond Michael l'air joyeux. "Je suis passé te voir et j'ai rattrapé le temps perdu avec Janice."

Janice répond à cette remarque par une petite taquinerie subtile. Mack demande, "Rattraper le temps perdu? Vous pouvez dîner ensemble, non? Vous habitez dans le même immeuble."

Michael est pris au dépourvu. "On pourrait," interrompt brusquement Janice. "Si tu me faisais travailler moins d'heures. Il faut que j'aille aussi chez Staples. J'ai oublié de dire à Peggy de rapporter un tableau à messages." Elle retourne dans son bureau et en ressort avec son sac à main. Elle envoie à Michael un regard d'encouragement et se dirige vers la sortie.

"Au revoir, Mack. Merci pour le petit déjeuner et pour la leçon. J'irais chercher les notes de cours." Paige embrasse son père sur la joue et envoie à son tour un regard encourageant à Michael au moment où elle sort.

"Pourquoi ai-je l'impression qu'il y a une fête surprise dans l'air?" demande Mack. "Ce n'est pas mon anniversaire." Il regarde Michael. "Tu peux me dire ce qui se passe?"

 

Le Groupe Sumner :

Jack Ewing est debout près de la fenêtre de son bureau et observe l'effervescence qui a lieu autour de la fontaine située en face de l'entrée du Groupe Sumner. Le photographe du Los Angeles Magazine et ses assistants mettent au point les lumières pour les prises de vue de Brian, pendant que, de l'autre côté de la fontaine, un reporter du même magazine interviewe un jeune homme d'environ 30 ans, sûr de lui et vêtu d'un costume bleu marine à la coupe nette. "Ce doit être le nouvel avocat Harvey Gellman," pense Jack. Il observe ensuite Lydia Gutierrez décrochant son téléphone portable. Lydia, une abeille ouvrière qui n'a pas eu une minute à elle depuis qu'elle est ici.

"Ne vous jetez par la fenêtre! Les choses s'améliorent." Jack se retourne et voit sa secrétaire, Jill, debout et tout sourire, sur le pas de la porte. "Lydia vient d'appeler et a demandé si vous pouviez aller à leur rencontre en bas près de la fontaine. Elle n'a pas envie de se faire contredire. Prenez l'ascenseur plutôt que la fenêtre. Imaginez le nouveau visage du Groupe Sumner s'écraser en bas du building."

"Ça suffit, Jill," rétorque Jack, "et un des ces jours vous allez découvrir le nouveau poing du Groupe Sumner."

Près de la fontaine, un chaos organisé se déroule. Le photographe lance des instructions à Brian, pas très à l'aise pendant que les assistants s'affairent autour de la scène. Lydia observe calmement les prises de vue depuis l'arrière-plan.

"C'est agréable d'être de l'autre côté de la caméra pour une fois," Jack sourit et s'approche de Lydia.

"Merci d'être venu, Jack. Ça prend plus de temps que je ne l'imaginais. J'ai parlé à Greg hier au sujet de votre interview au Knots Landing Register de la semaine dernière..."

Jack grommelle. "Il n'est pas très content?"

"Pas du tout!" le rassure Lydia. "Greg est enchanté de cet article. Vous avez très bien répondu! Surtout en ce qui concerne les nouveaux axes que la compagnie entend aborder et sur les problèmes de l'après tremblement de terre. Greg a décidé que vous étiez ... enfin... que nous sommes prêts pour une conférence de presse complète."

Tout à coup, le photographe s'écrie, "Mademoiselle Gutierrez! J'aimerais quelques clichés des deux jeunes hommes ensemble." Lydia voit que le reporter a terminé son interview avec Harvey. "Allez-y!" répond-elle.

Harvey se dirige vers Brian et lui tend la main. "Harvey Gellman."

"Brian Cunningham." Les deux hommes se serrent la main fermement.

"En fait, je vous ai déjà rencontré auparavant," continue Harvey. "Il y a environ dix ans... à la fête du 18ème anniversaire de votre soeur Olivia, au ranch de Monsieur Sumner."

Brian se souvient de ce jour. Olivia avait choqué toute la famille en annonçant son mariage avec Harold Dyer. "Il y avait beaucoup de monde et une grande effervescence." Brian s'excuse, "Je suis désolé, je ne m'en souviens pas..."

"C'est pas grave." Harvey sourit. "Comment va votre soeur?"

"Elle va bien. Elle tient un restaurant à Miami--"

Le photographe les interrompt afin que les deux hommes posent pour la photo. A quelques mètres, Jack essaie de ne pas apparaître trop nerveux face à Lydia. "Quand aura lieu la conférence de presse?" demande-t-il.

"Très bientôt. Nous allons en discuter plus en détails cet après-midi au cours de la réunion de l'équipe des cadres supérieurs."

"Dans l'interview de la semaine dernière, j'ai hésité sur les questions d'environnement à l'échelon local," proteste Jack.

Lydia sourit. "En fait, c'est de ma faute Jack. L'environnement local n'est pas mon domaine de prédilection et j'aurais dû vous briefer plus en détails. Greg est d'accord pour mettre à votre disposition un consultant qui va vous entraîner sur ces questions." Elle prend sa serviette et en ressort un document. "J'ai préparé une liste de consultants potentiels," continue-t-elle. Elle tend le document à Jack. "Etudiez-la et voyez si quelqu'un attire votre attention."

Brian et Harvey sont debout face au photographe qui prend d'autres clichés. "J'ai commencé à scruter votre liste de contacts," dit Brian. "J'aimerais bien vous rencontrer afin d'en discuter. Il y a des perspectives incroyables. Robert Carlton?! C'est un des hommes les plus riches de Californie!"

Harvey se met à rire. "Je savais que ça allait exciter la compagnie. Sa fille, Mandy, était dans ma classe à la faculté de droit de Harvard. Elle est aussi folle que son père est riche! Mais elle a un corps incroyable!" Harvey se retourne et regarde avec force Brian. "Ecoutez, Cunningham. La manière d'attirer un gros poisson comme Carlton est de commencer avec du poisson plus petit afin de créer une sorte d'attirance. Une fois que vous avez vos petites prises enter les mains, servez-vous en comme appât pour attraper Carlton. Rencontrons-nous au début de la semaine prochaine afin d'envisager une stratégie. On va commencer par Tony Caldano, mon meilleur ami à la fac' de droit..."

"...le fils de Roberto Caldano, le propriétaire des Pépinières Caldano?!" interrompt Brian, très excité. "Une des plus grandes chaînes de pépinières dans la région de Los Angeles!"

"Vous avez fait des recherches," Harvey donne une tape amicale dans le dos de Brian. "Vous avez des bonus pour chaque nouvelle affaire que vous concluez, n'est-ce pas?" Brian hoche de la tête. "Et bien, cher ami," réplique Harvey, "disons que cette liste de contacts que je vous ai procurée va vous rapporter une fortune pour un bon bout de temps."

"Vous êtes dans la boîte, les garçons!" s'exclame le photographe. "Merci, Brian! Maintenant, nous avons encore besoin de quelques clichés de Harvey, seul."

Jack étudie la liste que lui a donnée Lydia et où figurent une douzaine de noms. "Le seul nom que je reconnais est celui de Karen Mackenzie," dit-il à la responsable de la communication.

"Elle serait parfaite!" s'enthousiasme Lydia. "Elle jouit d'une certaine notoriété au niveau local grâce à son émission de télévision et on se souvient encore d'elle pour le centre de loisirs Point Lotus. Hé! N'est-ce pas la cousine d'Abby?"

"Non, pas vraiment," répond Jack. "Elles étaient belles-soeurs. Je n'ai jamais vraiment rencontré Karen de manière formelle." Il se détache légèrement de la conversation et pense aux jours qui ont suivi le tremblement de terre. Abby et lui avaient été régulièrement à l'hôpital pour rendre visite à Diana, la nièce d'Abby qui se remettait de ses blessures. Les quelques fois où il avait aperçu Karen à l'hôpital, elle était en état de choc. Cependant, ce serait bien d'avoir un visage familier au travail. En plus, ils seront voisins dans un futur proche, dès que qu'ils auront emménagé à Seaview Circle. "Allez-y et contactez-la," demande Jack à Lydia en lui rendant la liste. Ils s'approchent de Brian.

"Merci," dit Lydia à l'attention du jeune homme. "Vous avez été excellent!"

"Pas de problèmes," Brian s'en retourne vers les bureaux.

"Hé, mec!" s'exclame Jack. "Que dirais-tu d'un déjeuner?"

Brian s'arrête et se retourne froidement vers Jack. "Tes journées sont peut-être remplies de séances photos et d'interviews pour cette satanée campagne "nouvelle image" mais, contrairement à toi, les autres employés de la compagnie doivent travailler pour leur salaire!"

Tout a l'air soudainement calme : Brian se dirige rapidement vers le bâtiment du Groupe. Lydia regarde avec compassion Jack, estomaqué. "Je suis débordée pour le restant de cette semaine Jack, je m'entretiendrais avec Karen Mackenzie au début de la semaine prochaine." Elle part discuter avec le reporter du Los Angeles Magazine. Jack regarde Brian s'éloigner dans un silence blessé.

 

De retour au cabinet :

Mack regarde vers la fenêtre. Il sait qu'il a encore du travail à terminer mais son cerveau a été mis à rude épreuve et il a vraiment besoin d'une pause. Il prend son téléphone et compose le numéro du portable de Karen.

Karen échange un regard d'inquiétude avec Val en entendant la sonnerie du téléphone.

"Oh, Mon Dieu Val, à ton avis, qui ça peut-être?" demande Karen, paniquée.

"Ça peut être n'importe qui, de Meg au président des Etats-Unis. Maintenant vas-tu y répondre?" demande Val en essayant de rester calme.

"Allo?" dit Karen en lançant un regard anxieux à Val.

"Hé, Karen. C'est ton mari que tu as perdu de vue. Où es-tu?" demande Mack.

Karen est soulagée à la pensée de ne plus se trouver dans une situation problématique mais elle est toutefois ébranlée par la voix de Mack et en proie à des sentiments de culpabilité à force de lui cacher tous les secrets concernant ses pérégrinations.

"Mack! Salut. Comment ça va?" demande Karen avec un ton exagérément joyeux dans la voix.

"Je me sentirais mieux si je te voyais une fois de temps en temps. Combien de temps encore seras-tu prise par ces recherches pour le roman?" demande Mack.

"Pas très longtemps. Nous avons encore quelques petites choses à vérifier et ensuite ce sera tout." Karen parle nerveusement. Elle a horreur de mentir, surtout à Mack.

Val lance un regard en direction de Karen. "Tout va bien?" murmure-t-elle.

Karen hoche de la tête et se concentre à nouveau sur Mack lorsqu'il demande "Donc, hum, Karen, en quoi consistent exactement ces recherches? Tu n'en as pas beaucoup parlé jusqu'à présent."

'Hum... Et bien, c'est vraiment compliqué. Je t'en dirai plus. Il s'agit surtout d'interviews et d'autres choses dans le genre. Tu sais comment ça va." Elle lance un faux rire.

