Le restaurant El Paraiso :

Brian est assis nerveusement. Il attend Olivia. En retard comme d'habitude, pense-t-il en sirotant son vin.

Mon premier gros contrat, j'y suis arrivé finalement. Brian sourit en pensant à ce succès.

Il doit avouer qu'une large partie de sa fierté dans cette recherche de clients est due au fait qu'il bat pour l'instant Olivia au Groupe Sumner. Leur rivalité latente a toujours joué un rôle prédominant dans leur relation et maintenant qu'Olivia est revenue, Brian prouve à nouveau ces vieux sentiments de compétitivité remonter à la surface.

"Salut, petit frère. Désolée d'être en retard," dit Olivia. Brian est perdu dans ses pensées.

"Et bien, qui voilà enfin!" Brian embrasse sa soeur et revient sur terre.

Le garçon arrive et demande à Olivia si elle désire une boisson.

"Oui, bien sur. Apportez-nous une bouteille de votre meilleur champagne. C'est mon petit frère qui offre," déclare-t-elle avec un sourire.

Une fois que le garçon s'est éclipsé, Brian grommelle sur un ton affectueux. "Tu ressembles de plus en plus à Maman."

"Jamais. N'y pense même pas. Tu m'avais promis de tirer une balle si jamais je devenais comme notre mère," répond-elle.

"Alors, heureusement que je n'ai pas d'arme à feu," rétorque Brian.

Le garçon revient avec le champagne et le verse dans deux verres.

"Je propose un toast," dit Olivia en levant son verre.

Brian lève son verre.

"Au succès de mon petit frère. Félicitations!" dit-elle. Leurs verres tintent.

"Et à la famille," ajoute Brian.

Ils se taisent quelques instants et dégustent leur champagne en silence. Brian dit ensuite, "C'est bien de t'avoir à nouveau ici, Olivia."

"C'est bien d'être de retour."

"J'aimerais te voir plus souvent. Où disparais-tu après le travail? Tu as une vie sociale active pour quelqu'un qui est resté très discret au cours des dernières années."

"C'est vrai. J'ai du temps à rattraper. Je n'ai plus certaines personnes depuis des années," répond-elle.

"Qui sont donc tous ces gens?" demande Brian.

"Et bien, une personne que je n'ai pas vue souvent, c'est notre beau-père préféré. On ne voit plus Gary ces derniers temps?" Olivia change de sujet.

Le visage de Brian s'assombrit soudainement. "Gary est différent aujourd'hui, Olivia. Il n'a plus rien à voir avec le merveilleux beau-père que nous avons connu."

"Comment oses-tu dire ça, Brian? Pendant toute mon enfance torturée, le seul qui s'est occupé de moi - de nous -, sans jamais nous abandonner, c'était Gary" répond-elle sur la défensive.

"Ce n'est pas vrai. Il y avait d'autres adultes positifs dans nos vies. Tu as une mémoire sélective lorsqu'il s'agit de notre enfance. Tu n'étais pas non plus la petite fille modèle," rétorque Brian.

"C'est facile à dire pour toi. La vie était parfaite pour toi. Le petit chouchou à sa maman-" Olivia est coupée nette dans sa réplique.

"Facile? Ma vie était facile? Tu crois que c'était facile pour un ado de déménager au Japon? Aux Etats-Unis, j'étais déjà une petit gringalet paumé, mais au moins je parlais la langue. Au Japon, j'étais complètement perdu. J'étais un petit gringalet paumé qui ne savait pas un mot de japonais et rien sur la culture du pays. Ce n'était pas facile, crois-moi." Brian fait un effort pour contenir le volume de sa voix.

"Pauvre, pauvre Brian. Les lettres que tu m'as écrites à l'époque n'étaient pas aussi tristes. J'vais l'impression que tu t'amusais très bien," répond Olivia, d'une voix sarcastique.

"S'il te plaît, Olivia!" Toute ta vie, tu as été une fille très populaire parmi tes amis. Je ne me voyais pas t'écrire : 'Chère Olivia, je suis nul et tout le monde m'enferme dans la classe tous les jours?' Je voulais pas que ma soeur super cool sache que je n'étais qu'un minable. En plus, les choses se sont améliorées lorsque j'ai rencontré Masako," ajoute Brian. Sa voix s'adoucit.

