Le bureau des Propriétés Ewing, où une réunion plus qu'informelle est en cours :

“Oh, Ava, sois bénie!” murmure Paige, déballant la salade que Ava vient juste d'apporter sur la table en désordre qui sert de lieu de conférence aux Propriétés Ewing. “Ce n'est pas tous les jours que j'ai la chance de me mettre quelque chose sous la dent.”

“Pas de problème,” répond Ava alors qu'elle tend à Gary un sandwich au rosbif, s'assoit et commence à déguster un sandwich à la dinde. “Oh, J'ai oublié de commander quelque chose pour Lucy.”

“Ne vous faites pas de souci,” répond Gary, alors qu'il mord dans son sandwich. “Elle n'était pas là à l'heure. Je suis sûr qu'elle a su se débrouiller.”

“Au fait, à quelle heure doit-elle venir ?” demande Paige. “J'ai hâte de savoir comment s'est déroulée la réunion au Groupe Sumner.”

“Je ne sais pas. Elle avait deux ou trois choses à faire ce matin et elle m'a dit qu'elle serait là dans l'après-midi. Mais j'ignore à quelle heure,” répond Gary nonchalamment.

“Je n'arrive pas trop tard?” crie Lucy en arrivant dans le bureau. Elle s'affale dans une chaise vide et regarde Ava, Paige et Gary en soupirant. “Je suis exténuée! La circulation dans cette ville est ridicule. Pourquoi s'ennuient-ils à les appeler quatre voies? Ils devraient être francs et les appeler tout simplement des parkings.”

“Ce n'est pas comme chez toi où tu peux seller une vache de ton troupeau et passer par la bretelle de contournement, hein?” demande Paige avec une ironie désabusée.

“Oh, tu es une marrante, toi,” dit Lucy en souriant puis se tourne vers Gary. “Bon, mission accomplie au Groupe Sumner. Cela prendra plusieurs jours avant qu'ils s'en remettent.”

“Dis-moi juste quelle tête ils ont fait!,” demande Gary, jubilant.

“Bien, Abby donnait l'impression d'avoir été frappée… par la foudre. Greg a semblé trouver ça amusant,” répond Lucy.

“Si Abby en souffre, alors ça me réjouit. Elle n'allait pas tirer les ficelles de ce projet comme elle l'a fait avec toutes les affaires qu'on a fait ensembles dans le passé,” dit Gary avec satisfaction.

“C'est une bonne chose,” répond Lucy, en parcourant le bureau des yeux. “Hé, c'est la première fois que je rentre dans ce bureau et qu'il n'y a pas foule.”

“Tu peux remercier Ava et Paige pour ça,” dit Gary avec reconnaissance. “Elles ont réussi à mettre de l'ordre ici en moins d'une semaine.”

“Bon travail, les filles,” admet Lucy.

“Je suis contente de faire un travail que j'aime,” dit Ava, reconnaissante. “Je ne voudrais pas sembler impatiente. Oh, et ni toucher un point sensible, mais quel jour sommes-nous payés?”

“Vendredi,” répond Gary. “Pourquoi, vous avez besoin d'une avance ou de quelque chose dans ce genre?”

“Non, j'ai simplement besoin de réorganiser mon budget,” explique Ava. “Etant donné que les logements à bas prix ne sont pas prêts d'êtres construits avant un moment, je dois trouver un appartement bon marché. J'ai de quoi payer un loyer, mais c'est la caution et les deux mois d'avance qui me posent problème. Bien sûr, Je ne pourrais pas habiter au motel en permanence.”

“Bien, si c'est d'une habitation provisoire dont vous avez besoin, vous n'aurez pas à vous en faire pour la caution, J'ai une idée,” dit Gary avec précaution, en regardant Paige. “Et cela te rendrait service à toi aussi.”

“Je ne comprends pas,” répond Paige.

“Ta maison au cul-de-sac. En attendant le retour de Michael, tu as plusieurs chambres. Et, avec Ava qui paierait une partie du loyer, cela t'aiderait à retomber sur tes pieds plus rapidement,” suggère Gary.