Mack se demande pourquoi Karen est aussi vague en ce qui concerne son travail mais ensuite se range à l'idée selon laquelle elle doit bien apprécier cette activité vu le temps qu'elle y a consacré.

"Bien, chérie. Je dois y aller. Michael va passer à l'hôtel plus tard. Il a dit qu'il voulait nous parler. Ça te va?" demande Mack.

"Oui. C'est bien. Je serai de retour un peu plus tard. Val et moi sommes sur le point de terminer nos travaux. A plus tard. Karen est contente que cette conversation se termine rapidement sans anicroches.

"OK. Au revoir. A plus tard à l'hôtel," ajoute Mack avant de raccrocher le téléphone et de quitter son bureau.

"Il suspecte quelque chose?" demande Val.

"Je ne crois pas. Je ne sais pas. Je n'arrive pas à croire que je viens de mentir à mon propre mari. Je déteste mentir!"

"Oh, allez. Tu te fais appeler Abby depuis des jours entiers et tu ne peux pas dire un petit mensonge à ton mari?" dit Val en riant.

"Je ne sais pas comment tu fais pour rester aussi calme. Je ne sais pas dire si ça fait de toi la personne la plus courageuse que je connaisse ou bien la moins sensée. Une chose est sûre, c'est que je ne suis pas aussi calme que toi dans toute cette histoire. J'espère simplement que tout ça va finir très vite, Val. Ma vie NORMALE me manque!" se lamente Karen.

"Je sais. Reste calme. On est presque au bout." Val prononce cette phrase en pensant à Karen qui n'a plus montré de signes de dépression à propos d'Eric depuis longtemps. Elle se rend compte que, quoiqu'il arrive, elle est parvenue à rendre le sourire à son amie.

Elles roulent en silence. Karen se tourne vers Val et dit : "Je me demande ce que Mack dirait s'il était au courant..."

 

Plus tard, dans la même journée :

Sur la terrasse d'un petit café en ville, Paige attend impatiemment. Elle regrette de s'être laissé convaincre par Anne au sujet de ce petit " déjeuner mère-fille". Mais sa détermination quant à pousser sa mère à lui révéler quelques éléments sur le coffre volé l'aide à supporter la situation et à sourire.

Au moment même où le garçon s'approche afin de prendre sa commande, une Mercedes couleur lavande apparaît dans son champ de vision, tente de se garer de l'autre côté de la rue. La voiture manque de percuter une bouche incendie et finalement, après quelques soubresauts, s'arrête en plein milieu de l'emplacement de stationnement. Tout le monde aux alentours interrompt sa conversation afin de profiter du spectacle. Paige s'affale sur sa chaise et se cache les yeux.

"Paige! Bonjour!" annonce Anne d'un sourire radieux. Elle fait un signe de la main en sortant du véhicule. Anne s'approche de la table alors que Paige s'enfonce encore un peu plus, aussi bien en posture qu'en pensée.

"Maman, pourquoi tu dois toujours te donner en spectacle?!" vitupère Paige.

"Oh, j'adore ton tailleur! Il est splendide sur toi," fanfaronne Anne en n'ayant prêté aucune attention au commentaire de sa fille.

Paige lance à sa mère un petit sourire de satisfaction et commence: "Merci, Maman. Je l'aime bien aussi ce tailleur. Evidemment, il est encore plus beau accompagné du sac à main mais je me suis dit qu'il valait mieux le laisser dans la voiture, de peur que la tentation de piller mes biens personnels soit trop grande pour toi."

"Quoi?" demande Anne d'un air faussement choqué.

"Et bien, disons que j'ai quelques clés que j'aimerais garder," assène Paige.

"Oh, vraaaaiment, Paige!" réagit Anne, choquée. "Vide ton sac! Pourquoi as-tu toujours besoin de m'accuser pour tout ce qui ne va pas dans ta vie?"

Paige, à son tour, ignore les commentaires de sa mère et continue. "Tu sais, Freud a écrit que la kleptomanie est le révélateur de problèmes sexuels latents. Que se passe-t-il, Greg n'est plus motivé?!"

"Laisse Greg en dehors de ça," grommelle Anne.

"Tu vas te mettre à gémir en dégustant ton verre de vin?" lance Paige.

A ce moment, la terrasse du restaurant est à nouveau silencieuse anticipant un match de crêpage de chignons. Un garçon remarque l'altercation et s'approche de la table.

"OH! Je n'ai jamais élevé ma fille pour qu'elle me parle de cette manière!" vitupère Anne.

"Après vérifications, tu ne m'as pas élevée du tout!" lance à son tour Paige, furieuse.

"Mesdames, Mesdames," commence le serveur nerveusement. "Auriez-vous l'aimable obligeance de--"

"Dégage!" Mère et fille s'exclament à l'unisson. Le garçon disparaît tel un chaton effrayé.

Paige s'adresse une fois de plus Anne, de manière agitée. "Quel était le but de ce déjeuner, Maman?"

"Et bien, je trouvais agréable l'idée d'établir une relation de confiance, une espèce de "pont de bonne volonté" entre nous, comme peuvent l'avoir d'autres mères et filles. Mais comme tu es si peu encline à établir quelque relation que ce soit..."

"Oh, tais-toi avec tes petites images de "ponts de bonne volonté" ou autre illustration de la famille parfaite. Tu as toujours détesté le style de vie ronronnant de Seaview Circle avec ses barbecues en famille et le tablier "Embrassez le chef". Tu n'en a jamais voulu et tu ne peux pas faire marche arrière maintenant. Tu préférais à la place parcourir le monde et coucher ou te marier avec tous les hommes dont les ressources financières te permettaient de vivre un train de vie auquel tu as toujours été habituée. Ecoute-moi maintenant, Maman! Je n'aime pas t'envoyer ça à la figure mais Greg Sumner ne se marie pas aux femmes, il les loue simplement, en leasing si tu veux. Et si mes calculs sont bons, tu ferais mieux de compter tes jours, car ta location financement arrive à expiration!"

 

De retour au Groupe Sumner :

"Tous les deux, vous m'avez impressionnés par vos travaux de préparation." Abby Ewing met un terme à une réunion avec ses deux plus récentes recrues du Département des Nouvelles Affaires commerciales, Lee Yang et son fils Brian. Le soleil en cette fin d'après-midi transparaît au travers de la fenêtre de son bureau. Abby se lève de la table de conférence. "Bien, Lee, ce prospectus a l'air correct, continuez et sortez vos antennes en ce qui concerne les meilleurs marchés à acquérir. Brian, j'aime l'approche que tu as mise au point pour les Entreprises Caldano. Envisage une stratégie avec Harvey et ensuite entre en contact avec eux. Nous nous reverrons la semaine prochaine."

Les deux jeunes hommes se lèvent. "Brian," ajoute Abby. "Tu me consacres quelques minutes supplémentaires, s'il te plait?" Abby referme la porte derrière Lee et indique à son fils le divan. "Assieds-toi." Brian hésite et ensuite obéit, ayant compris de quoi il s'agissait. Abby est debout face à son bureau.

"J'ai cru comprendre que tu avais fait quelques commentaires à Jack lors des prises de vue, il y a de cela ..."

"Je savais qu'il allait venir pleurer chez toi!" dit Brian, énervé.

"Jack ne m'a rien dit du tout!" répond promptement Abby. "Lydia m'a dit ce qui s'était passé. Une minute!" Abby lève la main de manière à stopper Brian qui s'apprêtait à parler. "Les propos que tu as tenus aujourd'hui étaient non seulement inappropriés et incorrects, mais en plus potentiellement nuisibles à la masse de travail que Lydia, Jack et chacun d'entre nous à l'équipe de direction avons investie dans cette campagne de promotion du Groupe Sumner. Greg avait déjà en tête ce projet de donner un nouveau visage au groupe, bien avant que Jack et moi arrivions. Greg l'aurait de toute façon développé avec ou sans l'implication de Jack. En tant que directrice, Brian, ceci est un avertissement verbal. Quels que soient tes sentiments personnels, ceux-ci doivent être dissociés de tes activités au sein du Groupe Sumner. Les employés t'observent bien plus que les autres membres du personnel parce que tu es mon fils et qui plus est, marié à la nièce de Greg. Cela implique une responsabilité supplémentaire à ta charge qui doit t'empêcher d'agir comme tu l'as fait aujourd'hui, surtout face à la presse ou à des clients. J'espère que cela n'arrivera plus?"

Le visage de Brian est au bord de l'explosion. "Oui," répond-il. Abby s'adoucit. "Bien!" Elle s'assied près de lui sur le divan. "Maintenant, moi qui suis ta mère, je me doute que ton animosité envers Jack n'a rien à voir avec cette campagne de promotion. Qu'est-ce qu'il y a?"

En soupirant, Brian regarde sa mère. "C'est un aventurier, maman!" Il t'a mis le grappin dessus dans un hôtel de Vancouver, et ... quoi? Tu l'acceptes? Tu te MARIES avec lui? Tu lui trouves un job ici? On ne sait rien de lui! Papa nous a abandonnés, Gary nous a abandonnés, Greg s'est servi de nous pour essayer de gagner une élection. J'ai peur que tu ne sois encore blessée une nouvelle fois."

Abby sourit à son fils en signe de reconnaissance. "Le grappin dessus?" reprend-elle d'un air humoristique. "Tu donnes l'impression que c'était scabreux. Je ne faisais pas l'aguicheuse de bar--"

"Allez, M'man," continue Brian. La petite blague d'Abby n'a pas amélioré son humeur.

"Je me rends compte que ce n'était pas très honnête de t'imposer Jack de cette manière," admet Abby. Elle réajuste les petites mèches de son fils tombées sur son front. "Pendant très longtemps, nous n'avons été que deux. Tu étais le seul homme sur lequel je pouvais compter. Tu as raison en ce qui concerne le choix de mes époux par le passé. Mais tout ce que je peux te dire, c'est qu'avec Jack, les choses sont différentes. Je n'ai jamais éprouvé le genre d'amour que j'éprouve pour lui - et ce n'est pas que de la passion," ajoute-t-elle rapidement au moment où Brian a l'intention de protester. "De plus, je me souviens d'un certain beau jeune homme qui, il y a quelques années, m'a surprise en arrivant avec une jeune fiancée enceinte... qui avait en plus déjà une fille..."

Abby laisse cette dernière remarque planer dans l'air et regarde son fils avec insistance. Brian baisse la tête et s'agite de manière inconfortable sur le divan. Abby se sent quelque peu blessée que son fils ne lui dise pas ce qu'elle a déjà deviné par elle-même, et qui lui a été confirmé par Gary : Mollie est en fait la fille de Gary et non celle de Brian. Pourquoi ne me le dit-il pas? Abby est triste. Qui se permet donc de s'imposer entre nous? Sa petite pimbêche de femme?

Brian la regarde et interrompt ses pensées. "Donc, je crois qu'on est quitte?" demande-t-il avec espoir.