"Je suppose que ça a dû très bien se passer avec notre chère mère. J'aurais adoré voir sa réaction lorsque tu as ramené à la maison une asiatique!"

Brian se met, tel un enfant, à défendre sa mère. "Elle n'a pas réagi négativement et elle ne s'est pas mêlé de notre histoire. Elle est restée en dehors de la situation."

"Oh, voyons, Brian. Réveille-toi et vois les choses en face! Notre douce maman a dû se torturer l'esprit à propos de ta relation avec Masako," remarque Olivia.

"C'est toi qui dois ouvrir les yeux, Olivia. Tu rends Maman coupable de tout. Masako et moi ne sommes pas parvenus à surmonter la distance qui nous séparait. Lorsque son père a eu une promotion et que toute sa famille a dû déménager, c'était très dur de rester en contact, de maintenir notre relation, aussi loin l'un de l'autre. Ce n'était pas prévu. Mais maintenant, tout s'est bien terminé. J'ai rencontré Kate et nous sommes très heureux."

"Si tu le dis, petit frère."

"On peut parler affaires une minute?" demande Brian.

"Pas de problème. De quoi veux-tu parler?" interroge Olivia, un soupçon de curiosité dans la voix. Elle ne peut pas croire que son frère désire discuter du Groupe Sumner.

"Je travaille sur une série de gros contrats en ce moment. Je suis très content d'avoir obtenu le contrat Caldano mais c'est une somme de travail énorme. Ça va me prendre un temps fou de gérer tout ça et j'aimerais dénicher d'autres clients en même temps. Je me demandais si tu pouvais gérer certains éléments pour moi." explique Brian. Il observe attentivement le visage de sa soeur, dans l'attente d'une réponse.

Les yeux d'Olivia s'écarquillent. "J'en serais ravie. Mon Dieu, je n'arrive pas à croire que je vais gérer les affaires de mon petit frère! Oui. Je saute sur l'occasion," répond Olivia, étonnée face à la proposition de Brian.

"D'accord, affaire conclue. Nous sommes partenaires," dit Brian, soulagé qu'elle vienne d'accepter.

"Merci, Brian."

"Pas de problème. Mais ne gâche pas tout, surtout," rétorque Brian d'un rire affectif.

 

Le bureau des entreprises Gary Ewing :

"Entreprises Ewing. Un instant, s'il vous plaît." Paige appuie sur l'interphone sans attendre la réponse de son correspondant.

"Gary! Tu peux prendre cet appel? J'en ai deux autres pour l'instant," crie-t-elle depuis son bureau.

Gary secoue la tête et fait quelques signes à l'attention de la foule qu'il essaie de canaliser. Les gens sont partout et Gary, seul, essaie de les organiser en un semblant de file.

"S'il vous plaît, formez une ligne. Non! Pas ici! N'allez pas de ce côte-là!" implore Gary.

Que le Diable emporte cette idiote de 18 ans! Paige pense à la jeune réceptionniste qui les a laissée tomber sans aucune explication ce matin et qui était censée travailler deux semaines pour eux. "Reculez! Vous ne pouvez pas attendre ici!" Paige s'adresse à un groupe de personnes qui sont passés devant Gary et qui sont maintenant à cinquante centimètres de son bureau, des documents à la main.

Le téléphone retentit à nouveau.

"POUVEZ-VOUS FAIRE MOINS DE BRUIT? JE N'ENTENDS MEME PAS MES INTERLOCUTEURS!" Paige hurle afin que tout le monde puisse l'entendre dans ce chaos général.

"Paige, ma chérie! Oh, Paaaaige," s'écrie une voix.

Paige est toujours en train de jongler avec son téléphone et reconnaît la voix. Lorsqu'elle lève la tête, elle voit sa mère qui se fraye un chemin jusquà son bureau au travers de la masse de gens.

