Le ranch Sumner :

“Alors, Georgie, ai-je réussi mon inspection?” demande Greg avec un sourire fendu jusqu'aux oreilles à celui qui est son médecin depuis bien longtemps. Le Docteur George Westrem à rendu visite à Greg au ranch pour examiner la guérison de ses jambes suite à l'explosion et lui faire son bilan de santé.

“Bien, Greg, c'est évident que vous prenez soin de vous,” répond le docteur alors qu'il éloigne son stéthoscope.

“Que puis-je dire, Je suis un Adonis,” dit Greg rayonnant, seulement à moitié sarcastique.

“Tenez le coup, Spartacus,” continue le médecin. “A l'extérieur, vous êtes en bonne santé. Vos jambes se remettent bien, et je suppose que vous vous sentirez comme avant dans moins de deux semaines.”

“Mais?…” demande Greg calmement.

“Mais je suis un peu inquiet pour vous à l'intérieur.”

“Ah, pas la peine d'en faire tout une histoire. C'est l'extérieur qui attire les femmes,” proclame Greg avec un petit sourire narquois, réussissant presque à cacher sa nervosité causée par les mots que vient de prononcer le médecin.

“Sérieusement, Greg,” continue le médecin, “J'ai reçu les résultats des analyses de sang qu'on vous a faites à l'hôpital. Je suis inquiet de votre taux de cholestérol. Il est à 290, et le taux normal d'un adulte tourne autour de 200. Vous avez également un taux assez bas de HDL…”

“Hé doucement, doc.,” l'interrompt Greg. “Pouvez-vous traduire, s'il vous plait?”

“Et bien c'est simple on appelle le bon cholestérol : HDL, et le mauvais cholestérol : LDL. Vous avez un faible HDL et un fort LDL, et en raison de vos antécédents cardiaques, cette combinaison-”

“Est un mauvais mélange,” finit Greg à la place du médecin. “Alors que dois-je faire, doc.? Je vais manger un peu moins, courir un peu le matin. C'est d'accord,” s'exclame Greg aussi longtemps qu'on garde les choses sous son contrôle.

“C'est un bon début,” acquiesce le médecin, “mais je ne pense pas que ce soit totalement suffisant. Greg, autant que je sais que vous n'avez pas envie d'entendre ça, je pense sincèrement qu'il est dans votre plus grand intérêt de vous reposer un petit moment et de vous concentrer uniquement sur votre santé.”

“Amen,” crie Anne du couloir qui vient juste d'entendre les derniers mots du médecin. “C'est ce que je lui aie répété depuis un an. Je suis heureuse de voir que quelqu'un me soutient enfin.”

“Bonjour, Anne,” le médecin la salue.

“Bonjour, George, comment allez-vous?” retourne Anne.

“Oh, je me porte à merveille. Je me sentirais tout de même mieux si j'obtenais la promesse de votre mari qu'il sera prudent.”

“Bon sang, ça commence à ressembler à une intervention!” glousse Greg. “Je vous aie dit que j'allais faire attention et je ferais attention.”

“Bien,” proclame le médecin. “Alors je vous suggère de trouver quelqu'un à l'intérieur de votre organisation pour vous remplacer immédiatement.”

“Oh non,” interrompt Greg. “Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que je-”

“Si je peux m'attendre à ce que vous vous déchargiez du stress causé par votre travail,” interrompt le docteur, “alors vous pourrez espérer que votre corps se remette. Regardez, Greg, ce n'est pas la peine de mort. Je suis en train de vous dire que c'est totalement réversible. Prenez un peu de repos dès maintenant, prenez soin de vous et je ne doute pas que vous pourrez repartir du bon pied!”

“Tu sais qu'il a raison,” ajoute Anne avec un sourire d'encouragement. Greg se contente de soupirer. “Si ça ne vous ennuie pas, George, je demanderais à Carlos de vous téléphoner plus tard afin d'établir un régime spécial pour Greg.”

“Je pense que c'est une idée très sage,” répond le docteur. Il commence à partir, fait un signe de la tête pour saluer Anne, et prononce un “Faites attention” à Greg.

“Et bien, au moins vous avez fait un heureux aujourd'hui, doc. Vous avez donné à Annie une nouvelle occasion d'interférer dans ma vie et sachant à quel point elle adore ça…,” dit Greg en riant à gorge déployée. Anne se contente de faire rouler ses yeux alors que Carlos apparaît dans le couloir pour raccompagner le Docteur Westrem jusqu'à la porte.

Une fois que tout deux sont enfin seuls, Greg dit. “Annie, j'ai décidé de débuter le compte à rebours aujourd'hui. Tu as un mois pour prendre tes dispositions et quitter cette maison - amnésie ou non.”