L'interphone retentit et Abby appuie sur le téléphone près du divan. "Les comptables de Peterson sont arrivés pour votre rendez-vous de 17h," annonce la voix de Jill à travers le haut-parleur. "J'arrive, Jill," répond Abby.

Abby rigole et embrasse son fils. "Tu sais quoi?" demande-t-elle au moment où ils se lèvent. "Faisons un marché. Tu acceptes de donner une chance à Jack et apprendre à le connaître. Et je suis d'accord de venir t'informer lorsque Jack m'aura abandonnée. Comme ça tu pourras me dire 'Je te l'avais dit' une centaine de fois."

"Un millier de fois," sourit Brian.

"Marché conclu!" Abby ouvre la porte et Brian sort. Jill escorte les deux comptables à la table de conférence d'Abby. Abby prend un moment afin de profiter du sentiment d'amour qu'elle éprouve pour son fils. Si Kate oblige Brian à me cacher des secrets, pense tristement Abby, alors toute cette situation matrimoniale ne marchera jamais... Abby interrompt ses pensées personnelles et reprend une attitude professionnelle en saluant ses clients.

 

L'appartement de Monsieur La B :

"Bien, bien, bien. Voyez-vous ça," raille la prostituée Monica en ouvrant la porte à Karen et Val. Elle les regarde de haut en bas, peu habituée à les voir vêtues et maquillées comme il se doit. "Les impératrices ont changé de vêtements!"

"On est ici pour voir La B," exige Karen, en ignorant le commentaire de Monica.

"Vraiment? Voilà qui est intéressant," dit Monica de manière sarcastique en se retirant. Karen et Val passent devant elles et pénètrent dans l'appartement. Elles aperçoivent La B, assis sur le divan, près d'une prostituée qu'elles n'avaient encore jamais rencontrée.

"Abby! Verna! Ça fait un bail! Où diable étiez-vous passé?" demande La B.

"Commissariat central. Troisième cellule en partant de la gauche," répond Karen d'une expression sinistre. Ses yeux expriment froideur et colère.

"Oh, d'accord. Monica m'a raconté tes problèmes de l'autre soir en rue, Karen. Je peux t'appeler Karen, n'est-ce pas?" demande-t-il timidement. "Je ne sais rien de vous, mais j'en ai marre de jouer à ce petit jeu."

"On ne jouait pas," dit Val.

"C'était quoi alors? Un genre de défilé?" interroge La B. "Je ne comprends pas."

"On a fait ça pour aider quelqu'un en difficulté. Et nous l'AVONS aidée. C'est la raison pour laquelle on est revenue ici," l'informe Karen.

"Quelqu'un en difficulté?" demande-t-il sans comprendre.

"Oui. Vous avez peut-être remarqué que Trixie ne traîne plus dans les parages. Elle ne reviendra pas. On s'occupe d'elle maintenant," explique Val.

"Trixie? Ouais, je me demandais où elle avait disparu. Certains de mes gars sont partis à sa recherche," dit La B d'un air grave. "Ça ne fera pas du joli quand ils vont lui mettre la main dessus."

"Si vous savez qui nous sommes, alors vous avez dû faire une petite enquête sur nous," Karen ajoute d'un air prudent. "Nous avons des amis puissants qui pourraient vous rendre la vie affreuse si vous essayez de nous faire du mal, à nous ou à Trixie."

"Oh, vraiment?" demande-t-il avec un sourire. "Ma petite dame, tu as passé quelques semaines sur le trottoir et tu crois avoir tout compris? Tes 'amis puissants' n'ont aucun pouvoir sur mon territoire."

"Vous pouvez penser que nos sommes naïves, mais nous avons mis le doigt sur des choses que vous n'imaginez même pas," lance Val.

"En effet, Madame Ewing, je pourrais bien vous croire. Vous n'êtes qu'une vulgaire fouineuse," dit-il en la regardant droit dans les yeux. Val est légèrement ébranlée par ses propos.

"Ne nous sous-estimez pas," menace Karen. "Vous pourriez le regretter."

"Des regrets? Je ne crois pas aux regrets. Et vous? Allez, avouez, vous avez quand même aimé ça, n'est-ce pas? Ces hommes qui vous regardent... porter des vêtements sexy... Il y a une partie de vous qui se sentait attirée par ça, hein?" demande La B d'une voix lascive.

"Aimé ça?" demande Karen, furieuse. "Ce que vous faites pour gagner votre vie me donne la nausée! Vous profitez des pauvres femmes et vous monnayez leur corps comme d'autres vendent des voitures. Vous traitez la sexualité comme si c'était une marchandise à vendre et à livrer au lieu d'un acte spécial et privé. Et vous êtes là, à vous enrichir en dégradant et en exploitant les femmes!"

"Je fournis des services," répond-il calmement. "S'il n' y avait pas de pauvres hommes seuls à la recherche d'instants de plaisir, je ne serais pas dans le métier. Ne m'accusez pas d'être à l'origine du problème... Accusez la société."

"J'accuse la société," répond Karen excédée. "J'aimerais que tous les fléaux de la société comme la drogue, la violence et la prostitution disparaissent. Mais tant qu'il y aura de la vermine comme vous pour nourrir le marché et se faire de l'argent, ces problèmes ne disparaîtront pas."

"Exact," répond La B avec un nouvel éclat de rire. "Maintenant que vous avez accompli votre mission, pourquoi n'allez-vous pas chercher vos affaires de nettoyage et repartir vers votre petit quartier résidentiel pour enfin nous laisser travailler en paix."

"On s'en ira une fois sures que vous n'allez plus persécuter cette fille," dit Karen, sur un air de défiance.

"Bien sûr, nom d'un chien. Ce n'était qu'une petite fugueuse qui n' a pas su trouver ce qu'elle cherchait dans la grande ville. Il y en a des dizaines comme elle. Je peux aller au premier arrêt de bus et tomber sur une autre Trixie, " ajoute-il. "Vous allez toutes les sauver?"

Karen reste sans voix et est secouée par ces paroles.

"Allez. On y va," dit Val gentiment en prenant Karen par le bras. Elles se dirigent vers la porte.

"Au revoir, Mesdames," s'exclame La B d'un air moqueur. "Hé, Verna, appelle-moi si tu veux encore explorer ce milieu sauvage."

Elles referment la porte sans dire un mot et passent par le corridor.

"Karen, ça va?" demande Val, un peu inquiète. Le visage de Karen est pâle et elle a l'air malade.

"Allons dans la voiture," répond Karen calmement.

 

L'appartement de Paige :

Kate frappe à la porte. Elle entend le son de la télévision à l'arrière mais personne ne répond.

"Paige!" s'écrie Kate. Elle frappe plus fort à la porte. "C'est Kate! Ouvre!"

Paige ne répond pas. Elle sait que Kate a de bonnes intentions mais elle ne veut discuter avec personne en ce moment. La pression de ces derniers jours l'a finalement abattue. Les joutes verbales avec Abby et Greg. Etre la confidente et conseillère de Michael. Essayer de percer le mystère du coffre. Les prises de becs avec Mack au sujet de Tom. Et encore une conversation stérile avec sa mégère de mère.

"S'il te plaît, Paige, laisse-moi entrer. Il faut vraiment que je te parle. C'est important." Kate la prie.

Paige ne répond toujours pas. Va-t'en, Kate. Si tu entres, tu vas me demander ce qui ne va pas et tu vas utiliser ce pouvoir qui te permet de me faire parler, et si je commence, j'ai peur de ne pas pouvoir m'arrêter!

"Je sais que tu es là, Paige! Allez s'il te plaît, laisse-moi entrer! Ce n'est que moi!" Kate ne cesse de demander.

Paige met la main sur la poignée de la porte, pensant qu'elle ne va pas bouger. A son étonnement, elle s'ouvre. Et bien, si tu ne veux pas me laisser entrer, Paige, je vais le faire moi-même.

Après avoir ouvert la porte, Kate comprend pourquoi Paige ne désire aucun visiteur. Elle porte un training, un vieux T-shirt, elle n'est pas maquillée et ses cheveux sont une catastrophe. Elle est recroquevillée sur le divan avec une barquette de crème glacée aux amandes-moka entre les mains et un paquet vide de barres chocolatées Milky Way à côté d'elle.

C'est encore pire que je ne le croyais! pense Kate.

Paige ne bouge même pas d'un pouce au moment où elle grogne, "Va-t'en, Kate."

"Oh, allez, Paige. Tu ne t'imaginais tout de même pas que tu allais te débarrasser de moi aussi facilement, hein?" demande Kate d'un ton faussement joyeux.

"Katie, s'il te plaît... Pas maintenant," marmonne Paige. "J'ai eu une semaine horrible. Je n'ai pas envie de m'amuser."

Kate s'affale à son tour sur l'extrémité du divan et dit, "Paige, je suis là. Tu peux rester allongée, continuer à avaler ta crème glacée et prétendre que je ne suis pas là. Ou alors tu peux être une hôtesse polie et m'offrir quelque chose à manger! Je meurs de faim."

Paige ne regarde pas Kate mais lui tend la glace. "Tiens," lui dit-elle sans enthousiasme.

"Merci!" dit Kate, enjouée. Elle pense que son air joyeux influera sur Paige, mais jusqu'à présent elle n'a pas eu beaucoup de chance.

Elles sont assises en silence un court instant. Paige regarde le mur et Kate mange de la crème glacée. Pauvre Kate, pense Paige. Elle s'en fait trop. Elle ne comprend pas que toute l'attention du monde à mon égard ne pourra pas améliorer ma vie dissolue.

Le silence devient vite inconfortable et finalement Kate essaie de rompre la tension.

"C'est une nouvelle mode dans la décoration? Le regard obstrué? Je crois l'avoir lu dans un magazine. Mais peu de gens peuvent s'offrir le motif Milky Way!" lance Kate en prenant dans la main un des papiers d'emballage des barres chocolatées.

"Désolée pour ce désordre. Je suis fatiguée. Après les excès de zèle de Michael au travail et ses tentatives de m'enterrer avec ses problèmes, j'ai l'occasion de m'amuser seul chez moi." Paige confie ces paroles en acceptant le fait qu'elle est tombée dans le piège de Kate, à savoir entretenir une conversation alors qu'elle avait décidé de rester silencieuse.

Kate en a assez de tourner autour du pot. "Je m'en fiche du désordre! Je suis simplement venue voir si tu allais bien. J'ai parlé à Oncle Greg. Il m'a dit ce qui s'est passé au bureau. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, Paige. C'est sincère." Paige doit être en très mauvaise forme. D'habitude, elle est tellement joyeuse, pense Kate tout en regardant l'allure désastreuse de l'appartement et la mine décomposée de Paige.

Paige admire Kate et l'énergie de sa jeunesse ainsi que sa loyauté envers ses amis. Mais en ce moment, elle est dépassée. Elle aimerait se recroqueviller sur le divan avec sa crème glacée et imaginer que cette dernière semaine n'a jamais existé. Malgré tout, elle sait que Kate est inquiète à son sujet et se sent obligée de lui donner quelques éléments de réponse.

