The Cook, the Thief, her Husband, and their Mother
Traduction par Jean-Louis Petrod et mise en page par Yannick Cordonnier Hernois.

 


La cuisine ensoleillée des Ewing :

“Chérie, pourquoi ne pas t'asseoir et m'aider à manger tout ça?” Gary remue la tête alors qu'il regarde vers la table où se trouve un petit déjeuner composé de pancakes, d'œufs et de bacon.

Le visage soigné de sa fille qui est en train d'essuyer une poêle s'éloigne de l'évier. “Papa, tu sais que je ne touche jamais à ce genre de substances!”

“Par contre ce n'est pas grave si c'est ton vieux père qui finit par avoir les artères bouchées?” Gary plaisante un peu puis s'arrête avant de trop taquiner sa fille. Avec le départ de Val qui devait prendre un avion très tôt, Betsy avait pris sur elle de préparer le petit déjeuner pour toute la famille - et elle s'était retrouvée au bord des larmes quand Bobby et Lucy ont décidé de faire une escapade à la plage Venice et que Lilimae a annoncé qu'elle avait besoin d'aller dormir. “Mais je dois dire que ce sont les meilleures pancakes à la myrtille que je n'ai jamais mangé.”

Betsy remplit sa tasse de café. “Vraiment? Mieux que ceux de maman?”

“On dira que c'est notre petit secret,” Gary lui fait un clin d'oeil. “Viens, arrête-toi deux minutes. C’est tellement rare que je puisse passer un moment seul avec ma jolie petite fille.”

“PAPA,” répond Betsy irritée, “Je ne suis plus une petite fille.”

“Tu seras toujours ma petite fille, même si tu grandis et que tu quitteras la maison bientôt.” Gary la tapote sur l'épaule. “Alors soit un peu indulgente avec ton vieux père.”

L'adolescente fait rouler les yeux mais honore la demande, s'effondrant dans la chaise voisine. “Le PSAT a lieu dans quelques semaines. J'ai dit à grand-mère que j'irais marcher avec elle dans le parc mais il faut vraiment que je passe à la bibliothèque ce matin.”

“Par une belle journée comme celle-là? Un samedi en plus?”

“Si je veux pouvoir entrer dans une bonne école, il faut que j'obtienne au moins 1450…” Betsy tire une graine de raisin des grappes qui se trouvent sur la table et la faisant rouler entre ses doigts. “Je dois travailler dur pour conserver mes notes, tu sais. Quelquefois… j'ai l'impression que toi et maman ne vous en rendez même pas compte.”

“On s'en rend compte, Bets. Peut-être qu'on donne l'impression de ne pas…” Gary n'est pas très doué pour faire avec les angoisses de l'adolescence. “Mais si nous n'avions pas à nous pencher sur le cas de ton frère en permanence… C'est juste que tu nous poses pas trop de problèmes…”

“Comparé à Bobby.” Elle évite de regarder son père dans les yeux alors qu'elle lui dit ce qu'elle a sur le coeur. “Bobby a pris le camion et il s'en est fallu de peu pour qu'il ne soit pas tué dans l'explosion et il passe son temps assis devant la maison à jouer avec sa Playstation. Bobby a besoin d'étudier plus que moi pour le PSAT, et où est-il? En train de faire du roller avec Lucy.”

“Hé…” Gary veut la retenir, mais elle se lève et commence à débarrasser la table. “Je n'ai jamais cherché à te comparer à ton frère. Tu sais que tu as une place spéciale dans nos coeurs. Ta mère et moi vous aimons tous les deux pareils…”

“Alors pourquoi ne m'ont-ils pas invitée?”

“Qui?”

“Bobby et Lucy!” Elle dépose brutalement un plat dans l'évier, ce qui émet un claquement.

