Le lendemain, au Groupe Sumner :

"Lydia! Il faut que je voie Lydia immédiatement. Où est-elle?" Abby crie à qui veut l'entendre.

Tout le monde s'éloigne d'Abby aussi loin que possible. Il est rare qu'elle se montre aussi irritée au travail et personne ne sait exactement réagir. Chaque collaborateur sait tout de même qu'il ne vaut mieux pas trop se faire remarquer lorsqu'elle est dans un tel état.

Lydia sort de l'ascenseur et prend acte de la situation. Elle se dirige calmement vers Abby. "Vous vouliez me voir?" dit-elle, en regardant Abby dans les yeux.

Les employés retournent calmement à leurs occupations mais sont secrètement soulagés que Abby a mis la main sur l'objet de sa crise de nerfs et que personne n'a été pris dans la tempête.

"Oui, Lydia. Je vous cherchais. Venez dans mon bureau s'il vous plaît," répond Abby d'une voix glaciale. Elle a retrouvé son calme.

Lydia sait ce qui l'attend. Elle se prépare au pire. Elle a très vite compris, après avoir vu à la télévision le reportage peu flatteur de Janet Poston, qu' Abby serait furieuse. Heureusement, elle a eu assez de temps pour concevoir une solution qui permettra de transformer ce désastre médiatique en un événement positif. Elle pourra ainsi revenir dans les bonnes grâces d'Abby.

"Pourriez-vous m'expliquer, alors que je crois disposer d'un personnel compétent, comment une brunette en queue-de-vache a pu diffuser un reportage aux informations que je qualifierais de DESASTRE EN RELATIONS PUBLIQUES?" Abby lance son agrafeuse sur la table.

Je dois lui reconnaître cette qualité. Personne d'autre n'est capable de lancer des objets tout en conservant un contrôle total de soi. Abby Ewing est unique en son genre, pense Lydia tout en préparant sa déclaration.

"Et bien, je ne crois pas qu'il faille y voir un désastre en relations publiques, Madame Ewing. Je pense que ce reportage peut-être utilisé à notre avantage," annonce Lydia, d'une voix monocorde.

"L'utiliser à notre avantage? Le reportage nous a dépeint comme mesquins, sans coeur et insensibles face à la misère d'autrui. Et vous pensez que ça pourrait nous profiter?" demande Abby, incrédule.

"C'est bien cela," répond Lydia simplement.

"Pourriez-vous être un peu plus prolixe? Ou bien essayez-vous délibérément de me laisser dans l'obscurité afin de pouvoir imaginer un hypothétique plan de secours?" s'enquiert Abby d'un ton sarcastique.

"Ecoutez, je crois que nous pouvons profiter de cette opportunité afin de lancer un vaste programme de construction de logements sociaux pour les plus défavorisés. Le nom du Groupe sera mis en lumière de manière positive. Et nous pourrons apporter notre pierre à l'amélioration de la vie de la communauté par la même occasion," termine fièrement Lydia.

Abby perçoit la fierté de Lydia dans sa capacité à atténuer les dommages du reportage télévisé et à les transformer en programme fabuleux. Je ne vais quand même pas la laisser s'en tirer aussi facilement. Je ne veux pas qu'elle attrape la grosse tête pour une idée somme toute très simple, pense Abby.

"Lydia, là n'est pas la question. Le fait est que ce reportage n'aurait jamais dû être diffusé. Il ne faut plus que cela se reproduise. Nous ne pouvons nous permettre une publicité négative aussi bien pour le Groupe que pour votre carrière. Vos fonctions impliquent que je ne doive pas m'occuper de problèmes de ce genre!

Lydia est décidée à rester impassible d'apparence, malgré son coeur battant à vive allure et ses mains tremblantes. "Je comprends votre point de vue, Madame Ewing. Cependant, ce qui est fait est fait. Etant donné que ne nous pouvons plus inverser la vapeur, autant profiter de la situation," propose Lydia, sans reprendre son souffle.

Abby réfléchit quelques secondes. Son idée pourrait fonctionner. Voilà le moyen idéal que nous recherchions pour améliorer notre image de marque.