"Ecoute, je ne me suis pas encore jetée par la fenêtre, si c'est ce que tu crains," reprend Paige avec un demi sourire.

"Je sais. Tu es plus dure que ça! Tu ne laisseras pas Abby te démolir." Kate essaie d'amuser un peu Paige mais n'y parvient absolument pas.

Paige envisage les possibilités qui s'offrent à elle. Elle peut se confier à Kate, avec le risque de s'écrouler en morceaux, ou bien elle peut choisir de rester stoïque et silencieuse même si ça l'éloigne des autres.

"Paige, je ne vais pas te laisser ici pleurer toute seule. Tu n'as peut-être pas l'habitude que des gens soient inquiets à ton sujet, mais je le suis. Je sais à quel point Abby peut être..."

Paige lui coupe la parole et s'exclame, "Ce n'est pas seulement Abby. C'est tout un ensemble, Kate! Avant de quitter Knots Landing, j'avais tout. Le Groupe Sumner, l'attention de Greg. Abby Ewing n'existait plus. J'étais au sommet." Paige lance ces propos en pensant : Zut, il faut toujours que je tombe dans le piège. Kate sait s'y prendre pour me faire parler et ensuite j'en dis trop.

"Mais tu n'as pas tout perdu. Tu as..." Kate est une nouvelle fois interrompue par Paige.

"Mais alors je suis partie et tout s'est compliqué. Les choses sont devenues confuses et j'ai dû faire des décisions. Je n'ai jamais su si j'avais fait les bons choix et j'ai fait de mon mieux et sans aucun soutien de personne. Lorsque j'ai décidé de revenir à Knots Landing, c'est parce que j'ai compris qu'ici, j'étais quelqu'un d'important. J'étais la vice-présidente du Groupe Sumner et quoiqu'il arrive, personne ne pouvait m'enlever ce succès. Malgré ce que les gens pouvaient dire, je l'ai mérité ce titre. DONC, je suis revenue, prête à revendiquer ce qui m'appartenait de droit et j'ai compris que Greg m'avait, en quelque sorte, tout enlevé. Maintenant, je ne suis qu'une petite assistante juridique que l'on traite comme du menu fretin chaque fois que j'entre dans les bureaux du Groupe Sumner. C'est vraiment dégradant." Paige s'assied.

"Oui, et ce que Greg t'a dit ou fait est affreux, mais il se sent coupable à ce propos. Tu aurais dû le voir. Il est tellement mal à l'aise de t'avoir blessée. Vraiment, Paige, tu sais bien comment se comporte Greg. Il ne pense pas, parfois." Kate essaie de défendre au mieux son oncle.

Paige se lève tout à coup, prise par une décharge d'adrénaline. "Non, Kate! Ce n'est pas le problème. Greg sait quoi penser! Il pense à chacun de ses actes et à chacun de ses mots très attentivement. Il avait l'intention bien à l'avance de me reprendre mes parts de la compagnie et de m'humilier. Tu peux le défendre autant que tu veux, mais tu dois savoir qu'au fond de lui, il ne sait ressentir aucune émotion humaine et qu'il n'a aucune aptitude à la gentillesse." La voix de Paige s'élève.

La compassion de Kate pour Paige s'assombrit momentanément suite à ses propos concernant le manque total d'émotion de Greg. L'image de Greg, effondré dans son bureau, est trop présente dans l'esprit de Kate pour que le commentaire de Paige passe inaperçu.

Kate se lève et regarde Paige dans les yeux. "Je sais que tu es blessée et fâchée mais la personne avec laquelle tu es fâchée n'est pas Greg. C'est Abby qui t'a insultée. Greg est intervenu pour t'aider. Il ne voulait pas qu'Abby te démolisse complètement. Il prend soin de toi. A sa manière, c'est un homme bon. Vous devriez tous savoir ça!" Kate parle d'une voix plus cassante qu'elle ne l'aurait voulu.

"Si tu as payé une baby-sitter afin de pouvoir venir ici défendre ton oncle, tu peux économiser ton argent et retourner chez toi. Je ne veux rien entendre. Oui, peut-être qu'autrefois je savais ce qui était bon chez Greg mais les gens changent et Greg a tellement changé que je ne crois pas qu'il reste quoi que ce soit de bon chez lui. Personne n'est immuable. Regarde-moi. J'étais Paige Matheson, la jeune cadre dynamique et maintenant je ne suis qu'une petite juriste pathétique qui est affalée sur son divan en mangeant de la crème glacée en boîte. Quand je marchais dans la rue, les gens me regardaient avec envie. Maintenant, quand je marche dans la rue les gens me lancent un regard de pitié et chuchotent à mon sujet avec leurs voisins. Je suis une personne différente depuis que j'ai quitté Knots Landing. Et Greg aussi. Ne crois pas qu'il a une âme douce et torturée parce que quand il n'aura plus besoin de toi, il t'abandonnera aussi." Paige ne parle plus, elle est presque en train de crier.

La colère de Kate face à ces mots durs envers son oncle tant aimé est accentuée par la frustration qu'elle éprouve à l'idée que Paige ne va pas lui donner plus d'informations sur ces mystérieuses années passées loin de Knots Landing.

"Ecoute, tu n'as pas le droit de penser qu'il allait s'asseoir et t'attendre pendant que tu disparais des années! Il avait sa vie à vivre comme le reste du monde. Tu parles sans arrêt de tes difficultés à partir et à revenir. Mais ça n'a pas l'air si difficile. Tu es partie sans un au-revoir et tu es revenue sans aucune explication, alors ne me dis pas que Greg est le seul coupable pour avoir continué à vivre. Il n'avait aucune obligation de t'attendre!" Kate se rend compte qu'elle est en train de crier.

"Tu ne sais absolument rien de ce qui s'est passé quand je suis partie alors ne me donne aucune leçon du haut de ta chaire!" répond Paige, énervée.

"Non, je ne sais rien. Ce que je sais en tout cas, c'est que tu ne fais confiance à personne pour tout raconter. Alors je ne vais pas continuer à t'écouter me dire que tu peux agir comme tu veux parce que tu as eu des moments difficiles dont tu ne veux parler à personne." Kate est cassante.

"Pourquoi tu ne retournes pas chez Greg pour lui dire que tu as accompli ta mission. Tu as vu que je vais bien. Ou mieux, repars et va rigoler en compagnie d'Abby et Greg en pensant à quel point la pauvre et pathétique Paige avait tout pour elle avant de tout gâcher. Et en même temps, tu ne pourrais pas demander à Abby où je pourrais trouver le coffre? A moins que tu sois aussi de son côté?" demande Paige d'un air sarcastique.

"Je ne suis du côté de personne. Je n'ai pas l'intention d'avoir une telle conversation ni avec Abby, ni avec Greg. Tu devrais savoir ça. ET, je ne comprends pas pourquoi tu impliques Abby dans cette affaire de coffre sans avoir de preuve qu'elle est aussi à sa recherche. Elle n'est pas ma meilleure amie, mais on a aucune raison de la suspecter." Kate lance ces paroles et se rend compte qu'elle et Paige se regardent dans les yeux en se criant littéralement dessus.

"Bien! J'ai encore tort! Va-t'en, Kate! Je n'en peux plus!" Paige s'effondre dans le divan et se répand en larmes.

Kate fait marche arrière, choquée par l'évolution de la situation. Ce n'est pas vraiment ce que j'avais prévu, pense-t-elle en regardant son amie allongée sur un côté du divan. Elle reconnaît que chacune des paroles de Paige ne lui était pas directement destinée. Paige est tout simplement effrayée et pour la première fois dans sa vie, elle n'a aucun plan d'action.

Kate décide d'arrêter de prendre la défense de son oncle. Elle veut simplement être là pour son amie. Elle s'assied sur le divan près de Paige et lui dit "Je suis désolée. Je me suis laissé emporter. Moi aussi j'ai eu une semaine pénible et j'ai trop mal réagi." Elle a soudainement envie de confier à Paige ses problèmes avec Brian mais décide que ce n'est pas le meilleur moment.

Paige est mortifiée de la manière avec laquelle elle a réagi envers Kate. Elle sait qu'elle a été dépassée par la conversation mais elle avait besoin d'exploser sa colère sur quelqu'un et Kate s'est trouvée être la seule personne à proximité, en pleine ligne de mire.

"Non, Kate," dit Paige, reprenant ses esprits. "Je suis désolée. J'ai tout déversé sur toi. Je sais que tu ne vois que le bon côté des gens et c'est pour ça que tout le monde t'aime bien. J'étais blessée à la manière dont Greg m'avait traitée et puis j'ai eu une semaine épouvantable au boulot avec mon taré de patron. J'ai flippé. Désolée, tu dois croire que je suis bonne à faire enfermer." Paige a l'air penaud.

"Ne parlons pas de maisons de fous. Altération de la santé mentale convient mieux, non?" Kate sourit. Elle est contente que cette altercation soit terminée.

"Katie, je ne sais pas quoi faire. Je ne suis plus moi-même. L'autre jour au travail, mon patron a décidé de me supprimer mon bureau et je me suis même pas plaint. J'ai tout accepté. Je me sens comme Mort. Ensuite, il y a toute cette histoire de divorce avec Michael. J'ai envie que tous ses problèmes disparaissent. Je me sens tellement protectrice envers lui. Je devrais lâcher du lest et le laisser résoudre ses problèmes seul," dit Paige en choisissant ses mots prudemment de façon à ne pas mentionner que Michael est gay, un secret dont Kate n'est pas encore au courant.

"Pense un peu à toi!" rétorque Kate. "Crois-moi, je sais ce que ça fait de vouloir résoudre tous les problèmes du monde. Et en ce qui concerne ton incident avec ma chère belle-mère... d'après ce que j'ai entendu tu l'as appelée Abby la grosse. Il en faut des tripes! Le pire aurait été de la traiter de grand-mère!"

Paige se tait un instant. Kate a raison. Je me suis retenue jusqu'à ce que Greg soit arrivé. Peut-être suis-je faite pour les combattre!

"Oui, je l'ai appelée la grosse. Et j'aurais voulu avoir une caméra pour que tu puisses voir sa tête!" répond Paige en souriant.

"Souviens-toi, Greg s'inquiète pour toi. Il est mal à l'aise depuis cette confrontation." Une dernière tentative de Kate afin d'innocenter son oncle.

"Kate, s'il te plaît, ne te mets au milieu de tout ça. Cela concerne Greg et moi et ça pourrait devenir très scabreux. Tu es mon amie. Que les choses en restent ainsi," ajoute Paige, surprise à l'idée que Greg ait tout raconté ça à Kate.

"D'accord. Je suis désolée. Je déteste te voir dans cet état."

"OK, Katie. Je te promets d'être plus joyeuse, si tu me promets de ne plus venir ici avec ton discours sur "la parabole de Saint Gregory."