Surpris par le bruit, Gary sursaute sur sa chaise. “Chérie, tu sais bien qu'ils n'ont jamais cherché à t'exclure. Lucy rentre à Dallas cet après-midi et avait besoin de quelqu'un pour l'emmener à l'aéroport. C'est juste qu'ils ont décidé à la dernière minute de prendre un peu de bon temps avant qu'elle parte. Si tu veux, je lui demanderai d'aller avec toi quelque part - rien que vous deux - la prochaine fois qu'elle nous rendra visite.”

“Non, s'il te plait papa - je me débrouillerai toute seule,” Betsy s'éloigne alors que quelqu'un sonne à la porte. “Je vais voir qui c'est. Je dois apporter ce plateau dans la chambre de grand-mère de toute façon.”

Gary se rassoit et regarde un instant ses œufs froids puis lève la tête lorsqu'il entend des pas.

“Bonjour, Gary,” dit Kate sur un ton inquiet alors qu'elle entre dans la cuisine. “J'ai aperçu Val et Mack partir très tôt ce matin avec leurs valises. Il s'est passé quelque chose?”

“Entre, assieds toi et prends un café.” Gary lui apporte une tasse. “Nous avons appris une mauvaise nouvelle la nuit dernière. Frank Williams est mort.”

“Oh, non, c'est terrible. Que s'est-il passé? Pauvre Julie.”

“Je n'ai pas tous les détails mais Val et Mack ont pris l'avion pour se rendre aux funérailles. J'aurais aimé y aller moi aussi seulement on a des délais sur le site de construction.”

“C'est vraiment trop triste. Je sais ce que peux ressentir Julie. Comment va-t-elle?

“C'est très dur pour elle. De même que pour Jason, d'après ce que m'a dit Mack. Après que Jason ait épousé Julie, Frank était devenu son nouveau père de substitution. C’est un moment difficile.” Gary regarde dans le vide.

“Si tu pouvais me donner leur adresse avant que je m'en aille, j'aimerais leur envoyer un mot pour leur exprimer ma sympathie.” Kate se verse une tasse de café, sa main tremble légèrement.

“Val avait laissé ça dans le réfrigérateur avant de partir.” Gary fait un geste en direction de la table. “Prends quelques pancakes. Betsy en a fait suffisamment pour nourrir tout un régiment.”

“Merci, mais je suis déjà en retard. J'avais presque oublié - le barbecue. Est-ce qu'on annule?”

“Non, Val et Mack ont insisté pour que nous maintenions ce qui était prévu. Je suppose que c'est moi qui vais prendre la relève et accomplir mon devoir en m'occupant du grill. Ou bien peut-être que tu pourrais enrôler ton mari?”

Kate reste un instant silencieuse puis reprend. “C'est la raison pour laquelle je suis là. J'avais besoin de quelques minutes seule avec toi : pour parler de Brian… et de Mollie.”

Gary tressaillit. “Pourquoi ai-je l'impression que je ne vais pas aimer ça?”

“C'est difficile pour nous deux, mais… regarde, Mollie arrive à un âge où elle commence à poser des questions. Elle aime avoir son oncle Gary près d'elle, mais elle a aussi besoin de savoir qui est son père.”

“Quand tu dis ‘son père’, ça veut dire Brian.”

“Brian est le seul père qu'elle n'ait jamais connu, Gary. Et il l'aime réellement comme si elle était de lui. S'il te plait, crois-moi.”

“Je te l'accorde. Brian a toujours été un enfant agréable, responsable et travailleur-”

“Il est mon mari et c'est un adulte maintenant,” Kate le corrige gentiment.

“Un adulte? Pour être honnête avec toi, je n'aurais pas pensé étant donné le comportement qu'il a eu dernièrement avec moi au sujet de Mollie.”

“Il a travaillé TROP dur dernièrement, et son stress est aussi du au fait que nous vivions tous les uns à côté des autres.”

“Bienvenue au club.” Gary regarde Kate d'un air sérieux alors qu'il boit une gorgée de sa tasse de café. “Tu as dit que tu avais quelque chose à me dire. Alors je t'en prie, vas-y.”