"Pouvez-vous patienter?" demande-t-elle à son correspondant. "Qu'est-ce que tu veux, Maman? Je te donne tout ce que tu veux, sans poser de questions, si tu m'aides à répondre à ces appels."

"Au fait, je passais pour te dire que je partais pour New York afin de mener à bien un projet d'emploi très prometteur," explique Anne.

"Oh, et bien, c'est magnifique, Maman," répond Paige en pensant, Peut-être qu'elle restera là-bas pour toujours!

"Merci, chérie." Anne sourit.

"Maman, si tu as quelques minutes de libre, on apprécierait ton aide. Tu es d'accord?" demande Paige en connaissant par avance la réponse.

"Justement, il faut que je parte. Je dois faire mes valises. Désolée, ma chérie. je t'appelle de New York."

"Oui, je ne quitte pas le téléphone," réplique Paige d'un ton sarcastique.

A peine Anne sortie, Paige se rend compte que certains appels ne sont plus en attente. Grâce au ciel. Je ne peux répondre qu'à une seule personne à la fois! Paige se dirige vers la porte d'entrée afin de voir comment Gary se débrouille avec la foule.

En s'approchant de la réception, elle aperçoit une femme inconnue assise, utilisant un bloc-notes.

Cette brune d'un âge moyen est en train de répondre à certains appels et écrit tous les messages de manière méthodique et organisée. Un homme s'approche d'elle et lui indique la file.

"Gary, tu as engagé une autre réceptionniste?" demande Paige.

Gary répond par la négative. "Non. Elle s'est jetée sur le téléphone et s'est mise à l'ouvrage. Je suppose qu'elle fait ça pour bénéficier d'un passe-droit de notre part."

La femme remarque la présence de Paige et se lève. "Bonjour. Je m'appelle Ava. Enchantée."

"Paige Matheson. Croyez-moi, je suis ravie de vous rencontrer," répond Paige. Elle serre la main d'Ava. "C'est l'agence intérimaire qui vous a envoyée pour remplacer la fille qui est partie ce matin?"

"Oh, non. En fait, je suis venue pour obtenir moi aussi un logement. Ensuite, je vous ai vu tous les deux débordés par tous les appels et toutes ces personnes, alors je me suis dit que je pouvais vous donner un coup de main. Je dois m'en aller. Il faut que je trouve un emploi ou sinon je vais me retrouver à la rue," dit Ava en regardant sa montre.

"Trouver un emploi?" demande Gary. "Ecoutez, nous avons besoin d'aide ici. Nous vous paierons pour vos prestations, évidemment."

"Hé, merci! Toute peine mérite salaire, n'est-ce pas?" répond Ava en souriant. Sa remarque est interrompue par la sonnerie du téléphone. Ava le prend rapidement. "Entreprises Ewing. Ava à l'appareil, puis-je vous aider?"

"Grâce à Dieu, nous avons enfin une téléphoniste!" s'exclame Paige.

"Allons-y. Occupons-nous de toutes ces personnes. Elles vont se révolter si on ne retourne pas travailler!" lance Gary. "Et il faut encore préparer cette réunion demain au Groupe Sumner."

 

Dans la soirée - La maison des Mackenzie :

"Je n'arrive pas à le croire, Michael!" Karen est en pyjama sur le lit et discute au téléphone avec son fils pendant que Mack est dans la salle de bain, en train de se laver les dents. "Comment se fait-il que Rosalind Simon ne soit pas au courant de tout ce qui se trame? Elle n'est pas concernée parce qui est arrivée à sa fille et à sa petite-fille? Lori et Holly ont disparu depuis des mois maintenant!" Mack crache dans le lavabo.

"Pourquoi ne se bougent-ils pas?... Oui... Ils ont parlé à toute la famille et aux amis de Lori? Comme c'est gentil! Tu crois vraiment que Lori est partie faire une croisière? Elle a disparu! Non, je vais PAS me calmer! Je suis furieuse! Je vais venir, peut-être que si je parle à cette Rosalind..." Le visage de Karen s'adoucit "Bien sur que tu es capable de t'occuper de ça, chéri... Je sais que tu es inquiet..." Mack revient dans la chambre et tire les couvertures de son côté.