"Et bien, puisqu'on en est au chapitre des promesses, tu peux me jurer de nettoyer ton appartement très vite avant que je ne sois forcée d'appeler les services de la salubrité?" demande Kate en souriant.

"Oui. Michael devra s'y mettre aussi. Maintenant, pourquoi ne vas-tu pas répandre ta bonne humeur chez quelqu'un de plus réceptif?"

"D'accord, d'accord" dit Kate. "J'ai compris le message. Appelle-moi."

Kate s'en va et Paige reste allongée sur le divan. Elle n'arrive pas à se calmer. Le silence enveloppe à nouveau son petit appartement et une larme s'écoule sur sa joue. Elle pense : Mais comment les chose ont pu en arriver là... Hors de tout contrôle?

 

Une voiture garée près de l'appartement de Monsieur La B :

"Karen, tu me fais peur," Val est au volant et regarde Karen, assise sur le siège passager. Karen, le regard vide et ne répond pas. "Karen?"

"On est vraiment naïves en fin de compte, n'est-ce pas?" demande Karen finalement. "Nous avons vécu des vies incroyables. J'ai été kidnappée, harcelée, menacée de mort. On m'a tiré dessus, mon premier mari est mort. J'ai connu l'enfer de la drogue, j'ai dirigé une émission de télévision, j'ai été otage dans ma propre maison. Toi aussi, tu as été kidnappée, on t'a volé tes bébés. Tu as été une romancière à succès. Jill a essayé de te tuer. Tu es même revenue d'entre les morts, grâce au ciel! Mais même après toutes ces épreuves, nous sommes restées des femmes normales, des mères de famille de Knots Landing. Qu'avions-nous donc en tête à force d'arpenter les rues en voulant sauver le monde?"

"Nous pensions pouvoir sauver cette fille. Et on l'a fait! Peut-être que deux femmes ne peuvent pas sauver le monde, mais si d'autres personnes comme nous s'en donnaient la peine et essayaient de changer les choses, alors le monde serait meilleur," répond Val.

"Autrefois, je pensais comme ça. Mais trop d'événements ont eu lieu. Trop de souffrance et de douleurs," reprend Karen d'une voix distante et floue. "Trop de tragédies hasardeuses sans vraie raison..."

"Qu'est-ce que tu veux dire?" interroge Val prudemment.

"J'avais un fils merveilleux et précieux qui était devenu un homme bien et prévenant. Et puis, un drame aussi insensé qu'un tremblement de terre l'a tué alors que de la vermine comme La B vit et profite. Où est la justice dans tout ça?" demande Karen en colère.

"Je ne peux pas te répondre," répond Val, regardant au travers de la vitre et revenant ensuite vers Karen. "Les gens biens doivent surmonter des drames terribles, ma chérie. C'est tragique et injuste mais c'est la vie."

"Ça n'est pas juste," répond Karen, la voix tremblante. Des larmes se forment dans ses yeux et perlent sur ses joues. "Comment pourrais-je sauver le monde alors que je n'ai même pas pu sauver mon propre fils?"

"Je sais, Karen. Je sais," rétorque Val d'une voix douce en mettant son bras autour des épaules de Karen, la serrant contre elle et l'embrassant.

"Pourquoi est-il mort, Val?" Pourquoi mon beau garçon a-t-il dû mourir?" gémit Karen, les larmes coulant librement.

"Oui, Karen. Laisse-les sortir," murmure Val. Elle serre fermement son amie contre elle et laisse aussi échapper quelques larmes. Elle pense : il ne faut plus que j'éloigne Karen de ses pensées au sujet d'Eric. Elle doit tout évacuer d'elle-même. Ensuite seulement elle commencera à guérir.

 

L'immeuble de Lori et auparavant celui de Michael :

Lori est assise à son bureau. Comment diable vais-je pouvoir payer toutes ces factures, plus les honoraires d'avocat? Elle est restée toute la nuit éveillée, se tracassant au sujet de l'argent, de Holly et de toutes les autres complications que cette procédure de divorce a créées. J'ai donc extorqué 50.000 dollars à "Tante Abby". La belle affaire! Il faut que je mette de côté un peu d'argent, histoire de faire face à un cas d'urgence. Si je vis avec le reste de cette somme, je serais fauchée d'ici Noël. Bon sang, j'espère que tu es content de toi, Michael. Les affaires vont bien depuis que tu as choisi d'être homo!

Elle soupire en envisageant l'inévitable; elle sait ce qui lui reste à faire et en a horreur. Elle décroche le téléphone et compose un numéro. "Allo, Maman?" dit-elle la voix tremblante.

"Lori, ma chérie! Ça fait si longtemps que tu n'as pas appelé!" s'exclame sa mère.

"Oui, je sais. Il m'est arrivé bien des choses ces derniers temps. Comment ça va?"

"Ton père et moi allons bien. Et comment vont Michael et notre magnifique petite-fille? Quand la reverra-t-on?" demande sa mère.

"Hum...Maman, c'est pour ça que je voulais te parler. Michael a déménagé. Nous sommes en instance de divorce. C'est--" Lori est soudainement interrompue par sa mère.

"Divorcés? Tu as quitté Michael? Lori, tu ne crois pas que tu devrais essayer d'arranger les choses? Tu as une enfant! En plus, personne dans notre famille n'a jamais divorcé! Comment vais-je pouvoir annoncer une nouvelle pareille à la famille?" demande sa mère, paniquée.

Dis-leur que le mari de ta fille est homosexuel, pense Lori.

"Tu pourrais leur dire que nos personnalités n'étaient pas compatibles. C'est la vérité, Maman." Lori s'exprime sur la défensive.

"Oh, Lori. Ton père va être tellement déçu. Un divorce! Ses amis du country club ne vont pas comprendre."

"Maman! Je me fiche des camarades de tennis de papa. J'ai besoin de ton aide!" rétorque Lori en faisant des efforts afin de ne pas hausser le ton de peur qu'Holly ne se réveille.

"D'accord, ma chérie. De quoi as-tu besoin? Veux-tu revenir à la maison quelques temps?" demande sa mère d'un air hésitant.

"Non, maman." Lori répond rapidement. Ensuite, essayant de cacher son antagonisme à revenir dans la maison familiale, elle ajoute, "Je ne veux pas être un fardeau pour toi et Papa. Tout ce dont j'ai besoin, c'est un peu d'argent pour moi et Holly afin d'avoir de quoi vivre quelques temps."

"Lori, tu sais ce que pense ton père des dons d'argent. Il a travaillé dur pour gagner le moindre cent qu'il possède aujourd'hui. Tu peux trouver un emploi. De quoi aurions-nous l'air si tout le monde apprenait que nous subvenons aux besoins de notre fille adulte et en bonne santé? Trouve-toi un travail, ma chérie. Ça ne va pas te tuer."

Lori bouillonne intérieurement en écoutant sa mère s'inquiéter de l'opinion des autres. Est-ce que ça te tuerait de m'aider juste une fois, Maman? Elle frémit à l'idée de vivre avec ses parents enclins à la moindre critique. Jamais! Je préférerais vivre dans la rue!

"Maman, j'ai un logement. Tout ce dont j'ai besoin, c'est un peu d'argent pour ma fille. S'il te plaît, tu ne peux pas m'aider juste cette fois-ci? Je promets de te rembourser le moindre cent."

"Ma chérie, te donner de l'argent ne t'apporterait aucune aide à long terme. Nous serions ravis de te rendre ta chambre à la maison. Ce serait agréable de vous avoir toutes les deux chez nous. Et peut-être pourrions-nous t'aider à trouver quelqu'un vraiment prêt à t'aider à l'avenir puisque Michael t'a laissé tomber. Il y a d'agréables célibataires au country club. A vrai dire, ton père et moi n'avons jamais trouvé Michael à la hauteur de ton rang, de toute façon. Tu pourrais rencontrer une personne qui corresponde mieux à ta classe sociale. Tu comprends ce que je veux dire, n'est-ce pas, chérie?" Sa mère parle calmement.

Lori réfrène une envie irrépressible de lancer le téléphone contre le mur. "Maman. Merci pour ton soutien et ton amour inconditionnel. Ça signifie beaucoup pour moi." La voix de Lori dénote un ton sarcastique.

"De rien, ma chérie. Appelle-nous si tu as besoin d'autre chose," répond sa mère ignorant le ton sardonique dans la voix de sa fille.

Après avoir raccroché le téléphone, Lori s'assied à nouveau devant son bureau. Il doit bien y avoir un autre moyen. Je suis sûre que oui. Il faut que je le trouve!

 

L'hôtel miteux :

"Alors, à ton avis, de quoi Michael veut bien vouloir te parler?" demande Val pendant qu'elle ouvre et ferme méthodiquement tous les tiroirs de la pièce afin de s'assurer que rien ne sera oublié. Elle surveille Karen qui se comporte de manière automatique mais calme et pensive depuis qu'elle a laissé exploser sa colère.

"Je ne suis pas sûre," soupire Karen en pliant des vêtements qu'elle dispose dans un sac. "Je suis embarrassée : je dois reconnaître qu'il m'a appelée il y a quelques jours mais j'étais tellement prise par nos activités clandestines que je n'ai pas prêté attention à ce qu'il a dit. Je crois qu'il a parlé de problèmes entre lui et Lori."

"Oh, c'est triste. J'espère qu'ils vont vite les régler. Une séparation, c'est déjà assez dur mais ils ont en plus cette adorable petite fille."

"Je sais. Le divorce de Linda et Eric fut déjà douloureux mais au moins il n'y avait pas d'enfants impliqués."

"D'autant plus que Linda était le diable incarné," ajoute Val essayant d'alléger l'atmosphère. Elle prend un flacon de crème hydratante et se l'applique rapidement sur les mains.

"Elle n'était pas vraiment le diable incarné. Bien qu'elle avait mention "très bien" pour ses efforts," sourit Karen en se dirigeant vers la salle de bain. "Mais on ne devrait pas dire du mal des morts."

"Tu as raison," ajoute Val. Karen balaye du regard la salle de bain. Elle ouvre un tiroir et tombe sur un sac rouge à paillettes appartenant à Val. Elle le sort du tiroir et le jette maladroitement sur le dessus du meuble. Un rouge à lèvres, des mouchoirs et deux pilules rouges s'échappent du sac. Karen regarde les pilules avec insistance.

Ce sont les pilules que La B m'a données ce soir-là pour me décontracter. Ce serait bien de libérer mon esprit de tous mes soucis, même pour quelques courts instants. Tout va tellement vite. La mort d'Eric. Mon arrestation et ma nuit en prison. Maintenant, qui sait ce qui va encore me tomber dessus une fois que j'aurais vu Michael tout à l'heure. Je suis épuisée. J'ai l'impression de perdre le contrôle de tout. Si je parvenais à cacher à Mack et à Michael à quel point je souffre, alors tout irait bien. Ces pilules ne vont pas ôter ma douleur mais au moins elles m'aideraient à affronter cette journée.