Kate pose sa main sur la sienne. “Nous en avons parlé, et nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il est temps que Brian adopte Mollie légalement.”

“Et qu'est-ce que je vais devenir pour Mollie à présent?”

“Juste ce que tu as toujours été, un proche - très proche - ami de la famille.”

Gary réfléchit un moment avant de répondre. “J'ai toujours été satisfait de rester à l’arrière plan dans la vie de notre fille alors que vous deux vous occupiez de l'élever. Si je regarde les choses de près, je suppose que je dois admettre que je suis trop vieux pour être père à nouveau. Mais vous devez comprendre tous les deux que je considère Mollie comme ma fille. Je suis loin d'être le père idéal. J'ai besoin de me racheter, Kate - pour mes propres erreurs, pour celles de mon père…”

“Quand je suis venue, je ne m'attendais pas à ce que tu me donnes un accord sans réserves,” dit Kate avec compassion. “J'aimerais juste que tu y réfléchisses. Essaye de d'habituer à cette idée. Nous pourrons en reparler plus tard …”

La conversation entre Gary et Kate est tellement intense qu'ils n'ont pas remarqué le bruit causé par une paire de pantoufles qui avancent dans le vestibule derrière la porte ouverte.

“Je ne peux pas oublier le ressentiment de Brian envers moi, et ça m'inquiète…” est en train de dire Gary.

Portant toujours le plateau maintenant vide mais cachée de leur vue, Betsy se tient figée, les yeux écarquillés, cachée dans le coin. Une larme coule le long de sa joue alors que les mots qu'elle commence à réaliser ce qu'elle vient d'entendre.

 

Au même moment à l'aéroport :

“Hé… un penny pour chacune de tes pensées.” Mack dépose sur la table une tasse de café en polystyrène expansé et de la petite monnaie.

“Je vais t'en dire au moins un.” Val lève les yeux alors qu'il s'assoit à côté d'elle dans le snack bar. “J'étais juste en train de penser à toutes les choses que j'aurais aimé lui dire. J'avais l'intention de l'appeler mais ça ne semblait jamais être le bon moment.”

“Je sais ce que tu veux dire. C'est comme toutes ces choses que nous souhaitons dire et qui deviennent subitement claires comme du cristal un fois qu'on a plus la possibilité de les dire. La mort nous a joué un sale tour cette fois-ci.”

“Après le tremblement de terre, quand il nous a annoncé qu'il était séropositif, il était tellement déterminé que j'aurais presque cru qu'il aurait réussi à combattre la maladie.”

“Je voulais y croire aussi. Mais Frank était quelqu'un de secret. Il avait appris à tout garder pour lui, aussi dur que ça puisse être.”

Val lutte pour retenir ses émotions “C'est juste que maintenant, je me retrouve avec cette sensation de vide et… cette finalité. Il ne reviendra plus jamais…”

“…et, quand penses-tu être de retour?” demande Brian à Masako alors qu'ils passent le périmètre de sécurité.

“Je ne sais pas. Cette visite à mes cousins américains était une occasion spéciale. Je vais être très occupée avec le mariage et l'emménagement dans ma nouvelle maison.”

“Si tu as besoin de quelque chose?” demande Brian, en lui déposant son sac sur l'épaule. “je t'enverrai un cadeau - je veux dire, Kate et moi.”

“Te voir était le cadeau dont j'avais besoin,” dit Masako doucement, en regardant fixement en direction du terminal.

“Et, je ne t'ai pas donné exactement ce que tu voulais. J'espère que tu peux comprendre pourquoi.”

“S'il te plait, ne m'embarrasse pas en en disant plus,” répond Masako, en marchant d'un pas plus rapide. “Je crois que ce que nous avons fait - ou n'avons pas fait - c'était la meilleure chose à faire. Maintenant tu as Kate, et j'ai Hiraku.”