Karen se déplace un peu. "C'est excellent!... Appelle-moi dès que tu as découvert quelque chose!... Et, Michael, sois prudent... Je t'aime aussi." Les yeux de Karen s'humidifient et sa voix tremble. "Embrasse Joe pour moi et dis à Diana de me téléphoner ce week-end... Au revoir." Karen raccroche, s'essuie une larme et regarde Mack, qui lit un magazine. "Michael a découvert que Lori a versé la moitié de l'argent qu'elle a obtenu de la vente de leur appartement à un compte bancaire à Springfield, dans le Massachusetts." Mack ne dit pas un mot. "Il va y aller demain matin."

Mack continue à feuilleter le magazine. "Elle ne sera pas à Springfield," dit-il, tout en lisant. "Et les parents de lori ne vont lui dire où se trouve leur fille. Il leur a révélé son homosexualité. Il... n'aurait jamais dû leur dire la vérité."

Ils étaient inquiets et voulaient savoir ce qui s'était passé. Et lui en avait marre de mentir. Je commence à me demander s'il aurait dû te le dire, à TOI." Mack fronce des sourcils mais ne répond pas. Karen soupire. "Aujourd'hui, à la plage, il y avait une mère qui jouait avec sa petite fille. Elle ressemblait beaucoup à Lori. J'ai eu un coup au coeur quand je les ai vues mais la fille avait cinq ou six ans. Holly n'est pas aussi âgée." Karen est anxieuse. Mack s'approche d'elle. Il met son bras autour des épaules de Karen. Elle dépose sa tête sur son épaule.

"Lori doit être apeurée et déstabilisée," continue-t-elle. "Si au moins, elle n'avait pas fui. On aurait pu trouver une solution ensemble."

Mack réfléchit un instant. "Peut-être que Lori a estimé que la situation était trop dure et sans espoir. Fuir sans laisser de trace était peut-être le seul soulagement. Elle veut tout oublier et commencer une nouvelle vie. Val a fait la même chose."

"On lui avait volé ses bébés," précise Karen. "Lori est partie avec le sien."

"Et Richard Avery alors? Ou Ben? Tous les deux ont disparu sans un mot d'explication. Ils ont causé énormément de douleur, même si tout s'est réglé au mieux par la suite. C'est peut-être pour ça que Laura a agi ainsi."

"Laura?" Karen se relève.

"Quoi?"

"Tu viens de dire 'C'est peut-être pour ça que Laura a agi ainsi." Ses sourcils se crispent.

"Oh, je voulais dire Lori," répond Mack d'un air distant.

Karen soupire profondément et dépose à nouveau sa tête conte l'épaule de Mack. "Lori est partie avec l'intention de faire souffrir Michael. Le besoin qu'elle avait de le faire souffrir a surpassé la peine qu'elle a pu causer aux autres, y compris Holly. C'est un peu comme lorsque Jeff Cunningham a disparu avec Olivia et Brian. Mais fuir ne résout pas les problèmes et les gens qu'on essaye de fuir réapparaissent toujours. Abby a retrouvé Jeff. Laura a retrouvé Richard. Michael retrouvera Lori. J'en suis convaincue. Tout comme je se suis persuadée qu'il se trame quelque chose à Point Lotus."

Mack soupire profondément. "Karen..."

"Si, Mack! J'ai déjeuné avec Jack aujourd'hui afin de mettre au point une stratégie au sujet de notre réunion avec le sénateur Pound dans quelques semaines. Il était plein d'idées et très enthousiaste. Mais dans l'après-midi, il est venu dans mon bureau avec une grosse boîte pleine de documents immobiliers. Il veut que je fasse des recherches sur chacune des propriétés de Peterson afin d'établir une liste des sites les plus propices au projet de construction de logements à loyer modéré. Il est parti avant que je ne puisse rétorquer."

"Et quel est le rapport avec Point Lotus?"

"Aucun! C'est ça le problème. Ce projet de construction n'a rien à voir du tout avec Point Lotus. Quelqu'un - Abby, Greg, je ne sais pas - l'a persuadé de me détourner de Point Lotus."