Son esprit la ramène à une époque oùelle fut également sans contrôle sur les événements. Une époque où sa fille Diana tomba amoureuse d'un meurtrier, Chip Roberts; une époque où ses affrontements avec Diana avaient rompu leurs liens fille-mère; une époque où Karen avait eu recours aux tranquillisants afin d'adoucir sa peine.

Non. A quoi je pense? Je ne peux pas retomber dans ce piège. Je prendrai les événements comme ils se présentent à moi sans étouffer mes sentiments.

Elle jette les pilules dans la cuvette et tire la chasse au moment où Val entre dans la salle de bain.

"Alors, prête à partir?" demande Val.

"Oui." Karen sourit. En regardant Val, ses yeux sont pleins de fierté : elle a anéanti un démon qu'elle ne s'attendait pas à combattre aujourd'hui. "Dis-moi, est-ce que Gary continue ses réunions aux Alcooliques Anonymes?"

"Bien sûr. Il y va religieusement une fois par semaine. Et quand il doit faire face à quelque chose d'important, il y va un jour supplémentaire ou même deux pour être soutenu. Si ma mémoire est bonne, lorsque Abby a fait sauter la maison de Claudia, il a passé la moitié de la semaine aux réunions," répond Val.

"J'en suis heureuse," sourit Karen. Elle note en mémoire qu'elle ira rejoindre Gary une prochaine fois afin de pouvoir défier sa propre dépendance. "Allons-y. Retournons à l'hôtel."

 

Marriott Center City — Knots Landing, quelques heures plus tard :

Mack Mackenzie attend impatiemment dans la kitchenette de l'hôtel que le café soit prêt. Il est un peu tendu. Michael doit arriver dans quelques minutes. Son beau-fils lui avait demandé d'arranger une entrevue à trois avec lui et Karen. "Habituellement, c'est signe de mauvaises nouvelles," pense Mack, "Et je ne sais pas combien on pourra encore en supporter." Il regarde son épouse, debout sur le balcon. Karen profite de la vue du coucher de soleil sur l'océan.

"Ce panorama est la seule chose qui va me manquer ici," dit Mack en rejoignant Karen sur le balcon. Il lui tend une tasse de café. "Il me tarde tant de revenir à la maison et que la vie reprenne son cours normal."

Karen soupire. "Nous avons subi tant de douleurs et de souffrances depuis le tremblement de terre et regarde, le crépuscule est toujours aussi magnifique." Mack l'embrasse et tous deux regardent le ciel en silence.

"Quand Michael doit-il arriver?" demande Karen.

"D'une minute à l'autre." Mack change rapidement de sujet. "Toi et Val avez fini vos recherches à propos de son nouveau livre?"

"Oui. Tout est fini," répond Karen d'un air distant. "Nous avons terminé les derniers détails tout à l'heure."

"Excellent! Quel sera la sujet du livre?"

Karen hésite. Comment peut-elle avouer à son mari qu'elle et Val ont joué aux prostituées pendant plusieurs mois? Pourquoi ajouter un stress supplémentaire à une vie actuelle déjà assez surchargée émotionnellement?

Un coup à la porte lui évite de répondre à la question. Karen se précipite pour ouvrir et embrasse affectueusement son fils .

Quelques minutes plus tard, Michael est assis sur une chaise, sirotant un jus de fruit. Karen et Mack sont installés sur le divan. Michael fait tout son possible pour ne pas trembler. Sa douleur à l'estomac a irradié son corps et lui serre maintenant la gorge. Il sent une sueur froide lui envelopper tout le corps. Je ne peux pas faire ça! Il ne cesse d'y penser, encore et encore, je ne peux pas!

Un regard d'inquiétude apparaît sur le visage de Karen lorqu'elle observe son fils. "Mon chéri, je suis tellement désolée à propos de ton appel de la semaine dernière. J'étais distraite. Je me souviens que tu parlais de problèmes avec Lori..."

Michael est assis, ses tremblements se dissipent. Son esprit est en alerte. OK, nous y voilà! Dis-le! Raconte leur tout! Surmonte ta peur...

"Michael?" demande Karen avec inquiétude.

Elle regarde Mack. Celui-ci hausse les épaules. "Hé, mon garçon," dit-il joyeusement en espérant rompre la tension. "Allez, ça ne peut pas être si terrible. Tout mariage traverse des hauts et des bas, surtout les premières-- "

"Nous allons divorcer!" La voix de Michael est cassante au moment où il lance cette déclaration.

Le visage de Karen s'incline. "Oh, mon chéri! Pourquoi? Vous êtes sûrs que vous ne pouvez pas surmonter vos problèmes?"

Michael lève la tête. Il regardait son verre à l'intérieur duquel le jus tourbillonnait suite aux mouvements de ses mains. Il regarde sa mère. L'amour et l'inquiétude qu'il perçoit à travers ses yeux réduisent légèrement son sentiment de peur.

Il s'éclaircit la gorge et continue. "Ça vaut mieux ainsi pour tous les eux. Lori et moi... et Holly. L'audience pour la garde du bébé commence demain--"

"Demain?!" s'exclame Mack. "Michael! Ça fait combien de temps que toi et Lori avez des problèmes?"

Karen dépose sa tasse sur la table basse. Elle regarde droit dans les yeux de son fils et Michael lui rend le même regard. Michael ne peut se concentrer sur autre chose que les yeux de sa mère. Karen commence à comprendre de quoi il retourne réellement. Elle retient ses larmes.

"Notre mariage n'a jamais été une réussite." Michael répond à la question de Mack. "Et lorsque j'ai parlé à Lori de mon orientation sexuelle, nous avons convenu que la meilleure solution serait un divorce rapide et à l'amiable."

Karen explose en larmes. Mack, bouche bée, regarde Michael d'un air incrédule. "Ton orientation sexuelle?" demande-t-il finalement. "ORIENTATION?! Es-tu en train de nous dire que tu es HOMOSEXUEL?!!"

Michael fait un signe affirmatif de la tête. Il lui est impossible de parler. Des gouttes de sueur perlent sur son visage et son corps tout entier est moite. Michael se penche rapidement vers la table et dépose son verre sur la table. Il renverse du jus sur la moquette.

"Je ne voulais pas pleurer." Karen prend un mouchoir et s'essuie les yeux. Mais les larmes continuent à couler sur ses joues. Elle s'éclaircit la gorge. "Je ne voulais pas pleurer le jour ou j'apprendrais ça. Je me posais des questions, je devinais, je comprenais... Mais lorsqu'on vous le dit en face... L'espoir que ce n'était qu'une erreur s'évanouit. Le fait est là, clair et net. Et maintenant il faut vivre avec ça."

Mack la regarde, le visage de rage. "Tu t'en DOUTAIS?"

Karen regarde Michael qui ne daigne plus regarder ni Mack, ni Karen. "Je le sentais, plus précisément," répond-elle d'une voix plus contrôlée.

"Je n'arrive pas y croire!" Mack se secoue la tête. Il se lève tout à coup et regarde Michael. "Je... n'arrive pas à... Y CROIRE!!"

"Mack!" Karen crie d'un air menaçant. Michael observe Mack.

"Michael, tu as besoin d'une aide! Tu es perturbé... tu passes par une étape..." Mack cherche ses mots maladroitement.

"Ce n'est pas une étape," dit Michael calmement. "Je le sais depuis... des années... depuis que j'ai douze ans..."

"Douze ans?!!" s'exclame Mack, atterré. "Tu as couché avec Paige, pour l'amour du Ciel!! Tu as eu une relation avec la femme de ton frère? C'était quoi tout ça? Du théâtre?!!!"

Karen se lève. "D'accord, Mack." Elle met sa main sur son épaule. Mack se retire avec force. "Je veux qu'il me réponde!" crie-t-il en regardant Michael. "Il reste là, assis..."

"Je croyais que ça allait disparaître. Je ne voulais pas être homosexuel. J'ai tout fait pour ne PAS l'être. Mais c'est ainsi. C'est... une partie de moi-même. Elle ne disparaît pas."

"Je ne peux pas avaler ça," répond Mack sévèrement. Il se retourne vers Karen. "Je ne peux pas ACCEPTER ça!! Nous avons déjà perdu un fils, et maintenant LUI! On va finir par perdre notre petite-fille!" Mack regarde à nouveau Michael. "Je te souhaite une vie agréable - Il faut que je sorte d'ici! Je ne peux plus supporter de te voir!"

Mack se dirige vers la porte. Karen le rappelle mais Mack disparaît en trombe de la pièce en claquant la porte derrière lui.

Michael se lève. "Je ferais mieux de partir," dit-il doucement. Karen s'approche de lui. Elle met ses deux mains sur les épaules de son fils alors qu'il s'apprête à partir. Michael regarde sa mère et ses émotions le submergent. Il s'effondre. "Je suis désolé!" Il sanglote. Karen pleure à nouveau et l'embrasse contre elle. "Je suis tellement désolé, Maman!

Tellement désolé!" Ses larmes libèrent des semaines... des mois... des années d'émotions refoulées.

"Je t'aime," Karen essaye de lui dire ces mots au travers de ses propres sanglots. Elle le bouscule gentiment. "Je t'aime." Ils s'assoient sur le divan. Michael continue de pleurer à chaudes larmes et Karen ne cesse de l'étreindre en lui répétant "Je t'aime."

Une heure plus tard. La nuit a enveloppé la suite Mackenzie de l'hôtel. La seule clarté provient de la lampe située près du divan. Michael et Karen n'ont pas bougé mais Michael est assis. Il a tout raconté à sa mère et celle-ci l'a écouté en silence tout en posant une question de temps à autre. Lorsque Michael a abordé son voyage à travers le pays, c'est elle qui lui a fait admettre que c'est précisément au cours de ce voyage qu'il a eu pour la première fois une relation sexuelle avec un autre homme. Il a poursuivi sa confession en parlant de Sean et de son aveu à Lori.

"D'accord," lance Karen au moment où il termine. "Nous irons donc à cette audience au tribunal demain--"

"NOUS?" Michael secoue la tête. "J'irai seul. Il faut que tu parles à Mack."

"Il faut que tu lui laisses du temps," répond Karen. "Nous sommes d'une autre génération, Michael. Lorsque Mack et moi étions jeunes, il n' y avait pas de communauté homosexuelle visible. C'était quelque chose que l'on cachait, dont on ne parlait pas."

"Maman, Oncle Joe n'a pas hésité à parler de son homosexualité à moi et Lori lorsqu'on vous attendait au restaurant. Mais il m'a dit qu'il n'en avait jamais parlé avec toi."

Karen soupire. "C'est exactement ce que je voulais dire. Diana m'a dit que Joe était homosexuel, il y a de cela des années, peu après qu'elle a déménagé à New York. Mais moi, je ne peux pas aborder le sujet avec lui. Tu comprends? C'est à lui de m'en parler en premier."

Michael hoche la tête. "Je l'ai dit à Paige. Elle a été super, elle m'a tant aidé. Il faut que j'en parle à Diana maintenant et à Meg."