"Lydia, j'ai un million de choses à faire aujourd'hui. Toute idée complémentaire pourra être étudiée au cours de la prochaine réunion. Il faut vraiment que je m'attaque à des affaires plus urgentes," dit Abby d'un ton péremptoire.

"Madame Ewing, avant de terminer cette conversation, puis-je vous rappeler que mes fonctions au sein du Groupe dépendent directement de Monsieur Sumner? Je ne fais donc PAS partie de votre personnel," explique-t-elle. Elle est consciente qu'elle vient probablement de dépasser une des limites à ne pas franchir.

"Vous avez tout à fait raison, Lydia. Dans mon personnel, vous n'auriez pas durer cinq minutes. Mes collaborateurs savent comment s'adresser à moi correctement." Abby fixe ses yeux sur la porte pour que Lydia s'en aille. "Laissez-moi vous rappeler que, dans cette entreprise, il n'y a de la place au niveau suprême, que pour une seule arriviste. Et cette place est déjà occupée." La femme d'affaires confiante laisse échapper un léger rire et inspire profondément afin de réitérer son sentiment de supériorité. Elle ajoute "Lydia, vous êtes pleine de promesses. Mais vous avez encore besoin d'apprendre certaines choses, et comme je l'ai déjà dit à tant d'autres avant vous... il vaut mieux être avec moi que contre moi. C'est clair?"

"Comme de l'eau de roche." En sortant, Lydia sourit. Hmmm, cette attitude défensive me dit qu'elle a dû vraiment apprécier mon idée!

 

L' hôpital :

Betsy court vers l'ascenseur après avoir vu Meg en sortir. Elle est restée à l'hôpital avec Bobby toute la journée et ne peut plus supporter d'être enfermée à l'intérieur.

"Meg! Enfin te voilà! Il faut que je sorte d'ici. Je suis prise au piège dans ce bâtiment!" s'exclame-t-elle sur un ton mélodramatique.

"Oh, pauvre Betsy! Une journée entière sans faire de roller?" demande Meg avec un petit sourire.

"C'est pas drôle, Meg. Tu peux pas comprendre. Ça fait deux jours que je ne me suis plus entraînée du tout!" se lamente Betsy.

"Et bien, va faire du roller autant que tu veux. Tu es libre!" Meg se dirige vers la chambre de Bobby.

"Au revoir Meg! A plus tard." Betsy se dirige vers l'ascenseur.

Meg frappe doucement à la porte de la chambre de Bobby. Elle ressent tout à coup une certaine nervosité et ne sait plus comment agir. Maintenant que Bobby a frôlé la mort, elle comprend à quel point il compte pour elle et elle n'arrive plus à interpréter ses propres sentiments.

"Entrez!" crie Bobby.

Meg entre prudemment. Elle s'attendait au pire mais est agréablement surprise de voir que Bobby a toujours la même apparence depuis l'explosion. Des coupures visibles et quelques ecchymoses lui recouvrent le corps.

"Salut Bobby," dit-elle timidement.

"Enfin te voilà! Si j'avais dû encore écouter Betsy une minute de plus, j'aurais appeler le docteur pour qu'il libère mes poignets!" s'écrie Bobby en riant. "C'est vrai, quelle plaie! Qu'est-ce qui la tracasse de toute façon? Elle ne met jamais le nez en dehors de ses bouquins pour voir s'il y a des mecs qui la matent."

"Pourtant il y a pas mal de garçons qui aimeraient sortir avec ta soeur," répond Meg.

"Oui, c'est vrai," lâche Bobby. Meg continue à le regarder. "Quels garçons?"

"Je ne crois pas que tu sois encore prêt à accepter le fait que des garçons puissent s'intéresser à ta soeur, Monsieur le Dur. Je lui ai dit qu'elle pouvait partir. Elle était ravie de s'en aller," ajoute Meg.

"Et toi, comment ça va? Tu m'as manqué!" dit Bobby d'un air enthousiaste.

Il sait toujours quoi dire, alors que moi je suis bêtement assise à écorcher tous mes mots comme une idiote, pense Meg en baissant la tête.