“Oh, non, Paige me connaît à peine. Je ne veux pas m'imposer chez elle de cette manière,” réplique Ava poliment. A ce moment là, la sonnerie d'un téléphone retentit, et elle se lève pour répondre. “Les propriétés Gary Ewing. Ava à l'appareil.”

“Je ne voulais pas te mettre dans l'embarras,” dit Gary discrètement. “C'est juste que ça me semblait être une bonne idée pour vous deux. Tu sembles apprécier Ava.”

“Oui, je l'aime bien, mais je viens à peine de la rencontrer,” proteste Paige. “Travailler ensemble et vivre sous le même toit sont deux choses très différentes.”

“Lucy, c'est Greg Sumner pour vous,” annonce Ava. Alors que Lucy prend le téléphone, Paige regarde vers elle avec attention.

“Greg, heureuse de vous entendre,” dit Lucy chaleureusement.

“Ce Greg Sumner est un vrai dragueur. Il était en train de me dire à quel point il aime ma voix,” dit Ava en soupirant. “En tout cas, je vous remercie de votre proposition, mais je suis sûre que je réussirais à trouver quelque chose moi-même.”

“Oh, Greg, vous êtes un mauvais garçon!” Lucy parle fort.

“Bon, désolé, je ne voulais mettre aucune de vous dans l'embarras,” Gary s'excuse auprès de Ava et de Paige.

“Et bien, non, je n'ai rien de prévu. Qu'avez-vous à l'esprit, mon grand?” demande Lucy au téléphone. “Un dîner ce soir, ça me semble être une excellente idée!”

“Non, Ava, oublie ça,” dit Paige subitement, en se tournant vers elle. “Je ne vois pas pour quelle raison on ne pourrait pas essayer. Gary m'a donné une chance alors que j'étais au chômage, et maintenant c'est à mon tour de rendre service. Et si ça ne marche pas entre nous, alors on sera quittes.”

“Ça me paraît juste,” dit Ava en souriant alors que Lucy les rejoint à la table.

“Papa, Greg voudrait que tu ailles visiter d'éventuels emplacements de construction avec Abby et Jack demain. Et j'ai un dîner d'affaires avec lui ce soir,” dit Lucy qui rend compte de sa conversation avec Greg.

“D'accord. Paige, Ava et toi, vous êtes d'accord pour garder le fort en mon absence demain?” demande Gary.

“Pas de problème,” répond Paige.

“Je ferais mieux d'y aller. J'aimerais repasser à la maison me rafraîchir avant mon rendez-vous de ce soir — je veux dire mon dîner d'affaires,” dit Lucy en taquinant les autres.

“Il vaudrait mieux que ce ne soit pas un rendez-vous,” marmonne Gary alors que Lucy l'embrasse sur la joue.

“Papa, je suis trop vieille pour les couvre-feux. Inutile de rester debout à m'attendre. Et ne te fais pas de souci, je me tiendrais bien,” dit Lucy en riant alors qu'elle quitte le bureau.

“Ce n'est pas pour toi que je m'inquiète mais plutôt de ton attitude,” dit Gary en secouant la tête alors que Paige pousse un soupir en guise d'acquiescement.

 

Le Plaza, New  York City :

Dans sa chambre, Anne s'étire dans un bain moussant à la lavande, essayant de dissiper la tension qui est en elle depuis son entrevue avec Jane Sumner. Mais cela n'a pas le moindre effet. Anne ne cesse de rejouer la scène dans sa tête encore et encore, à cours d'arguments pour justifier les réflexions désobligeantes de Jane.

"Pourquoi ne pas passer outre et prendre le téléphone pour l'appeler?" dit Anne à haute voix. Elle saisit le téléphone sans sortir de la baignoire et décide de parler à Jane une bonne fois pour toutes, puis elle change d'avis. "Si tu agis à la hâte, tu passeras ton temps à le regretter," lui disait souvent sa mère. Non pas qu'elle ait déjà refusé de l'écouter auparavant, mais cette fois, elle est vraiment dans une situation désespérée.