"Attendons que Mack se soit fait à cette idée avant d'en parler à Meg. Et Diana m'a déjà demandé une fois si je croyais que tu étais homosexuel."

"Quand?" demande Michael, surpris.

"Avant ton mariage avec Lori."

Michael soupire. "Lori. Regarde à quel point je l'ai blessée. Et comment Holly va-t-elle affronter tout ça?"

Karen regarde son fils avec insistance. "Holly va grandir et te comprendras si tu arrêtes de te sentir coupable pour quelque chose contre laquelle tu ne peux rien. Il faut que tu redresses la tête. Tu es un homme brillant, talentueux et surprenant..." Karen pleure à nouveau, incapable de finir sa phrase.

"Merci, Maman," dit Michael les larmes aux yeux. "Merci d'être aussi compréhensive."

Karen lève le regard subitement. "Michael, il faut quand même que je te dise... Je ne comprends pas. La communauté homosexuelle et son mode de vie me sont complètement étrangers. Et je te mentirais si je disais que je suis heureuse de cette situation. Mais je veux que tu saches que je t'aime beaucoup et je t'accepte comme tu es. Je ne peux m'imaginer penser à toi autrement qu'en termes de fierté." Ils s'embrassent tendrement.

Michael se lève. "Il faut vraiment que j'y aille. Ça va aller?"

Karen se lève aussi et tous deux se dirigent vers la porte. "Oui, ça va aller," répond-elle. "Et toi?"

"Je me sens ... vide," répond Michael. "Mais je sais que j'éprouverai un immense soulagement une fois que mes sentiments réapparaîtront. Et en ce qui concerne Mack?"

Karen ouvre la porte. "Je m'occupe de Mack. Je veux que tu m'appelles immédiatement après l'audience pour la garde du bébé demain."

"D'accord, Maman. Je t'aime." Michael embrasse la joue de Karen et entre dans l'ascenseur du corridor. Karen ferme la porte doucement. Elle reste collée contre cette porte quelques instants. Elle prend son téléphone portable et va vers le balcon. La brise de l'océan a éloigné les nuages. Les étoiles brillent dans le ciel. La circulation sur l'Autoroute de la côte Pacifique ronronne au loin. Karen laisse perler quelques larmes sur ses joues sans les frotter. Elle respire profondément et compose un numéro sur son portable.

Karen entend la tonalité, ensuite "Vous êtes bien au 212-555-7832. Si vous désirez laisser un message à Joe Cooper, appuyez sur un; à Jaimie Reeves, appuyez sur deux."

Karen appuie sur la touche une. "Bonjour! C'est ta soeur." Sa voix est empreinte d'émotion. "Tu te souviens quand on était enfants et qu'on se donnait de l'argent pour s'avouer nos petits secrets? Et bien, prépare ta carte de crédit : j'ai des choses à te dire." Elle hésite une seconde et ajoute ensuite, "Et, Joe, je crois que toi aussi. Appelle-moi vite!" Karen éteint son téléphone et admire les étoiles.

 

Buenos Aires, Argentine — Le lendemain :

Après avoir débarqué à l'Aéroport international d'Ezeiza la soirée précédente, Nick est finalement parvenu à son hôtel somptueux, le Palace Alezar, situé dans le centre de Buenos Aires. Au moment où il pénètre dans le hall d'entrée, un sentiment d'excitation parcoure son corps. Il ne lui arrive pas souvent de voyager en première classe, du moins sans utiliser la fraude ou l'extorsion de fonds. Il se dirige spontanément vers le bureau des réservations.

"Bienvenido al Argentina! Bienvenue en Argentine et au Palace Alezar, Monsieur! En quoi puis-je vous être utile?" s'enquiert le jeune homme derrière le bureau de la réception.

Nick répond de manière empressée, "La chambre de Schillaci... Nicholas Schillaci. Je crois que vous m'avez réservé la chambre 80..."

"Oui, la suite El Diamante, comme vous l'avez demandé, Monsieur. Je dois dire qu'il s'agit là d'un choix excellent," ajoute le steward.

"Ecoutez, j'ai beaucoup de travail et je ne veux pas être dérangé. Lorsque j'ai réservé la suite, on m'a assuré qu'il n'y avait qu'une seule autre chambre à l'étage. Je suppose que c'est exact?" enquête Nick.

"Oui, Monsieur, c'est bien cela. Votre suite partage l'étage avec la chambre 802, la suite La Luna."

"Parfait!" s'exclame Nick. Il prend la clé et se dirige vers l'ascenseur. En montant vers sa suite qui domine le Palace, Nick sourit de satisfaction. Parfait est le mot, pense-t-il. Oh, Toubib, tu as rendu les choses si faciles. Combien de fois ta maman t'a dit de ne pas laisser traîner des détails précis concernant tes affaires privées. Surtout si ces détails consistent en des bouts de papier qui peuvent atterrir dans les mains de n'importe qui. Il m'a suffi des les reconstituer morceau par morceau et de te suivre à travers le monde. Vous avez mal fait votre boulot, docteur. Nick sourit à nouveau.

L'ascenseur s'ouvre et révèle un petit corridor élégant qui réunit les suites 801 et 802. Nick jette un oeil sur la plaque "802" et pense : Je me demande si le docteur est là?

Il pénètre dans ses appartements spacieux, où ses bagages ont déjà été déposés. Il se met vite en action. Il court vers le mur qui jouxte la chambre 802 du Docteur Jacobs et tend l'oreille afin d'écouter. Il n'entend rien. En se dirigeant vers la salle de bain, il note un bruit de l'autre côté du mur. C'est un bruit d'écoulement régulier, à l'instar de celui que ferait une douche qui coule. Nick est à la fois intrigué et satisfait. Mon Dieu, ça ne fait que deux minutes que je suis arrivé! Il n'aurait jamais imaginé que tout aille aussi vite mais il sait qu'il doit saisir l'occasion maintenant au risque de tout perdre.

Sans hésitation, Nick se précipite dans la chambre à coucher et ouvre sa valise. Il en sort une valisette noire. Il se faufile dans le corridor jusqu'à la porte du docteur. En observant la serrure, il murmure: "Ha, un jeu d'enfant!" Il déboîte sa valisette d'où apparaissent ses outils de travail : une ribambelle d'ustensiles miniatures destinés à forcer les dispositifs de serrures. Après quelques maniements, la serrure s'ouvre dans un cliquetis sec.

Nick ouvre la porte très légèrement et attend. Il est soulagé d'entendre que l'eau dans la salle de bain s'écoule à allure régulière et il peut également entendre l'écho des faibles sifflements du docteur sous la douche. Il continue donc à s'avancer. Il balaye la pièce du regard qui est parfaitement ordonnée. Il regarde dans la penderie où une rangée de costumes bleus identiques sont suspendus, enveloppés dans leur sac de nettoyage à sec. Le bureau est parfaitement en ordre et le lit est fait.

"Allez, Toubib, lance-moi un os! Oùest ce coffre?" murmure Nick d'un ton agité. A ce moment, son attention est attirée par un objet marron qui dépasse du dessous du lit. Il se précipite et y découvre un attaché caisse. C'est trop gros pour être le coffre de l'hôtel. Il sourit. Une fois de plus, tel un chirurgien attentif, il utilise plusieurs outils qu'il manipule rapidement et avec précision.

Il parvient à ouvrir l'attaché caisse et y voit des tas de documents. Des rames entières de papier qui décrivent un charabia hautement scientifique. Nick comprend très vite que ces documents ne seront d'aucune utilité. Cependant, lui, l'extraordinaire escroc de haut niveau, sait bien que pour découvrir ce que l'on cherche, il faut parfois aller au-delà de l'évidence. Dans ce cas-ci, il analyse ce qui pourrait être dissimulé dans le revêtement de l'attaché caisse.

La douche continue de couler pendant que Nick tâte de ses doigts la surface de l'attaché caisse. A l'arrière de celui-ci, Nick sent une protubérance inhabituelle qu'il perçoit comme une petite plaque secrète. Il essaie de la détacher mais elle ne bouge pas.

A ce moment précis, le téléphone retentit fortement. Nick est surpris.

Il continue de manipuler furieusement cette petite plaque. Finalement, il parvient à l'arracher en tirant puissamment. Une autre clé y était cachée dessous.

Le téléphone sonne à nouveau. Cette fois, la douche s'arrête soudainement.

"Bon sang, il arrive!" chuchote Nick. Il reprend sa valisette d'instruments et en ressort un petit rectangle de cire. Il presse fermement la clé contre la cire afin que le dessin de la clé s'y imprime. Juste au cas où je tombe sur un serrure impossible à ouvrir, pense-t-il.

Le téléphone sonne une troisième fois et il entend le docteur s'envelopper d'une serviette ou d'un peignoir de bain.

Nick replace rapidement la clé dans son compartiment non sans avoir lu l'inscription qui y est indiquée. Il referme l'attaché caisse et l'engouffre sous le lit. En deux ou trois pas, Nick se retrouve à la porte d'entrée, l'ouvre et disparaît juste au moment ou le docteur pénètre dans la chambre afin de décrocher le téléphone.

De retour dans sa chambre, Nick soupire de soulagement après cette petite visite. Il observe la marque de la clé sur la cire et se souvient, intrigué, de l'inscription mentionnée sur la clé. Hotel Miramar Chambre 404.

 

Le bureau de Abby au Groupe Sumner :

"Madame Ewing, Steve Corbin de la First California Bank est en ligne," déclare Jill à l'interphone. Abby relève la tête de son écran d'ordinateur, un sourire irrité sur le visage.

"Je ne connais aucun Steve Corbin. C'est Henry Stevens qui s'occupe de mes comptes bancaires," répond Abby au travers de l'interphone. "Prenez le message. Ensuite, jetez-le."

"J'ai essayé mais il insiste vraiment. Il a mentionné qu'il voulait s'assurer du suivi concernant une aide qu'il aurait apportée à une de vos associées la semaine dernière," explique Jill.

"Vraiment? D'accord, Jill, passez-le moi," ajoute Abby curieusement en prenant le téléphone. "Abby Ewing."

"Madame Ewing, bonjour! Steve Corbin de la First California. Désolé de vous déranger. Je comprends à quel point vous êtes occupée. Je désirais simplement me présenter à vous et vous dire que je suis disponible pour toutes vos transactions bancaires. L'aide que j'ai pu apporter à votre associée n'est que la partie visible de l'iceberg," explique-t-il sans reprendre son souffle.

"Mon associée?" demande Abby.

"Oui. Une certaine Madame Fairgate. Habituellement, nous ne faisons pas ce genre d'exceptions, mais lorsqu'elle a mentionné l'association qui unissait sa compagnie à la votre, nous avons été ravis de répondre à ses exigences."

"Sa... compagnie?" demande Abby.

"C'est exact. Le bureau d'avocats Bennett Thompson. Nous avons été très heureux d'entamer la procédure d'ouverture du compte bancaire sans exiger les documents nécessaires," poursuit-il.