"Tu m'as manqué aussi," répond-elle finalement.

"Allez, Meg. Ne fais pas cette tête d'enterrement. Je vais bien. Rien de grave. D'accord? Tout va bien se passer." Bobby la réconforte.

"Mais, Bobby quelqu'un est mort, et ça aurait pu être l'un de nous," rétorque Meg. Elle essaie de justifier la raison pour laquelle elle est encore tant perturbée par l'accident.

"Oui, je sais," répond Bobby. Il évite les yeux de Meg.

"Quand je me suis rendue compte que je pouvais te perdre, j'ai compris combien tu étais important pour moi. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si le pire t'était arrivé," poursuit Meg.

"Et je ne sais pas ce que j'aurais fait si le pire t'était arrivé, Meg. Je suis allongé ici toute la journée et je n'arrête pas de penser que je t'ai mise en danger. Si tu avais été blessée, je m'en serais senti responsable. Je suis désolé pour tout ça," déclare Bobby dans un de ses rares moments de tristesse.

"Ce n'est pas ta faute. C'est MOI qui t'ai demandé de m'accompagner au Groupe Sumner. Tu ne pouvais pas savoir que-" Meg est interrompue par la porte qui s'ouvre.

"Maman, Papa!" s'exclame Meg, surprise de voir ses parents.

Juste derrière eux, Bobby aperçoit ses parents. Super le timing. Pour une fois que j'étais seul avec Meg...

Karen, Mack, Val et Gary ont les visages graves. Ils embrassent les deux adolescents. Meg et Bobby se lancent un regard réciproque d'inquiétude.

"Hé, qu'est-ce qui se passe? Je suis vivant, vous vous souvenez?" plaisante Bobby en essayant de rompre la soudaine tension.

"Ce n'est pas drôle, Bobby," dit Gary d'une voix grave.

Val regarde Bobby et lui dit, "Non seulement tu as mis ta vie en danger, mais tu as mis aussi celle de Meg. Tu as de la chance que cela se soit terminé ainsi. Aussi dramatique qu'est la situation, elle aurait pu être encore plus tragique."

Bobby regarde le sol et ne dit rien. Il sait que ses parents ont raison et, pour une fois, il ne sait plus quoi dire.

Gary intervient. "Sans oublier le fait que tu nous aies délibérément désobéi. Nous t'avions dit de ne pas prendre ma voiture, mais tu n'en as rien fait. C'était un manque de respect qui s'est avéré extrêmement dangereux."

Bobby aurait préféré tout à coup que Meg ne soit pas dans cette chambre. Il est terriblement gêné et ne veut pas qu'elle assiste à ces réprimandes.

"Je sais. Je suis désolé," répond Bobby d'une voix calme.

Un silence s'installe dans la chambre avant que Mack ne vienne le couper. "Bobby n'est pas le seul coupable. Meg, tu es assez grande pour prendre tes propres responsabilités. Tu n'avais rien à faire au Groupe Sumner et tu ne devais pas monter dans cette voiture alors que ta mère et moi t'en avions formellement interdit."

Meg évite les regards de ses parents. "Je sais. Ce n'est pas la faute de Bobby. C'est moi qui ai voulu y aller."

Karen regarde sa fille même si Meg ne lui rend pas son regard. "Meg, plus tu grandis et plus tu veux des privilèges. Cette liberté implique des responsabilités. Si tu n'agis pas de manière responsable, nous ne pouvons te donner la liberté que tu désires."

"Ça vaut pour tous les deux," ajoute Val.

Les deux enfants ont la tête baissée. Aucun d'eux ne parle. Ils savent pertinemment qu'ils sont les seuls responsables de cette situation et que leurs parents ont raison.

"Nous avons pris quelques décisions avant de venir ici. Bobby, tu vas nous rendre ton permis de conduire ainsi que les clés de ta voiture. Tu as démontré que tu n'étais pas encore prêt pour de telles responsabilités. Tu es privé de sorties pendant un mois," expose Gary, le regard droit dans les yeux de son fils.