Et au lieu de décrocher le téléphone, Anne se saisit du cocktail de crevettes que le service d'étage lui a apporté quelques minutes plus tôt. Se saisissant du plateau qu'elle avait apporté dans la salle de bains, Anne plonge une crevette dans la sauce piquante et la porte à sa bouche. Délicieux, pense-t-elle. Jusqu'à présent, elle n'avait rien connu de meilleur que les cocktails de crevettes que lui commandait son père quand il emmenait sa petite fille déjeuner au Waldorf Astoria. C'est amusant de constater à quel point un simple retour chez soi peut entraîner une telle réminiscence.

Les yeux de Anne se posent sur le logo en relief et en lettres d'or du rapport annuel de la fondation MFS qui est disposé sur le plateau. Pas réellement prête à admettre la défaite, elle s'essuie les doigts sur une serviette de lin et s'empare du rapport. Regardons si je connais quelqu'un du Conseil d'administration. ...Blah, blah, blah, pense-t-elle alors qu'elle parcoure le long texte aux apparences de parchemin décrivant les bonnes actions de la fondation. Anne s'arrête un instant sur la page du rapport financier. A qui vais-je faire croire ça? S'il y avait quelque chose de suspect, ce ne serait sûrement pas sur ce document auquel tous les donateurs ont accès.

Enfin, sur le derrière de la couverture, se trouve une liste des membres du Conseil. Rien... Rien... nada. Anne descend de nom en nom avec l'un de ses magnifiques ongles tout juste sortis de la manucure. Aucun des noms ne lui saute aux yeux Alors... peut-être celui-là ...Non, oublie ça. Alors qu'elle est sur le point d'abandonner.

Mais attends. A droite, au coin de la page se trouve un portrait de celle dont le nom a été donné à la fondation "Mary Frances Sumner : Une vie offerte au service des autres," est inscrit comme légende à la photo. La défunte fille de Greg et Jane un sujet que Anne n'a jamais osé aborder avec son futur ex-mari. Anne regarde du coin de l'œil la gravure au teint sépia de la jeune femme aux longs cheveux bruns. Drôle de choix pour une photo, pense Anne. La tristesse de Mary Frances jaillit presque de la page. En dépit de son bain chaud, Anne a la chair de poule.

Elle éloigne le rapport de sa vue. Ça me fait froid dans le dos. J'ignorais que Mary Frances ressemblait à ce point à Kate. Des gouttes d'eau tombent le long de la page, détrempant le papier pourtant épais. Greg n'y a jamais fait allusion. Jane non plus? Les pensées d'Anne s'accélèrent. Quand nous étions au lycée, Jane n'aurait même jamais marché sur une fissure dans le trottoir. Si je trouve ça étrange, que doit-elle penser, superstitieuse comme elle est, quand elle-

Anne laisse tomber le rapport à côté de la baignoire. S'emparant d'une autre crevette, elle penche la tête en arrière et met la chose entière dans sa bouche. Oh, je vais devenir riche, Anne émet un petit sourire de satisfaction alors qu'elle replonge dans les bulles.

 

Un restaurant situé à côté du cabinet Mackenzie :

"Bon alors, vous la mangez ou pas cette marinade de légumes?" Mack penche la tête en direction de l'assiette de Peggy.

"Ce sera au moins ça de sauvé," répond patiemment sa fidèle assistante en mordant dans son sandwich.

"Quelle genre de personne ne se jette pas sur la marinade de légumes en premier?"

"Accrochez-vous, Peggy. Nous allons poursuivre cet homme pour harcèlement," Janice rit, disposant sa chaise en face de Mack.

"Heureux de voir que tu arrives à faire ça, partenaire - et je croyais que ton genre n'aimait pas la marinade de légumes," rétorque Mack avec un grand sourire.

"Mack!" Peggy le fusille du regard.