“Viens par là, Masako.” Brian la tire à l'écart des passagers pressés. “Tu n'as pas à être embarrassée au sujet de la nuit dernière. Dormir ensemble une dernière fois,” ajoute-t-il, en adoucissant sa voix, “aurait été une complication majeure au point où nous en sommes dans nos vies.”

Masako regarde le sol. “Nous n'avons pas besoin d'approfondir ce sujet. Nous étions d'accord quand tu m'as laissé à l'hôtel hier soir.”

“Alors pourquoi ai-je le sentiment tenace que nous n'avons pas résolu ça pleinement? Je sais que ce que je viens de faire était probablement la décision la plus mature de ma vie. Mais quand je te regarde…” dit Brian en lui relevant le menton de façon à ce que leurs regards se croisent, “et ce scintillement dans tes yeux me manque - que je ne perçois pas quand tu parles de l'homme que tu es sur le point d'épouser.”

“C'est quelqu'un de bien.” Masako tente de détourner le regard.

“Est-ce tout ce que tu peux dire? Je ne peux pas te laisser sans savoir avec certitude que tu seras heureuse. Si quelque chose ne va pas, tu devrais me le dire, tu ne crois pas?…”

“…j'aurais juste aimé que Frank nous laisse savoir à quel point son état de santé s'était aggravé. Nous n'aurions rien pu faire plus,” dit Val en finissant son café.

Mack regard sa montre et se saisit de ses bagages. “Il est mort comme il l'avait décidé. Il n'aurait pas voulu qu'on s'inquiète.”

“Et bien, je me sens trahie… à nouveau. À quoi servent les amis, s'ils ne sont pas là dans les bons moments comme dans les mauvais? Pourquoi est-ce que tout le monde ressent le besoin de se mettre en retrait… de repousser ceux qu les aiment… quand les choses tournent mal et empirent? Oh, je suppose que je dois sembler terriblement égoïste.”

“Tout ce que nous pouvons faire à présent pour lui, c'est combler ce vide que ressentent Julie et Jason. Viens - notre vol doit être en train d'embarquer. …”

“…j'arriverai à trouver le chemin jusqu'au terminal des vols internationaux. Ce n'est pas la peine que tu m'accompagnes plus loin,” dit Masako à Brian.

“Je ne te laisserai pas avant d'être sûr que tout ira bien. Masako… s'il te plait!”

Elle met son sac sur son épaule, sans quitter Brian des yeux. Puis elle se retourne et s'en va.

Brian se tient debout, avec une marée de gens circulant autour de lui, alors qu'il la laisse partir dans un silence de stupéfaction. Masako, sentant ce regard posé sur elle, s'arrête un instant - et court vers lui déposant un doux baiser sur ses lèvres. “Kimi o ai shiteru,” murmure-t-elle et se retourne une dernière fois avant de disparaître dans la foule.

“Je t'aime aussi,” répond Brian.

Une main puissante étreint son épaule là où étais posé le sac quelques minutes plus tôt. “Hé, mon grand Brian! Tu es venu accompagner ton oncle?”

“Mack!” Brian tournoie sur lui-même. “Qu'est-ce que tu fais là? Et toi Val?” dit-il perplexe. “Que se passe-t-il?”

“On pourrait te poser la même question,” se demande Val à voix haute, regardant en direction de la jolie asiatique que Brian vient d'embrasser sous ses yeux.

 

La résidence Cunningham :

“Oncle Jack! Je veux jouer à Candyland!” crie Mollie d'une voix perçante.

“Bien apporte-moi ça, petite! J'étais un champion de Candyland à mon époque,” Jack rit.

“Tu peux être bleu, je serais le rouge et mon Furby peut être le jaune,” dit-elle en ouvrant la boîte.

“Et je peux être le violet,” l'interrompt Abby brusquement en regardant à l'intérieur de la boite.

“Il n'y a pas de violet! Tu peux être le marron,” dit Mollie en plissant le nez.