Meg sent son corps se crisper. Elle comprend qu'elle est la prochaine. Même si elle sait qu'elle est en fait l'unique responsable dans toute cette affaire, elle n'a aucune envie d'entendre la sentence de son père.

"Meg, quant à toi, tu es également privée de sorties pendant un mois. Tu devras t'habituer à la famille parce que ce sera ta seule vie sociale au cours des prochaines semaines," dit Mack.

"Allez, Meg, il est temps de rentrer à la maison. Laissons Val, Gary et Bobby seuls. Ils ont encore beaucoup de choses à se dire," ajoute Karen. Elle prend sa fille par l'épaule.

"D'accord. On peut avoir une minute pour se dire au revoir?" implore Meg.

Karen accepte et les quatre adultes sortent de la chambre d'hôpital.

"Bon. Et bien nos vies sont foutues maintenant," soupire Bobby.

"On l'a bien mérité je crois," répond Meg d'un air coupable.

"Ecoute, on ne va pas les laisser nous empêcher de se voir pendant un mois. J'ai déjà pensé à un plan. Tant que je suis ici, ils ne peuvent pas surveiller mes coups de téléphone. Betsy sera notre intermédiaire. De toute façon, nos parents sont toujours ensemble pour des dîners ou d'autres affaires. Ne t'inquiète pas, on va s'en sortir. C'est moi le pro!" Bobby essaie de retrouver le sourire.

"J'espère que ça va marcher, Bobby, parce qu'un mois c'est vraiment trop long." Elle se tait un court instant. "Je suis contente que tu ailles bien."

Bobby reste silencieux quelques secondes. "Je suis heureux que tu n'ais pas été blessée. Je ne sais pas ce que j'aurais fait autrement," dit-il.

Ils ne disent plus un mot. Bobby se penche et embrasse Meg. Elle ferme les yeux et apprécie cet instant car elle sait qu'il ne se reproduira peut-être pas avant longtemps.

Meg se dirige vers la porte et regarde Bobby avant de sortir. Il sourit et lui fait un signe de courage avec son pouce. "Ne t'inquiète pas. Tout ira bien," dit-il.

 

L'hôpital Notre Dame du Mont Carmel - Département de cancérologie, Chicago, Illinois :

"Je ne suis pas assez payée pour ça!" marmonne Janice. Son visage arbore un sourire en demi-teinte où se mêlent à la fois agacement et anxiété. Elle pénètre le hall d'un des hôpitaux spécialisés en cancérologie les plus prestigieux du monde. Son irritation exprime une journée fatigante faite de vols retardés et de réservations incorrectes entre la Californie et l'Illinois. Janice est éreintée et a l'impression qu'il est plus de minuit. Un coup d'oeil rapide sur sa montre lui indique cependant qu'il n'est que 17h15. Elle se dirige vers le bureau des infirmières dans l'aile des pathologies cancéreuses du cerveau. Elle ressent des courbatures après ce pénible voyage.

"Excusez-moi, je m'appelle Janice Gladstone-Olsen. J'avais un rendez-vous avec le Docteur Bruce Keller à 17 heures. Je suis-"

"En retard," déclare l'infirmière d'un ton critique. "Je suis désolée mais il a dû assister à une opération chirurgicale de première urgence."

"Je comprends," répond Janice, abattue par cette information. "Quand pourrais-je lui parler?"

"Je suis navrée," explique l'infirmière, "mais le Docteur Keller quitte Chicago ce soir afin de participer à une conférence. Il ne sera de retour que samedi prochain."

"Magnifique!" Janice est quasiment au bord des larmes. "Le parfait dénouement à cette affreuse journée!" Elle reprend ses esprits et adresse ses excuses à l'infirmière. "Je suis désolée mais j'ai voyagé à travers tout le pays, j'ai dû faire face à une série de retards, à la grève des pilotes, à la disparition d'une de mes valises et voilà que maintenant, le Docteur-"

"Et bien, il fait calme alors dans cet hôpital," s'exclame une voix. Janice se retourne et aperçoit un petit homme trapu et grisonnant. Il lui sourit chaleureusement. "Excusez-moi, humour médical. Je m'appelle Elliott Bowne. Je travaille dans cet hôpital. Puis-je vous aider?" Le visage de cet homme est tellement agréable et ses rides encadrent un sourire si chaleureux que Janice est prête à fondre en larmes de joie. Enfin, une chose positive. Après avoir exposé brièvement la situation, Janice est invitée par cet homme à prendre une tasse de café dans son bureau afin d'aller plus en détails dans la discussion.