Mack rougit. "Oh, je n'ai pas fait le moindre sous-entendu-mais c'est toi qui a commencé, Janice," bafouille Mack. "Dans le temps c'était déjà suffisamment difficile de trouver une manière politiquement correcte de parler aux femmes au bureau, et maintenant il y a une femme qui aime les femmes au bureau-"

"Ne te fatigue pas, champion. Tu ne me feras pas sortir de mes gongs," Janice sourit. "Je pensais que c'était une condition requise dans ce métier."

Mack se relaxe. "d'accord, tu le prends sur le ton de la plaisanterie. Mais parfois, c'est dur de trouver un sujet de conversation."

"Réveilles-toi, Mack, tu as travaillé avec des hommes gays et des femmes lesbiennes toute ta vie. Mais, jusqu'à présent, tu ne t'en étais jamais rendu compte." Janice tique un peu. "Mais sérieusement, tu sais, que ce soit au travail, avec tes amis ou dans le cadre familial, tu devrais éviter de dire des choses comme 'ton genre' ou 'de ton espèce', d'accord?"

"Bon Dieu, je me fais penser à mon père il y a 40 ans quand les premières personnes de couleur ont commencé à s'installer dans notre voisinage. Je suis désolé, Janice."

"Tu n'as pas à t'excuser. Je ne t'aurais jamais repris comme je viens de le faire si ce n'était pas pour ton fils. Michael a déjà suffisamment de problèmes. Au fait où en est-il en ce moment? J'ai pensé à lui ces derniers temps."

"Rien de nouveau. Il est toujours à New York avec sa soeur, et n'a toujours pas retrouvé la trace de Lori ou de Holly."

"L'addition, s'il vous plait," distraite, Janice tend son menu au serveur. "C'est tellement injuste. J'aurais espéré que depuis tout ce temps, il aurait réussi à trouver une piste."

Mack remue la tête pendant qu'il mâche son cheeseburger. "J'espère que tu as de meilleures nouvelles au sujet de notre enquête."

"Deux ou trois pistes dont j'aimerai te parler quand nous serons de retour au bureau," dit Janice. "Cette enquête semble prendre plus de temps que prévu."

"Et bien, ce n'est pas vraiment ce que j'espérais," dit Mack, une frite à la main. "Si nous tardons à résoudre cette énigme-"

"-Karen risque de découvrir ce que nous lui avons caché au sujet de Laura. Je sais, je sais," Janice boit son thé à petites gorgées.

"Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis?" Mack jette un coup d'œil dans le restaurant bondé. "Si tu pensais qu'il y avait une bombe à retardement prête à exploser au Groupe Sumner-"

"Je sais que ça te touche de près, Mack."

"Vraiment? Plus j'y pense et plus je me demande quand cela va nous exploser à la figure." Mack pose son cheeseburger. "La dernière fois que j'ai caché des choses à Karen, elle a pris le premier avion pour se rendre à l'autre bout du continent. J'ai cru qu'elle ne me pardonnerait jamais. Non pas que je la blâme."

Peggy pose sa serviette sur la table. "Vous avez seulement fait ce que vous pensiez être le mieux," dit-elle en l'interrompant. "Après tout, ce n'était pas la première fois que vous la teniez à l'écart-"

"Wolfbridge. Ne m'en parlez pas," grommelle Mack.

"Cependant, tu sais que dans cette affaire, nous avons pris la bonne décision," Janice continue résolument. "Bien sûr que c'est difficile. Tu me crois si je te dis que même VAL m'a questionnée l'autre jour."

"ET?"

"Bien entendu, je ne lui ai rien dit, mais les femmes savent y faire quand elles veulent savoir quelque chose."

"Et quand elles sont ensembles Karen et Val deviennent une force invincible." Mack tape sur sa poitrine avec son poing. "Oof! Quelle idée de venir déjeuner ici? Leur nourriture m'a toujours rendu malade."