"Tu n'aurais jamais dû accepter de travailler pour le Groupe Sumner. Ne renouvelle pas ton contrat de consultante à la fin de ce mois."

"Je ne vais pas tout abandonner. Ce n'est pas comme ça que je résous les problèmes. Que tu le veuilles ou non, Abby et Greg font partie de notre vie et je vais les affronter la tête haute. En plus, je m'entends très bien avec Jack, je le sens bien." Elle se met à rire. "Avant de partir, je suis allée dans son bureau et j'ai déposé cette grosse boîte sur sa table, et je lui ai dit que je n'étais pas une employée à ses ordres mais que je serais heureuse de travailler AVEC lui dans ces recherches immobilières dès demain. Je suis partie avant même qu'il ne puisse me répondre, comme il l'avait fait auparavant."

"Peut-être qu'il VA décider de ne pas renouveler ton contrat."

Karen se relève. Elle n'avait pas envisagé cette éventualité jusqu'à présent. "Non. Il sait ce qui est correct. Il va faire le bon choix en ce qui concerne l'assainissement de Point Lotus. Et Michael va retrouver Lori et notre petite-fille Je le sens." elle dépose une nouvelle fois sa tête sur l'épaule de son mari.

"Tu le sens? Tu fais de la parapsychologie comme Anne?" demande Anne d'un air moqueur.

"Tais-toi!" grommelle Karen. Elle se serre contre lui. "Et éteins la lampe."

Mack obéit et met doucement la main dans les cheveux de Karen. Il a les yeux grand ouverts dans la pleine obscurité de la chambre à coucher. Il est perdu dans ses pensées.

 

De l'autre côté de la rue - La maison des Cunningham :

"Katie, je suis à la maison!" s'écrie Brian.

"Chuut! Tu vas réveiller les enfants," réplique Kate dans un murmure. Elle descend rapidement les escaliers. Elle aperçoit les boîtes que l'homme qu'elle chérit tant vient de déposer sur la table basse. "C'est quoi?" demande-t-elle.

"Et bien, j'ai pensé que je pouvais rapporter un petit quelque chose pour les enfants sur le chemin du retour," répond Brian, d'un air embarrassé.

"Un petit quelque chose?" On se croirait à Noël. Pourquoi ces cadeaux?" demande Kate, apparemment peu enchantée par la soudaine envie de Brian de jouer au Père Noël.

"J'ai trouvé ça chouette. On peut les mettre sur les crayons de Brandon. C'est musical et vocal à la fois. Ça représente Winnie l'ourson. Tu sais combien Brandon aime les dessins animés de Winnie l'ourson. Et puis, Mollie parle sans arrêt de ses petites amies qui ont la magnifique poupée Amy. J'en ai vu une à la vitrine et je l'ai prise pour elle."

"Brian, tu es fou? Brandon a tout ce qu'il lui faut. Et pourquoi tu continues à acheter tous ces jouets à la mode pour Mollie? Elle t'avait déjà dit que toutes ses amies avaient une poupée Furby, alors tu lui en as acheté une. Et maintenant tu fais la même chose avec la poupée Amy! Tu sais ce que tu lui apprends? Qu'il lui suffit de demander à son papa chéri ce qu'elle veut pour l'obtenir!" Kate est abattue.

"Ça va. Calme-toi. Ne stresse pas. Quelques jouets n'ont jamais blessé personne. En plus, j'ai aussi acheté quelque chose pour ma jolie femme," dit-il. Il sort une petite boîte de sa poche.

Kate l'ouvre en silence. Elle en sort un superbe collier en or, orné de diamants et de saphirs. A l'évidence, il a dû coûter une fortune.

Brian attend avec anxiété la réaction de Kate. Il s'attend à ce qu'elle se jette sur lui. Au lieu de ça, elle ne dit pas un mot et remet le collier dans son écrin.

"Quoi? Tu ne l'aimes pas?" demande Brian.