Arrivée à proximité du bureau, Janice est surprise par la plaque apposée sur la porte. Monsieur Bowne n'a pas cru bon de mentionner qu'il est en réalité le Docteur Elliott Bowne, Médecin Chef et directeur général du département des pathologies cancéreuses affectant le cerveau. C'est ce qu'on appelle de la modestie, pense Janice. Ils prennent place dans le bureau et Janice poursuit ses explications.

"Harry Jacobs, dites-vous." Le Docteur Bowne regarde par la fenêtre. "Il y avait assurément quelque chose d'intriguant chez lui, bien que je n'ai jamais su avec certitude si c'était pour le meilleur ou pour le pire." Son regard revient vers Janice. "Dites-moi ce que vous voulez savoir exactement au sujet de ce ... Hum... Docteur... Jacobs."

"Et bien, je travaille sur une affaire très étrange et assez troublante. Il s'agit d'une femme qui fut la patiente du Docteur Jacobs en 1987. Nous avons cru au cours des douze dernières années qu'elle est morte des suites de sa maladie, à savoir une tumeur maligne au cerveau, incurable. Toutefois, mon collègue et moi avons découvert récemment des preuves irréfutables qui indiquent que Laura Sumner, c'est le nom de cette femme, a subi une opération radicale et a survécu à sa maladie. L'opération a été exécutée par le Docteur Jacobs. Mais depuis, nous n'avons plus eu de nouvelles d'elle."

"La gliomastomie au radio laser," proclame le Docteur Bowne nerveusement. "Un miracle et un désastre à la fois." ."

"Excusez-moi?" demande Janice, intéressée.

"Harry estimait que cette pratique était la solution définitive à tous les cancers du cerveau. Un laser très puissant combiné à des faisceaux radioactifs de haute intensité était, selon lui, l'arme parfaite pour combattre ces tumeurs. Voyez-vous, il avait mis au point une méthode à deux temps afin d'anéantir toute tumeur au cerveau. Je ne sais pas si ces considérations scientifiques vous intéressent, mais-"

"Si! Si bien sûr, énormément," lance Janice avec force. Elle a retrouve de l'énergie depuis que ses questions trouvent enfin des réponses.

"Et bien, voilà," poursuit le médecin, agréablement surpris d'avoir trouvé une oreille attentive à ses propos. "Le laser neutralise la partie de la tumeur attachée au cerveau pendant que les radiations effectuent un travail d'épuration. Si vous voulez, cette méthode consiste à dépister toute cellule cancéreuse rémanente nichée entre les synapses et les muscles qui innervent le cerveau de manière à la détruire."

"Et bien, c'est impressionnant," remarque Janice.

Le docteur sourit et fait un signe affirmatif de la tête. "En effet, cette pratique est très complexe. Malheureusement, intentions et résultats sont parfois incompatibles."

"Cette méthode n'a pas été couronnée de succès?" demande Janice.

"Oui et non. Amos Randolph, un comptable de 43 ans, fut le premier patient à subir cette thérapie du Docteur Jacobs. Le faisceau des radiations fut une fraction de degré trop élevé et il a malheureusement endommagé une partie vitale de son cerveau. Il est mort sur la table d'opération. Après de longs débats sur cette première tentative, Millie Blaine, une femme de 56 ans, a subi la même opération. Laissez-moi préciser que la patiente a elle-même insisté pour recourir à cette opération de la dernière chance. La procédure s'est déroulée sans problème, du moins au début."

"Au début?" s'enquiert Janice.