 

Le lendemain, sur un terrain vague à Knots Landing où on peut voit les derniers vestiges d'un immeuble :

"Combien de temps pensez-vous que ça va durer?" demande Abby, impatiente alors qu'elle descend de la BMW de Jack. Gary les attend devant sa camionnette avec Karen. "Cette chaleur est insupportable, et j'ai tant à faire au bureau."

"Et bien, si ton mari commençait à se montrer raisonnable en étant d'accord avec nous au sujet des emplacements, on pourrait arriver à quelque chose," répond Gary irrité.

"Si je commençais à me montrer raisonnable?" raille Jack. "Il me semble que c'est toi le plus insatisfait de nous deux, cousin. Nous avons visité plusieurs emplacements que Karen et moi trouvions parfaits pour le projet, mais aucun d'eux ne semblait te convenir."

"Bien, 'Cousin,' excuse-moi si je ne veux pas que les gens qui bénéficieront des logements se retrouvent dans des ghettos ou dans des zones industrielles. Quand je verrais un endroit convenable, alors je remplirai ma part du contrat," rétorque Gary.

"Je pense que tu agis de manière un peu excessive," dit Karen calmement. "Certains de ces sites étaient adéquats à être développés, et ces logements auraient amélioré le voisinage. Tu les as refusés juste parce Jack les trouvait bien."

"Je suis sûre que Gary est capable de prendre ses propres décisions, Karen," dit Abby.

"Merci pour ton soutien, chérie," dit Jack irrité.

"Ecoutez-moi bien, vous tous, ça suffit!" dit Walter Peterson, en colère alors qu'il s'avance vers eux en s'essuyant le front. "je vous ai accompagnés durant toute cette maudite journée afin de vous montrer les terrains que je possède et dont je peux faire don pour votre œuvre de charité. Mais je n'ai pas l'intention de perdre une minute de plus pendant que vous essayez tous les deux de montrer qui a les plus grosses couilles. Maintenant, ceci est le dernier site approuvé par Jack et Madame Mackenzie. Maintenant, que vous preniez celui-ci ou pas, je m'en fous. Quoi qu'il arrive, je m'en vais à mon country- club pour jouer quelques balles et prendre un scotch!"

"Walter a absolument raison," dit Abby qui tente d'être diplomate. "Cette petite chamaillerie ne nous mène nulle part. Alors pourquoi ne pas laisser tout ça de côté et prendre une décision."

"Bien," acquiesce Jack.

"Pas de problème," Gary hoche la tête en guise d'acquiescement alors que tous commencent à regarder autour d'eux. L'emplacement est grand et pratiquement vide. Le quartier est en bordure du centre ville de Knots Landing, presque au croisement de la ville et de la banlieue. L'extension urbaine n'est pas aussi considérable ou horrible et certains restes de nature sont encore visibles, comme des arbres et un petit parc donnant sur la rue.

"C'est réellement un très bel emplacement," commente Karen alors qu'elle regarde autour d'elle.

"Certainement à des mondes des horribles endroits que nous avons vus aujourd'hui," reconnaît Gary.

"Cet endroit semble même mieux qu'il ne l'était sur les photos," ajoute Jack. " En fait c'est-"

"-Parfait!" disent les deux hommes en même temps.

"Vous voyez, ce n'était pas si difficile?" fait remarquer Abby, battant ses cils pour Gary pendant qu'elle tient le bras de Jack.

"Je vais enfin pouvoir me servir un scotch," annonce Walter.

"Cette propriété fait seulement partie de vos biens depuis quelques mois seulement," commente Karen pendant qu'elle regarde ses notes. "Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas d'en faire don?"

"Si elle était citée dans le document que je vous ai fait parvenir, alors c'est qu'elle est disponible," répond-il. Il lève les yeux et aperçoit un ouvrier passer au volant d'un bulldozer. "Hé, vous! Là-bas!"

"Oui, monsieur?" demande l'homme, arrêtant le bulldozer.

"Qu'êtes-vous exactement en train de construire, mon garçon?" demande Walter.

"Un mini centre commercial, monsieur. C'est supposé être un petit voisinage plein d'avenir," répond-il.