"Si, Brian. Il est magnifique. Mais je n'aime pas que tu achètes tous ces cadeaux pour nous. Ils coûtent chers. Tu commences à peine ta carrière. On devrait mettre de l'argent de côté pour l'avenir de Mollie et de Brandon au lieu de le dépenser pour de stupides jouets ou des bijoux onéreux. Je préfère t'avoir avec moi au dîner quelques jours par semaine plutôt que de jouer au Père Noël anachronique!" Kate est furieuse.

"Ce n'était pas la réaction que j'aurais appréciée. Je voulais juste rendre ma famille heureuse. Mais ça n'a pas marché, apparemment. Mollie et Brandon seront peut-être plus enjoués que leur mère," dit Brian, plein d'amertume.

Un silence étrange s'installe. Kate se demande si elle n'a pas été trop dur envers son époux, plein de bonnes intentions après tout. La vie d'avant le Groupe Sumner me manque. La présence de Brian au dîner me manque. Devoir respecter un budget aussi me manque. Il ressemble à Abby en pensant sans cesse à sa fortune et en achetant l'amour des autres.

Brian rompt le silence en demandant de manière abrupte "Où est Olivia?"

Cette question irrite à nouveau Kate. Sa belle-soeur utilise cette maison comme un hôtel depuis qu'elle est revenue. Elle va et elle vient sans donner d'explication.

"Comment le saurais-je? Elle ne rentre pas à la maison après son travail. Ou très rarement. Et elle n'aide jamais personne ici," déballe Kate.

"Je demandais simplement où elle était. Tu sais, je commence à en avoir marre de tes remontrances, aussi bien conte moi ou contre ma soeur. Je vais me coucher. Bonne nuit, Kate," dit Brian depuis les escaliers. "Bonne nuit, Brian." Kate soupire et comprend que rien ne sera résolu ce soir.

Les choses étaient si simples avant, pense-t-elle.

 

Le parc de Seaview Circle - Le lendemain :

"A quelle heure tu dois partir?" demande Meg.

"Les copains vont partir dans 15 minutes. Ça va aller pour retourner seule?" s'inquiète Bobby.

"Non. Je ne sais pas si je vais retrouver le chemin d'ici. On y vient seulement depuis une dizaine d'années," répond Meg, sarcastique. "Je vais y aller, j'ai rendez-vous avec Betsy. On commence notre soirée entre filles assez tôt. Bien mieux que vos jeux de ballon!" Meg sourit.

Bobby l'embrasse et se met à rire. "Tiens, voilà Andy et Cheryl! Salut Andy! Qu'est-ce qui se passe?" s'écrie Bobby.

Meg remarque que Cheryl est en larmes. Alors que les deux se rapprochent de Bobby et Meg, celle-ci entend Andy implorer. "Allez, Cheryl, ce n'est que pour quelques instants. C'est la seule fois que je te laisse pour aller jouer avec les garçons. Tu sais que je t'aime."

Meg regarde Bobby et lui lance avec un regard malicieux, "Tu me tues si jamais je réagis ainsi un jour," murmure-t-elle.

"Salut, Bobby!" s'écrie à son tour Andy. "Prêt à partir? John a dit que la fête chez lui commence juste avant le match."

"Je peux venir avec toi Andy?" demande Bobby.

"Bien sûr, allons-y avant qu'il n'y ait plus de pizza!" répond Andy.

Andy et Cheryl se disent au revoir en s'embrassant et Meg ne peut s'empêcher de laisser éclater un petit rire pendant que Cheryl sanglote. Meg salue aussi amoureusement Bobby.

"Oh, Bobby! Tu vas tellement me manquer! Je ne peux pas croire que tu puisses me laisser tomber comme cela!" s'exclame Meg d'un air mélodramatique.

"Ne t'inquiète pas, tout ira bien, ma chérie. Tu es dans mon coeur!" Bobby joue le jeu.

Après un dernier au revoir à sa copine, Andy s'adresse à Bobby. "On y va, Bobby."

Les deux garçons se dirigent vers la voiture de Andy. Meg lui lance un baiser. "Au revoir, mon Bobby! Tu vas me manquer!" déclame-t-elle d'un air faussement sincère.

Cheryl, s'en va en larmes sans même saluer Meg.