"Elle a ensuite participé au programme de suivi médical afin que l'on puisse évaluer ses progrès. La première année qui a suivi l'opération, elle fut un modèle de santé. Malheureusement, par la suite, des problèmes de mémoire et de psychomotricité sont apparus. Les tests approfondis ont révélé une surexposition massive aux radiations qui avaient provoqué, voyez l'ironie du sort, la formation de nouvelles tumeurs dans la boîte crânienne. Cette femme est morte après huit mois d'agonie. Comme je vous l'ai dit, le dispositif reposait sur une précision absolue dans l'administration des radiations. Malheureusement, Jacobs n'a jamais pu mettre au point la formule exacte et deux vies ont été perdues au cours des diverses expérimentations chirurgicales."

"Et qu'est-il arrivé au Docteur Jacobs?" demande Janice.

"Ça, c'est une autre tragédie. C'était un médecin brillant, je dois l'avouer. Il affirmait même avoir identifié et résolu les erreurs survenues au cours du traitement pratiqué sur Millie Blaine. Mais après ces deux terribles échecs, l'Ordre des Médecins n'a pas eu d'autres choix que de lui retirer ses licences d'exercice de la médecine.

"Mais il a quand même continué à pratiquer ces opérations et notamment sur la personne de Laura Sumner," conclut Janice.

"C'est le problème auquel je fais face depuis douze ans. Après avoir eu vent de thérapies occultes qu'il continuait à pratiquer, nous l'avons poursuivi vigoureusement. Nous, c'est-à-dire, l'hôpital, le Conseil de Médecine de l'Illinois ainsi que l'Ordre des Médecins. Il a disparu et a fui le pays. En Argentine, je crois. Après quelques temps, l'intérêt porté à Harry Jacobs s'est amenuisé. Je ne suis pas fier de moi, vous savez. J'ai mené une croisade contre lui afin qu'il cesse ses activités avant d'abandonner finalement, il y a quelques années. Il était parti depuis longtemps et plus personne n'entendait parler dans les cercles médicaux de ses opérations, à moins qu'elles furent secrètes et protégées. Maintenant que vous m'apportez ces documents, je dois avouer qu'ils sont assez convaincants."

Après avoir absorbé une telle histoire, Janice reprend la parole. "En fait, ma question principale est la suivante : est-il possible que Laura Sumner ait été soignée par le Docteur Jacobs? Aurait-elle pu survivre? Est-il possible qu'elle soit encore en vie aujourd'hui?"

"Mademoiselle Olsen, j'ai assisté à des progrès fulgurants au cours de ma longue carrière. Etant donné la détermination et les brillantes capacités du Docteur Jacobs, alliées à ses conceptions techniques et ses théories thérapeutiques, je vous dirais franchement que tout est possible."

 

L'hôpital - La chambre de Anne :

"Mais on m'a dit qu'elle avait droit aux visites," proteste Paige à l'attention de l'infirmière Blanchard qui empêche l'accès à la chambre semi-particulière d'Anne. "Je suis sa fille."

"Oh. Je l'ignorais. Euh..." marmonne l'infirmière.

"Je sais, je sais. Vous compatissez. C'est ce qu'on me dit tout le temps." Paige fait face à l'infirmière et la regarde dans les yeux. "Maintenant, puis-je entrer?"

"Il ne faut pas la contrarier," prévient l'infirmière Blanchard. "Ce sont les ordres du médecin. Ses conditions mentales sont très... fragiles. Nous ne pouvons plus tolérer le même remue-ménage qu' hier, lorsque son mari est venu."

"Peu importe," répond Paige. "Je n'ai pas la force de me battre aujourd'hui, même si j'en avais envie."

"Paige, ma chérie!" s'exclame Anne depuis son lit. "Tu m'as apporté ma trousse de maquillage?"

"Je n'ai eu le temps que de passer dans une droguerie." Paige lance un dernier regard d'exaspération vers l'infirmière et offre à sa mère un sac rempli d'effets.

"Ça fera l'affaire. As-tu un miroir? Tu ne me croiras pas. Je n'ai rien ici. Ils ne m'ont même pas encore rendu les vêtements avec lesquels j'ai été admise ici."