"Et bien, ça le sera - mais je pense qu'on peut enlever le mot mini," dit Walter. "Qu'est-ce nous détruisons?"

"Les maisons Hudson Street. C'était un projet de maisons à bas prix qui fut pratiquement détruit par le tremblement de terre et la ville a décidé de vendre plutôt que de reconstruire."

"des maisons... à bas... prix... " répète Walter.

"N'est-ce pas ironique?" dit Karen en riant.

"C'est trop amusant," Jack rigole de bon cœur avec elle, suivi de Gary. Abby essaye de garder son sérieux mais se joint au fou rire collectif.

"Qu'est-ce que vous avez tous à rire? Quelle idiote et stupide perte de temps et d'argent," dit d'un ton brusque Walter en regardant vers eux. Ils essayent de regagner leur sang-froid mais craquent à nouveau. Malgré lui, il se joint à leurs rires. "Ah, et puis allez. C'est seulement de l'argent, non?"

"Je ne me rappelle pas que tu ais jamais dit une telle chose," lance Gary à Abby pendant qu'ils continuent de rire. "D'accord, Jack, amène-moi ces papiers. Je suis emballé."

 

Quelques heures plus tard, Seaview  Circle :

Val est dehors entrain de faire des assouplissements avant d'aller courir quand une BMW 750iL vert foncé arrive à toute allure dans Seaview Circle. Jack en sort et claque la porte, n'arrêtant pas de jurer pendant qu'il martèle le trottoir.

"Belle journée, tu ne trouves pas?" crie Val de l'autre côté de la rue. Jack s'arrête net et lui sourit d'un air penaud.

"Excuse-moi," dit-il, en marchant d'un pas tranquille vers elle en enlevant sa casquette. "J'ai eu une longue journée à visiter des terrains abandonnés avec Abby et Gary. Je ne sais même pas ce que je faisais là-bas commence à me demander ce que je fais là-bas, personne ne semble porter le moindre intérêt à mon opinion de toute façon. Quelquefois je me sens... comme..." Il hésite à s'ouvrir à une femme qu'il connaît à peine.

"-comme un poisson hors de l'eau?" Val le regarde avec chaleur et compréhension. "Oh, ne soit pas embarrassé; C'est quelque chose qui se lit sur ton visage! C'est un sentiment que je connais bien moi aussi."

"Toi? Comment fais-tu en général pour t'en débarrasser?"

"C'est une bonne question." Val se met à genoux et serre les lacets de ses chaussures de course. "En commençant par t'enraciner, je pense. Quand Gary et moi sommes venus nous installer ici il y a 20 ans, aucun de nous n'était resté au même endroit assez longtemps pour savoir ce que l'expression "se sentir chez soi" voulait dire. Je n'étais pas sûre, non plus, que Seaview Circle était l'endroit idéal pour prendre un nouveau départ mais Gary a décidé que si et puis il a réussi à me convaincre. Et nous sommes restés. Nous nous sommes faits de bon amis; ça aide. Puis c'est ici qu'on a élevé nos enfants." Elle lève les yeux vers Jack. "Dans ton cas, c'est un peu différent."

Jack fait une grimace. "Ça donne à réfléchir, quoi qu'il en soit. Ne me dis pas que tu as prévu d'aller courir par cette chaleur?"

"Ça me manquait. Peu importe le temps qu'il fait. J'ai besoin de reprendre mes vieilles habitudes maintenant que nous sommes de retour chez nous, la vie reprend son cours... comme avant."

"Ça te dirait que je vienne courir avec toi?"

"Tu es sérieux? Vraiment? Parfois, ça me pèse de courir seule. Ce n'est plus la même chose depuis que mon ami Frank... s'en est allé," Val sourit avec nostalgie.

"Tiens-toi prête." Jack traverse la rue. "Je vais me changer, j'en ai pour deux minutes."