Meg est prise alors d'un sentiment de culpabilité. J'espère qu'elle n'a pas vu que je me moquais d'elle. C'était pas sympa de ma part. Oh, Mon Dieu je suis en retard. Je vais courir! Betsy va me tuer!

Meg accélère le pas. Il fait très chaud. Un homme d'un âge moyen passe devant elle. Elle lui sourit.

"Meg Mackenzie!" s'écrie-t-il.

Meg s'arrête. Cet homme a un visage vaguement familier mais elle ne parvient pas à l'identifier clairement.

"Bonjour," dit-elle poliment.

"Tu te souviens de moi?" demande-t-il en repensant à leur dernière rencontre.

 

Une station-essence à quelques blocs de Seaview Circle - Le jour du tremblement de terre :

"Tu as vu ta mère, Meg?"

"Ma... mère? Elle est... Elle est à la maison... Le toit est tombé. Je..."

"Chut. Chuut. Tout ira bien, jeune fille. Je suis un bon ami de ta maman. Je vais m'assurer que tu sois en sécurité. Viens, je te reconduis chez toi. On va voir si ta famille a besoin d'aide."

"Mais mon amie Betsy est dans le magasin de la station essence. Elle téléphone. Il faut l'attendre!"

"On n'a pas le temps, jeune fille! Maintenant, monte dans la voiture!"

"Laissez-moi!"

Les protestations de Meg sont inutiles; le Docteur Jacobs la met de force dans son véhicule et démarre à toute vitesse sans se retourner au moment où Betsy ressort du magasin, cherchant nerveusement Meg...

 

Retour au présent :

"Euh, je suis désolée. Je ne me souviens pas de votre nom. mais je vous connais," dit Meg d'un air anxieux.

A ce moment, Meg entend la voix de Bobby. "Meg!" s'écrie-t-il. Il lui fait signe de la main.

"Je suis un ami de ta maman," dit l'homme d'une voix étrange.

"Oh, euh... Je suis désolée. Je lui dirai. Comment vous appelez-vous?" demande-t-elle. Elle essaie de ne pas montrer son malaise.

"Ça ne fait rien, jeune fille. Je reprendrai contact avec eux bien assez tôt. J'ai été ravi de te revoir," dit-il. Il disparaît aussi rapidement qu'il était apparu.

"C'était qui?" demande Bobby qui a finalement rattrapé Meg.

"Je... Je ne sais pas. Bobby, c'était bizarre. Je suis si contente que tu sois venue. Il connaissait mon nom. Il a dit qu'il était un ami de ma mère. Mais je connais tous les amis de ma mère. Je ne l'ai jamais vu avant. Il me fait penser au feuilleton 'L'étranger'. Vraiment bizarre. A faire peur." Meg est visiblement troublée.

"Ecoute, il est parti maintenant. Il ne voulait pas te faire de mal, j'en suis sûr. Viens, je te raccompagne. Andy a vu Cheryl qui pleurait au coin de la rue. Il s'est arrêté pour la consoler. Il vient me chercher à la maison dans une demi-heure," explique Bobby qui met son bras autour de Meg.

Bobby a raison, pense-t-elle. Ce n'était rien. C'est moi qui suis paranoïaque. On dirait que tout revient d'un coup. La bombe, cet homme, le tremblement de terre. Pourquoi n'ai-je pas une vie normale? Oh, il faut que je surmonte ces pensées. Ce n'était rien de grave. En plus, Bobby me ramène à la maison. Rien ne va m'arriver.

"Oui, allons-y! Betsy va m'étrangler si je ne me dépêche pas!" rétorque Meg. elle essaie d'oublier l'étrange individu qu'elle vient de rencontrer.

Un peu plus loin, invisible, le docteur Jacobs est revenu dans sa voiture. Bon sang, lorsque je lui parle de sa mère, cette chipie pensait encore que je parlais de Karen Mackenzie! J'étais certain que ma chère Laura serait venue ici, mais elle n'a pas l'air d'être dans ce parc, pense-t-il en silence avant de mugir : "Mais je VAIS te retrouver mon amour! Que je meurs si je ne te retrouve pas!"

 

Et Maintenant...

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