“Tu sais, Mollie, ce n'est pas tout le monde qui peut réussir le marron. Et, je ne suis pas tout le monde, et mon petit Brandon non plus, n'est-ce pas …” dit Abby sur le ton de la flatterie.

“Ab-Ab! Ab-Ab!” gazouille Brandon alors qu'il grimpe sur ses genoux.

Alors que Abby tente de lisser les plis que Brandon a fait sur son chemisier, Mollie dit, “Brandon, tu peux partager le vilain marron avec Ab-Ab.” Elle installe le jeu. “je commence, ensuite oncle Jack continue et mon Furby sera troisième. Le vilain marron devra commencer en dernier,” dit l'enfant sur un ton neutre.

Abby enrage intérieurement. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que Jack et moi passons du temps avec mes petits enfants, Mollie va toujours faire la lèche-bottes avec Jack alors que moi, je me retrouve avec ce petit qui bave d'admiration devant moi?

Alors qu'ils commencent à jouer, Mollie s'assure que son Furby ne sera pas défavorisé. Elle lui chatouille le ventre et il pouffe de rire.

“Regarde, oncle Jack? Il t'aime bien.”

“Peut-être que ton Furby voudrait un ami pour jouer avec? Je pourrais t'en acheter un autre,” dit Abby. Jack rit intérieurement. Ma femme, l'impitoyable femme d'affaire, est en train d'essayer de passer de la pommade à une gamine de 5 ans. Si les gens du bureau pouvaient la voir maintenant…

“Mon Furby a beaucoup d'amis!” répond Mollie indigné. “Il a le Furby de Jenny, le Furby de Amy et oncle Jack.”

“C'est bien que ton Furby ait autant d'amis. Quelle langue parlent-ils? Je sais qu'il a été fabriqué en Chine, donc il doit probablement parler le chinois,” suggère Abby.

“Chinois?” Mollie fait rouler ses yeux. “Il parle Furbish. Tu ne connais rien?”

“Ab-Ab! Bisou-bisou!” dit Brandon en saisissant la tête de Abby entre ses mains poisseuses en en déposant un baiser sur sa joue.

“Oncle Jack, tu veux que je te montre comment mon Furby peut jouer à cache-cache?” demande Mollie.

“Bien sûr. J'adore jouer à cache-cache! C'est mon jeu préféré!” répond Jack.

“D'abord tu couvres ses yeux comme ceci…” commence Mollie.

Alors Mollie est en train de donner une liste plutôt exhaustive d'instructions sur la manière de jouer, Abby tente de faire enfiler sa veste à Brandon. Il trouve que c'est un jeu formidable d'enlever sa veste alors que Abby vient juste de la lui mettre.

“Non, Brandon! Remet-là!” dit Abby.

“Enlevée!” Brandon pouffe de rire en enlevant sa veste.

La même scène se répète plusieurs fois jusqu'à ce que Abby dise : “Brandon, si tu n'enfiles pas ta veste, nous ne pourrons pas aller au zoo.”

“D'accord. Zoo,” dit Brandon.

“ Jack et Mollie, vous êtes prêts?” demande Abby qui tient Brandon dans ses bras.

“Attends! J'apprends à oncle Jack comment on joue! Non, pas comme ça.” Mollie éclate de rire alors qu'elle observe Jack qui essaye d'attraper le Furby pour jouer.

Abby monte une stratégie en silence alors que Jack comment la même erreur encore et encore. Puis elle finit par saisir l'opportunité de se rehausser aux yeux de sa petite-fille. Elle saisit le Furby d'un geste vif.

“Tu n'as pas compris, Jack?” demande-t-elle exaspérée alors qu'elle met une conclusion à la série d'instruction que Mollie a donné à Jack durant les dernières minutes.

“Redonnes-le! Maman dit que ce n'est pas bien de prendre sans demander!” réprimande Mollie.