"Prends ton temps!" crie Val qui continue de s'échauffer. Effectivement, en quelques minutes, Jack courre vers elle, portant un débardeur décoloré et une paire de jean raccourci en lambeaux. "Pas exactement la tenue d'un coureur californien" dit-il en s'excusant, en reluquant le haut et le bas plus que collant de Val. Avec sa silhouette fine, il est difficile de croire qu'elle ne s'est pas exercée régulièrement durant les derniers mois.

"Oh non, ça va," répond Val, amusée, "mais je dois dire que ça me surprend que ta femme te laisse sortir habillé comme ça."

Jack pouffe de rire. "Elle ne m'a pas encore vu dedans - pas tant que la lune de miel continuera!" Prêt à partir, il pivote. Oh Oh. Abby, pense-t-il. Qu'est-ce qu'elle va penser? Il n'y a aucun amour entre Val et elle. Cependant, j'aimerais savoir s'il n'y a que Gary. Quelle meilleure façon de mieux connaître ma femme? "...Bon, tu es prête à y aller? C'est juste que j'aie besoin de me défouler - Hé, attends!" Il fait fonctionner ses jambes mais il lui faut un long moment avant de rattraper Val qui a déjà deux maisons d'avance sur lui.

Quelques temps après, le soleil impitoyable s'avère être trop fort pour une longue course, aussi, Val suggère une marche le long de la plage pour se rafraîchir. Jack a enlevé son t-shirt et l'a attaché comme un bandeau autour de son front. "Bon sang, et je pensais que Dallas était intenable en été."

"C'est un foyer régulièrement intenable," répond Val avec une ironie désabusée.

"Ha! Tu veux dire ma famille éloignée. Tu ne vas pas me juger par les actions de J.R. Ewing," dit Jack dramatiquement avant de se rattraper. "Oh, bon sang, je suis désolé. On oublie facilement que Gary est son frère. Je veux dire, il était absent quand j'ai fait la connaissance de mes cousins de Dallas. Ça ne doit pas être une sinécure de grandir dans cette famille."

"C'est BIEN le moins que l'on puisse dire. Je ne m'imaginerais pas te juger à cause de ce que ta famille est... ou à cause de ce que ta femme est, d'ailleurs." Val détourne son regard vers l'océan, ses cheveux blonds fins tombant sur son visage et cachant son expression. "Bien que..." Elle s'arrête.

"Dis-moi. Nous avons évité de parler d'elle tout l'après-midi. Abby et toi avez un passé, de ce que j'ai pu savoir."

Val houspille. "Je ne dis plus rien! C'est tout le temps la gagnante incontestée de l'année! De la décennie!" Elle part en courant. "...du millénaire!"

"Héee! Je suis sérieux!" Jack, sa poitrine dégoulinant de sueur arrive essoufflé derrière elle. "Allez, Val, ralentis." Val acquiesce et s'arrête pour étirer ses tendons. "Ecoute," dit-il, "J'aime ma femme et s'il y a une chose que je souhaite plus que tout au monde, c'est la réussite de mon mariage. Je ne veux pas remuer le passé, mais-"

"Alors n'en fait rien." Val pose sa main sur son épaule pour se maintenir en équilibre. "Parce que je vis dans le présent et non dans le passé. Pourquoi pas toi? Si je le faisais, et bien, je passerais mon temps à penser à ce qui aurait pu arriver et je n'arrêterais pas de me blâmer. Je veux dire, regarde tout ce qu'on a appris l'un de l'autre en une seule après-midi. Nous avons eu tous les deux une enfance difficile, des mariages malheureux. Tu as perdu une soeur et j'ai perdu un frère, tous les deux dans des accidents horribles. Et je pourrais continuer. Mais regarde-nous aujourd'hui : Nous sommes tous les deux comblés dans nos vies sentimentales, entouré par notre famille, on a la santé, on est pleins de vie et on va de l'avant. C'est ça qui est important, pas le passé. Et il n'y rien d'autre à dire. Si c'est Abby que tu veux, c'est ton affaire, 'Cousin.'"