"Il y a tout un ensemble de maquillage dans le sac." Paige prend place dans une chaise près du lit.

"Tu as l'air pensive, ma chérie" Anne ouvre le sac et se regarde dans le miroir. "Hmm... Pas aussi grave que je l'imaginais. Tu sais, je ne sais pour quelle raison, mais tout le monde me traite avec la plus grande délicatesse. Anne lève le regard du miroir et s'adresse à Paige. "Tout le monde sauf Greg."

"Pourquoi? Que s'est-il passé entre vous deux?"

Anne entame sa séance de maquillage. "Cet homme n'a plus rien pour me plaire. Il s'est mis à hurler sur moi. A hurler! Je suis là, comme une pauvre colombe, incapable de me défendre, emprisonnée dans cette clinique populaire. Où est sa compassion?" Anne se poudre le nez.

"Sa compassion? Maman, je suis heureuse que tu n'ais eu que quelques blessures mais... mais c'est ton attitude. Après tout, pourquoi en serais-je étonnée? Tu ne fais que parler de toi, de toi, indéfiniment..." Paige cesse de parler, fatiguée et frustrée. Les larmes qu'elles essaient de réprimer depuis plusieurs jours se font de plus en plus présentes.

"D'accord, c'est ça." Anne claque le poudrier. "Je veux savoir exactement ce qu'il se passe ici. Pourquoi Greg est-il si hostile envers moi? Pourquoi pleures-tu Paige? Pourquoi à chaque fois que je parle du tremblement de terre, les gens me regardent bizarrement. Oui, comme ça! Comme ton regard là, maintenant!"

“The earthquake? This has nothing to do with the earthquake. I … I guess no one told you. Tom died in the explosion.”

"Le tremblement de terre?" s'étonne Paige. "Ça n'a rien à voir avec le tremblement de terre. Personne... ne t'a expliqué ce qui s'est passé. Tom est mort dans l'explosion."

"Ton ex-fiancé? Tom Ryan? Ma chérie, c'est pour ça que tu es aussi troublée. Que s'est-il passé?"

"Comment 'Que s'est-il passé?' Tu étais là. Tom a essayé de te sauver la vie mais la bombe a explosé avant que..."

"Ma vie? La bombe? ... Hein?"

Paige se frotte une larme et essaie de masquer la colère qui s'empare d'elle à cet instant. "Je sais que tu n'aurais jamais voulu qu'il meurt, mais... s'il te plaît, Maman, pas maintenant." Paige met ses mains autour de sa tête. "Ne plaisante pas là-dessus."

"Paige, regarde-moi. Aide-moi. Je ne comprends pas!"

La colère s'empare de Paige et ses yeux sont en feu. "Je commence à comprendre. Ecoute-moi : ne crois pas un seul instant que toi et Nick allez-vous en tirer en feignant... l'amnésie, c'est ça?"

"Nick? Mon Nick? Qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire?" Anne lève les yeux au plafond. "Si c'est un mauvais rêve, faites que je me réveille! Je suis prête à me réveiller!!" crie-t-elle dans son lit.

"Tais-toi!" Paige se lève. "Tu es vraiment dégoûtante! Des gens sont morts où souffrent à cause de tes actions et tu prends ça comme un mélodrame!"

Greg entre. Il porte un sac de couchage. "Tu ferais mieux de te calmer. Ils n'aiment pas trop les échanges de cris dans cette boîte."

Paige se retourne vers Greg. Furieuse, elle le pousse et se précipite à l'extérieur avant qu'il ne voit son explosion de larmes.

Anne aussi est en larmes. "Greg, je t'en supplie, dis-moi ce qui se passe. Paige me rend responsable de la mort de Tom Ryan."

Greg se crispe. "Elle n'a pas tort. Si toi et ton amant n'aviez pas essayé d'entrer dans mon bureau, personne n'aurait été là quand la bombe a fait 'boum'."

Anne le dévisage, incapable de comprendre la moindre de ses paroles. "Ça... Ça... fait une éternité que je n'ai plus vu Nick. Tu le sais."