"Bien sûr," répond Abby. Elle sort son carnet de chèques de son sac et regarde le duplicata au carbone d'un chèque de 50.000 dollars tiré au nom de Bennett Thompson. "Et je suppose que vous n'avez eu aucun problème pour encaisser mon chèque?"

"Absolument aucun," répond-il. Abby ferme les yeux et se secoue la tête. "Cela dit, si vous rencontrez Monsieur Thompson dans un proche avenir, nous apprécierons sincèrement que vous lui mentionniez le fait que nous avons toujours besoin des documents en question."

Je ne manquerai pas de lui faire savoir," répond Abby, les yeux grand ouverts et empreints de colère. "Je dois vous quitter maintenant."

"Certainement, certainement. Ecoutez, pourriez-vous me fixer un rendez-vous? J'ai quelques produits qui vous étonneraient," dit-il d'un ton volontaire.

"Oh, mais vous m'avez déjà étonnée," répond-elle. "Je vous rappelle."

"Parfait, laissez-moi..." ajoute-t-il avant d'être coupé par Abby qui raccroche le téléphone. Elle regarde le téléphone en silence. En un instant, elle le pousse brusquement avec sa main et l'envoie s'écraser au sol dans un bruit fracassant.

"Ainsi donc... Lori croit qu'elle peut se jouer de moi?" dit-elle à voix haute.

 

Le tribunal du comté de Los Angeles :

Michael, Lori, Janice, Paige ainsi que l'avocat de Lori sont assis patiemment dans la salle du tribunal, vide.

"Oh, Michael, je suis désolée." Paige parle à voix basse afin de s'assurer que Lori ne l'entende pas. "Je ne peux pas croire que Mack ait réagi comme un minable."

"Vraiment?" demande Michael avec un demi sourire. "Pourtant, il a toujours mal réagi à tes nouvelles. Quand tu fréquentais Greg, et ensuite quand tu fréquentais Tom. Et quand tu est retournée vivre avec Greg..."

"Oui." Elle sourit à son tour. "Mais malgré ça, il ne m'a jamais tourné le dos. Ça a déjà été pénible pour toi d'annoncer ton homosexualité à Karen et Mack. Sa réaction à chaud n'a pas dû t'aider."

"A vrai dire, je suis tellement heureux d'avoir libéré ce poids de ma poitrine que leur réaction m'importe peu en fin de compte," dit Michael avec soulagement. "J'espère que Mack va revenir vers moi. S'il ne le fait pas, ce sera à moi de rétablir le contact--"

"LEVEZ-VOUS!" s'exclame l'huissier du tribunal, interrompant Michael. La petite assemblée se lève. "Le Tribunal du District de Los Angeles est en session. La cour est présidée par l'honorable Lillian Marks."

"Asseyez-vous," lance le Juge Marks. Elle prend place et se met à feuilleter un dossier. "Il s'agit d'une audience préliminaire afin déterminer la garde temporaire de Holly Fairgate suite à la séparation et à la procédure de divorce entamée par ses parents Michael et Lori Fairgate. La plaignante est Madame Fairgate. Les deux parties sont-elles présentes aujourd'hui?"

"Oui, Votre Honneur," s'exclament à l'unisson Janice ainsi que l'avocat de Lori.

"Bien. Madame Fairgate exige la garde unique de l'enfant mineure sans que le père, Monsieur Fairgate, ne puisse bénéficier d'aucun droit de garde ni de visite. Il s'agit là d'une position extrême envers laquelle je ne suis pas favorable. Il faudra donc m'en convaincre," explique le Juge Marks sévèrement.

"Oui, Votre Honneur. Robert Jones au nom de la plaignante. Madame Fairgate a entamé une procédure de divorce sur la base des récentes révélations faites par Monsieur Fairgate, à savoir qu'il reconnaît être homosexuel. Tout le mariage fut bâti sur un mensonge."

"Objection, Votre Honneur," lance Janice.

"Etablissons quelques règles fondamentales," soupire le Juge Marks. "Ceci est une audience et non pas un procès. Laissons donc à Madame Fairgate la possibilité d'expliquer son point de vue. Ensuite, Monsieur Fairgate aura la possibilité de présenter le sien. Vous êtes d'accord?"

"Je suis d'accord," acquiesce Janice. Elle se rassied.

"Madame Fairgate est inquiète au sujet de la découverte de l'orientation sexuelle de Monsieur Fairgate. L'exploration d'un milieu qui résulterait de cette prise de conscience pourrait s'avérer préjudiciable pour leur jeune enfant. Nous sommes inquiets quant à certaines situations face auxquelles Holly Fairgate pourrait être exposées. Jusqu'à présent, Monsieur Fairgate entretient d'ailleurs une relation adultérine homosexuelle avec un certain Monsieur Sean Bartell."

"Comment oses-tu, espèce de petite garce!" s'écrie Paige, pleine de rage. Elle se lève et s'attaque à Lori.

"De l'ordre!" s'exclame le juge en frappant son maillet. Janice attrape le bras de Paige et la repousse. Lori lance un sourire narquois vers Paige, bouillonnante.

"Qui êtes-vous?" demande le juge.

"Paige Matheson," répond-elle. "La belle-soeur de Michael."

"Mademoiselle Matheson, votre présence n'est pas requise dans ce tribunal. Un autre débordement de ce genre et je vous fait expulser. Sommes-nous clairs?"

"Oui, Votre Honneur," répond Paige. Elle reprend son calme et se rassied tout en continuant à fusiller Lori du regard.

 

Le bureau de Tim Murphy — conseiller juridique en chef du Groupe Sumner :

"Tim, bonjour, comment allez-vous?" demande Abby avec un sourire radieux.

"Abby, en voilà une surprise. Que puis-je faire pour vous?" demande-t-il. Il ôte ses lunettes et prend du recul sur sa chaise.

"Je me demandais si vous aviez eu le temps de vérifier le nom de cet avocat dont je vous avais parlé."

"En effet. Bennett Thompson." Il fait un signe de la tête. "Êtes-vous sûre que ce nom est correct?"

"Oui, j'en suis sûre," répond Abby d'un ton innocent.

"Il n'existe aucun avocat en activité de ce nom dans cette ville. Et j'ai vérifié avec un ami à l'Ordre National des Avocats. Il n' y a aucun avocat diplômé à ce nom," explique-t-il.

"Hmm." Abby sourit. Son visage reste de marbre et ne trahit pas la colère qui bouillonne en elle. "Je suppose que j'ai mal retenu le nom."

"Je m'en doutais." Tim sourit d'un air condescendant. "Ça me rappelle l'époque où Galveston était encore ici quand il recherchait--"

"Ecoutez, Tim, je suis déjà en retard pour mon prochain rendez-vous. Mais j'écouterais volontiers votre histoire fascinante une autre fois," l'interrompt Abby. Elle se dirige vers la porte. "Merci d'avoir fait ces vérifications, Tim."

"A votre service," répond Tim. Abby referme la porte et ensuite s'y appuie. Elle soupire.

"Lori, Lori, Lori. Tu ne sais pas qu'il ne faut jamais prendre Tante Abby pour une imbécile?"

 

Le tribunal :

"Bien, Monsieur Fairgate, voulez-vous défendre votre point de vue?" demande le juge.

"Merci, Votre Honneur." Janice se lève. "Janice Gladstone-Olsten au nom du défendeur. Monsieur Fairgate désire uniquement ce qu'il y a de mieux pour sa fille. Son orientation sexuelle n'a aucun rapport avec ses facultés parentales. Lui n'exige pas que son épouse soit exclue de la vie de sa fille. Il désire simplement la garde conjointe de l'enfant afin de poursuivre la relation d'amour forte et positive qu'il a établie avec sa fille."

"Merci. L'audience est suspendue une heure afin d'étudier cette affaire," annonce le juge en frappant de son maillet. Michael regarde Lori et secoue la tête en pensant : Me déteste-t-elle à ce point?

 

L'appartement de Sean Bartell :

L'occupant des lieux a été absent pendant plusieurs semaines et vient à peine de rentrer. Il dépose sa valise et passe en revue son courrier. Il met son répondeur en route :

"Salut, Sean. C'est moi," la voix de Michael se fait entendre. "Je ne sais pas pourquoi tu n'es pas revenu plus tôt cette semaine comme tu l'avais prévu. Je me suis senti bête à t'attendre à la porte de débarquement."

Sean pense. Peut-être parce que je n'étais pas d'humeur à me retrouver en première ligne dans ta procédure de divorce. Ou bien que je n'avais pas envie d'affronter ta femme qui m'a hanté des milliers de fois, me torturant l'esprit quant à savoir si oui ou non je lui volais son mari.

"De toute façon, on pourra en discuter plus tard," la voix de Michael continue à travers le répondeur. "Je ne sais pas comment tu vas réagir, mais sache que j'ai révélé mon homosexualité à Maman et à Mack hier soir. Je vais au tribunal aujourd'hui pour la garde de Holly et je ne voulais pas que mon homosexualité soit révélée en public avant que Mack et ma mère ne soient au courant. Je te raconterai tout ça plus tard, d'accord? Je te rappelle. Bon retour à la maison. Tu m'as manqué."

Sean regarde le répondeur et se secoue la tête, le regard empreint de colère et de déception.

 

Le tribunal - une heure plus tard :

"Merci de votre patience, Mesdames et Messieurs," annonce le Juge Marks. Elle feuillette quelques documents juridiques. "Je suis fermement attachée aux valeurs familiales traditionnelles. La rupture de l'unité familiale m'attriste personnellement."

Michael prend peur en écoutant les propos du juge.

"Cependant," continue-t-elle. "Dans le vie, des événements de ce genre peuvent survenir et il appartient au tribunal de décider ce qu'il y a de mieux pour la petite Holly. En pesant tous les arguments que j'ai entendus aujourd'hui, la cour décide que la garde de l'enfant sera attribuée à--"

"Votre Honneur, excusez-moi." L'huissier interrompt le juge. Cette dernière regarde avec impatience dans sa direction. "Le greffier vient de nous signaler la présence d'un témoin qui aurait des éléments importants concernant cette audience."

Un témoin? se demande Michael. Son visage et celui de Lori sont surpris. Qui cela peut-il être? Maman? Mack? Sean? Oh, non, s'il vous plaît, pas Sean. Il ne ferait rien qui puisse me faire perdre ma fille, n'est-ce pas?

"Cette audience ne nécessite aucun témoin," lance le juge d'un ton autoritaire.

"Les informations de ce témoin sont fondées et capitales," répond l'huissier.

"Entendu. Faites entrer," accepte le juge. "Mais j'espère que cela présente un intérêt." Tous les regards se tournent vers la porte du tribunal. L'huissier l'ouvre solennellement, pendant que l'image... Disparaît... Fin de l'Episode 13.

 

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TOUT LE CONTENU DE CETTE HISTOIRE POUR KNOTS LANDING REBORN / COTE OUEST, LE RETOUR © DE JACK A. EDGAR AND ET DE L'EQUIPE DE SCENARISTES DE KNOTS LANDING REBORN.

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