"Si seulement toi... et Karen... pouviez la connaître comme moi je la connais. Bon sang, les gens changent." Jack grimace un peu à cause du soleils.

Un regard inquiet traverse le visage de Val puis elle envoie ses pensées négatives dans les recoins les plus profonds de son âme et parvint à sourire. "Tu es un type bien, Jack Ewing. J'espère que tu seras très heureux avec Abby. Vraiment, je l'espère. On a tous besoin de quelqu'un à aimer." Elle prend une profonde inspiration. "Il y en a marre de cette discussion pesante, d'accord? Tu penses que tu peux grimper la colline pour revenir à la maison?"

"Tu dois plaisanter," dit-il. "Peut-être que si j'avais une carotte devant moi. Par exemple, imaginer ta maman entrain de préparer un poulet frit?"

"Tu ne vas jamais retrouver ta forme si tu continues à parler comme ça!" dit en courant Val pour qu'il se dépêche.

"Je suis en forme!" Il frotte avec la paume de sa main ses abdos. "C'est juste que je ne sois pas prêt pour un marathon!"

Ils respirent tous les deux difficilement mais ne peuvent s'arrêter de rire jusqu'au moment où ils arrivent à la maison de Val. "...Nous devions marcher pendant un kilomètre pour aller à l'école à travers la neige qui tombait sur nos têtes," dit Jack en suffoquant.

"Tu devais marcher? Nous devions nager pour aller à l'école quand le ruisseau était en cru," dit Val en rigolant et en ouvrant la barrière de sa maison.

"D'accord, d'accord, j'abandonne." Jack essuie sa poitrine avec son t-shirt. "Je sais que je vais le regretter quand je me lèverais demain matin, mais pour l'instant, c'est de ça que j'ai besoin. Merci pour ne pas m'avoir largué."

"Tu étais le bienvenu... et tu seras, hem, également le bienvenu la prochaine fois." Val lève le bras et le serre légèrement dans ses bras parce qu'elle est aussi trempée dans son t-shirt que lui.

Jack passe aussi son bras autour de Val mais le retire rapidement quand il voit le rideau de la fenêtre située derrière elle bouger. "On se voit plus tard, alors." Il se tourne et se dirige vers la maison que Abby a fait construire, en regardant derrière lui une dernière fois que Val lui a fait un clin d'oeil mais elle est déjà rentrée à l'intérieur.

Val pose l'un après l'autre son pied sur l'escalier et rencontre ses chaussures. "Tu as passé un bon moment, n'est-ce pas?" demande Lilimae qui s'éloigne de la fenêtre du salon.

"Oh! Tu m'as fait peur. Ça ne t'ennuierait pas de m'amener un verre d'eau avec des glaçons? il fait une chaleur intenable dehors."

"Oui, ça m'en a tout l'air. Ce Jack Ewing est un beau spécimen d'homme."

"Quoi? Maman, je connais ce ton. Où veux-tu en venir?"

"Bien, je vais te le dire puisque tu le demandes. Tu es en train de jouer avec le feu, Valene."

"Tu te fais des idées à partir de rien du tout." Val secoue sa chaussure devant sa mère. "Nous sommes juste allés courir le long de la plage, c'est tout."

"Mon esprit divague peut-être, mais mes yeux fonctionnent encore et pour moi on aurait vraiment dit que tu flirtais avec lui."

"Je NE flirtais PAS avec lui." Val essaye de ne pas rire.

"Autant que j'aimerais te voir te venger de cette vieille garce, Abby EST sa femme. La pensée de voir ma fille s'abaisser à SON niveau-"

"Ne t'inquiète pas pour ça." Val s'approche et embrasse sa mère sur le front. "Je vais prendre une douche avant le retour de Gary. Et mon eau?" Elle grimpe les marches, ses chaussures de course dans la main. Lilimae reste là avec les mains sur les hanches en la regardant partir. Puis dans un soupir d'exaspération, elle secoue la tête et se dirige dans la cuisine.

 

Et Maintenant...

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