"Oui. J'ai cru comprendre -bon sang, je dirais même que tout l'étage a cru comprendre- qu'il s'agissait d'amnésie? C'est ça? Tu es vraiment à court d'artifices."

"Mais... toi, tu es revenu. Après ta colère." Anne le regarde avec espoir.

"Je suis revenu pour t'apporter ceci." Greg dépose le sac de couchage sur le lit. "Assez de pyjamas pour la semaine."

"Merci, Greg." Anne ouvre le sac et en retire une de ses robes de nuit en soie. Elle l'appuie contre sa poitrine. "Je ne sais pas quoi dire-"

"Epargne tes paroles." Greg se rapproche du lit et fixe Anne dans ses yeux. "Je te l'ai déjà dit. Combien de temps vas-tu encore traîner autour de moi? Je ne t'aime pas, Annie. Je ne t'ai jamais aimé. Il est grand d'arrêter ce jeu."

"Non..." dit Anne d'un air incrédule. "Tu ne ferais pas ça! Tu ne m'abandonnerais pas dans un moment pareil. Dès que je serai sur pied, je vais tout arranger. Tout ira bien, tu verras..."

"Il n'y a rien à arranger. Je veux que tu sortes de ma vie, avant que quelqu'un que j'aime vraiment ne soit blessé."

Les paroles blessantes de Greg mettent Anne sur la défensive malgré sa fragilité émotionnelle. "Je ne peux pas croire ce que tu dis."

"Crois-moi. C'est fini. Je veux que tu te mettes bien ça dans la tête avant que je m'en aille."

Anne regarde Greg avec de petits yeux fourbes. "Je vais te dire ce qui m'apparaît clair comme de l'eau de roche. Tout ça n'est qu'un coup monté pour que tu puisses me chasser de ta vie. Tu essaies de me rendre folle! Pourquoi te donner tant de mal? Pourquoi porter atteinte à ma dignité? A moins que..." Elle indique la porte. "...A moins que Paige ne soit dans le coup, aussi? C'est bien ça, n'est-ce pas? Vous essayez de ma m'éliminer afin qu'elle puisse revenir au ranch!"

"Paige n'a rien à voir dans cette histoire, si ce n'est dans ton petit esprit tordu," raille Greg.

"Comment ai-je pu aimer quelqu'un d'aussi cruel? Je peux vivre sans ton amour, Greg. De toute façon, c'est ce que j'ai toujours fait. Mais où vais-je aller si tu me chasses?"

"C'est ton problème. Et contrairement à la croyance populaire répandue chez vous les Matheson, je ne suis pas un salaud sans coeur. Je vais te laisser le temps de te remettre de tes blessures. Tu peux revenir au ranch après ta sortie de l'hôpital. Mais dès que tu seras sur pied, tu déguerpis. Tu peux aller à Disneyland ou en enfer si tu veux mais je ne veux plus rien à voir à faire avec toi."

"Bien. De toute façon, je mérite mieux. J'en ai plus qu'assez de toi et de ton comportement grossier," claque Anne. "Je vais peut-être retourner chez Nick. Il est cultivé, sensuel et le meilleur des amants que j'ai jamais eus, faut-il ajouter!" Greg s'apprête à quitter la pièce.

Il s'arrête devant la porte et se retourne. "Désolé, ma chérie, mais il va falloir que tu te trouves un autre play-boy. Je suppose que tu n'as pas appris la nouvelle au sujet de ton Apollon méditerranéen. Nick est mort ce matin."

"Nick? Non, pas Nick. Pas Nick..." Consternée, Anne est trop choquée pour pleurer alors que l'image... Disparaît... Fin de l'Episode 17.

 

Rejoignez-nous maintenant dans la Salle de Conférence du Groupe Sumner pour nous donner vos impressions sur cet épisode!

 

TOUT LE CONTENU DE CETTE HISTOIRE POUR KNOTS LANDING REBORN / COTE OUEST, LE RETOUR © DE JACK A. EDGAR AND ET DE L'EQUIPE DE SCENARISTES DE KNOTS LANDING REBORN.

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