Abby soupire. Peut importe ce qu'elle fait, elle ne semble pas y arriver aujourd'hui “Très bien. Il va falloir qu'on se mette en route sinon on n'ira jamais au zoo. Jack, tu peux tenir éloigné Brandon de la voiture et l'installer dans le siège bébé. Mollie, apporte-moi ta brosse à cheveux. Je voudrais te relever les cheveux, parce que si tes cheveux sont relevés, les tigres n'iront pas les manger!”

Sachant à quel point Abby voudrait du temps pour nouer des liens avec sa petite-fille, Jack enlève Brandon des bras de Abby. “Viens, petit tigre,” dit-il en le soulevant.

“Ab-Ab!” gémit Brandon.

“Non, petit tigre, maintenant c'est les garçons d'un côté et les filles de l'autre. Viens!,” dit Jack alors qu'il emmène Brandon en direction de la voiture.

Au même moment, à l'intérieur de la maison, Abby est en train de brosser les cheveux de Mollie. Elle commence à lui faire une queue de cheval quand Mollie dit : “Tu peux me faire une tresse?”

“Bien sûr, mon coeur,” répond Abby. Alors qu'elle sépare soigneusement les cheveux de sa petite-fille, elle se rappelle de l'époque où elle coiffait les cheveux de Olivia chaque matin avant d'aller au travail. Comme le temps passe, elle pense.

Abby est ramenée dans le présent par la sonnerie de son téléphone portable. Elle répond. “Allo?”

“Salut ma jolie,” dit une voix au fort accent texan à l'autre bout du fil.

“Et bien, quelle bonne surprise! Attends un moment, s'il te plait,” dit-elle en reposant le téléphone. Abby met l'élastique dans les cheveux de Mollie. “Va attendre dans la voiture avec Jack, ma chérie. J'arrive.”

Mollie fronce les sourcils alors qu'elle se regarde dans le miroir. “C'est pas plat!” s'exclame-t-elle, examinant ses cheveux. Puis elle ajoute, “je dois mettre mon Furby au lit.”

Mollie laisse son Furby sur une chaise près de Abby et sort en courant.

“Désolée, J.R., aujourd'hui, je m'occupe des enfants, mais je suis seule maintenant. Alors, qu'est-ce que tu as à me dire?”

“Tout semble fonctionner à merveille. Quand nous aurons fini, j'aurais tout le pétrole dont j'ai besoin, et toi tu auras plus qu'il ne faut d'argent pour acheter Sumner,” dit J.R. avec une touche de satisfaction.

Abby rit. “C'est l'heure… je vais devoir y aller, J.R. Mollie et Brandon sont en train de m'attendre dans la voiture avec Jack.”

Abby ramasse le Furby. Quel horrible jouet.

“Tu gardes le contrôle, n'est-ce pas?”

“Mais bien sûr. Le forage de Point Lotus commencera dans un mois,” dit Abby en replaçant le Furby back sur la chaise.

“Parfait. Je vais voir ça, chérie.”

“A bientôt.” Abby replace le téléphone dans son étui et sort rejoindre le reste de la famille qui attend dans la voiture.

Le Furby reste assis dans son fauteuil. “Tu n'as pas compris, Jack? Oui. Le forage de point Lotus commencera dans un mois,” dit-il d'une voix haute et mélodique.

Abby sort de la maison tellement rapidement qu'elle n'entend pas le jouet de Mollie répéter les mots qu'elle vient de prononcer - de toute manière, elle rencontre un autre problème juste devant sa porte d'entrée. Dans le cul-de-sac près de sa voiture se tiennent Lilimae et Betsy. Oh, parfait! Maintenant, comment est-ce que je vais réussir à rejoindre la voiture rapidement sans être obligée d'entrer en conversation avec cette vieille péquenaude folle et bouseuse?

“Que vois-je, Abby Ewin’… je commençais à me demander si tu habitais toujours dans cette gigantesque maison.”

En soupirant, Abby ferme les yeux profondément. Bon, faisons comme pour une conférence de presse… commençons par nous répandre en compliments brefs puis fuyons proprement mais rapidement… tu as fait ça des milliers de fois… se persuade Abby alors qu'elle se lance dans une course à grand pas, en direction de sa voiture. “Bonjour, Lilimae… Betsy,” réussit-elle à dire.

“Bonjour Abby,” Betsy la salue froidement.

“Ma puce, mamie a oublié d'apporter son sac de tissus. Voudrais-tu être un ange et courir jusqu'à la maison et me le ramener, s'il te plaît?” demande Lilimae à sa petite-fille.

“D'accord,” répond Betsy alors qu'elle commence à retourner vers la maison. A l'insu de Lilimae ou d'Abby, Betsy jette un coup d'œil vers Mollie assise à l'arrière de la voiture à côté du siège auto de Brandon. Mollie remarque qu'elle la regarde et lui fait un signe de la main. Betsy se retourne et court jusqu'à sa maison.

“Tes petits enfants sont adorables, vraiment adorable!” dit Lilimae en admiration alors qu'elle regarde les enfants. Elle sourit brièvement à Jack, qui est assis sur le siège du conducteur et qui lui fait signe. “Et ton mari. Il est certainement adorable lui aussi.”

“Oui, je pense que je vais le garder,” répond Abby alors qu'elle et Lilimae échangent un petit rire en guise de politesse. Avec la fenêtre fermée et l'air conditionné en route, Jack est incapable d'entendre de quoi elles sont en train de discuter.

“Tu as toujours eu un œil sur les hommes de la famille Ewin', n'est-ce pas?” ajoute Lilimae avec une timidité feinte, amusée par le regard hypocrite d'Abby et essayant de maintenir les civilités.

“Tout comme Valene,” répond Abby d'un air narquois. Pourquoi cette femme cancane à ce sujet maintenant? Se dit Abby en réfléchissant. Gary et Val sont mariés et forme un petit couple tellement heureux que ça en est écœurant. Pourquoi remuer le passé? Elle commence doucement à se retourner et à rejoindre la porte passager de la voiture.

“Et les hommes de la famille Ewing ont toujours eu un œil sur elle eux aussi,” continue Lilimae. “Vous devriez juste voir de quelle façon Jack fonce tout droit jusqu'à notre maison pour venir chercher Valene assez souvent l'après-midi pour aller courir avec elle.”

QUOOOI? Se demande Abby intérieurement, alors qu'elle se retourne lentement pour regarder Lilimae en face une fois de plus, tentant désespérément de “continuer” leur conversation.

Lilimae glousse d'une voix rauque alors qu'elle délivre le coup de grâce à l'ego d'Abby. “Oh, mais je suis sûre que tu n'as aucune raison de t'inquiéter, ma chérie. Valene n'a jamais été de celles prêtes à se rabaisser pour commettre des actes aussi honteux que toi. Toujours est-il que…” elle continue alors que Betsy ressort de la maison et appelle sa grand-mère, “…cela ne te fera pas de mal de ne jamais oublier que ton mari EST un Ewin’. Ces garçons ont toujours un œil qui vagabonde…”

“Merci beaucoup de le rappeler,” répond Abby sur un ton mielleux alors que Lilimae et Betsy commencent à partir.

Abby se jette dans la voiture au moment où Mollie se retourner vers la fenêtre de derrière. “Bye, Betsy,” crie la petite fille.

“Au revoir, Madame Clements,” dit Jack.

Lilimae sourit et lui fait signe de manière théâtrale, alors que Betsy fait semblant de n'avoir rien remarqué puis la voiture démarre. “Betsy, ma puce, si tu as besoin d'avoir en face de toi le modèle de ce qu'une femme ne dois jamais devenir… tu n'as qu'à jeter un œil de l'autre côté de la rue. Cette Abby Ewin’ est encore plus basse sur le sol que le ventre d'un serpent.”

 

Et Maintenant...

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