“Bien,” claque Anne, “je n'avais pas réalisé à quel point tu prenais plaisir à maltraiter tous ceux qui essayent de t'aider.” Avant que Greg ne puisse l'interrompre, elle continue. “Mais tu as beaucoup de chance, parce que justement, je commence à être fatiguée du ‘style de vie campagnard de ce ranch.’ Je suis sur le point de saisir une occasion, comme on en a une seule dans toute une vie, qui m'emmènera le plus loin d'ici possible. Tu n'as plus à t'inquiéter, mon chéri. Je serais partie de ton précieux territoire en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je ne voudrais pas te priver de l'opportunité de te retrouver complètement seul. Tu as tellement l'air d'aimer ça.”

“Bien, alors tu as compris,” répond Greg avec un petit sourire de satisfaction.

Anne ajoute, méprisante, “Si tu étais plus habile, tu demanderais à Paige de revenir et de diriger le Groupe en ton absence. Elle sait comment fonctionnent les affaires à l'intérieur et à l'extérieur et tu peux lui faire confiance. Tu serais un idiot si tu ne la rappelais pas.” Anne pense, Et peut-être que je donnerais moi-même à Paige un petit coup de fil pour faire avancer les choses.

Greg continue, alors que Anne commence à sortir de la chambre comme si elle n’avait rien dit. “Alors Annie, qui est assez brave pour accepter de t'entretenir?”

Elle s'arrête et se retourne vers lui avec un sourire rusé. “Oh, tu voudrais bien le savoir!”

 

La maison de Paige et Ava :

“Paige! Tu viens!” dit Kate.

“J'arrive! Laisse-moi juste le temps de me sécher les cheveux. Je serais la dans une seconde,” lui crie Paige.

“Heureuse que vous ayez votre propre salle de bains, Ava,” dit Kate sur le ton de la raillerie.

“Vous disiez?” Ava lui retourne la plaisanterie.

“Alors, est-ce que vous êtes heureuse de vivre ici?” demande Kate poliment.

“Vous voulez dire à Knots Landing… ou avec Paige?”

“Les deux,” Kate rit.

“Et bien ça fait seulement une nuit que j'habite ici, mais jusqu'ici, je trouve Knots Landing magnifique. J'ai un travail, un endroit agréable où habiter; les gens d'ici semblent très gentils. Je ne sais pas, tout semble arriver au bon moment. Cette ville est tout à fait ce qu'il me fallait,” dit Ava en souriant.

“Très bien, je suis prête à partir!” dit Paige en descendant les escaliers.

“Où allez-vous?” demande Ava.

“Au magasin pour acheter ce dont nous avons besoin pour les plats que nous allons préparer pour le barbecue,” répond Kate.

Ava regarde Paige et demande, “Tu vas cuisiner?”

“Oui, pourquoi?”

“Et bien, c'est juste que j'aie passé la moitié de la journée à faire le ménage et maintenant je dois aller faire des courses - tout ce que j'ai trouvé dans le frigidaire, ce sont des conserves périmées,” dit Ava sur le même ton.

Kate rit, et Paige fait semblant d'être offensée. “Je suis morte avec vous DEUX autour de moi.”

Alors que toutes les trois rient , quelqu'un frappe à la porte. Paige répond, “Janice! Salut! Qu'est-ce que tu fais là?”

“Je t'ai apporté ta recette. Mack m'a dit que tu serais absolument incapable de réussir une salade de pâtes sans,” annonce Janice.

Kate et Ava ricanent tandis que Paige fait rouler ses yeux. “Viens, Katie. Il va falloir que je prépare autre chose qu'une salade de pâtes pour mettre le tablier de Mack hors fonction,” dit Paige.

Alors que Paige et Kate commencent à partir, Janice s'attarde un moment. “Cet endroit a vraiment l'air charmant . Paige et vous avez fait un excellent travail, fait remarquer Janice à Ava”

“Merci, mais je n'ai aucun mérite. Paige a vraiment tout fait. Je suis là seulement depuis une journée,” répond Ava.

“Vous venez au barbecue?” demande Janice.

“Non. Je n'ai pas encore fini de m'installer.”

“Bien, si vous avez besoin d'aide, vous trouverez ce qu'il vous faut ici. Les voisins sont vraiment très sympathiques.” Janice s'arrête un instant puis demande, “Et d'où venez-vous?”

“Oh, j'ai vécu un peu partout. J'ai fui un mauvais mariage. Vous savez,” répond Ava vaguement.

“Jusqu'à présent, je n'ai jamais été mariée. Ma conjointe, Sandy… la relation la plus proche du mariage que j'ai pu avoir,” dit Janice avec précaution. Elle a appris qu'insérer fortuitement un commentaire au sujet de ses préférences sexuelles dans une conversation est généralement le moyen le plus efficace de tester les réactions d'une personne et permet aussi de montrer qu'elle n'a rien à cacher.

Ava n'émet aucune réaction à ce sujet. “Et que lui est-il arrivée?” demande-t-elle.

“Elle est décédée,” dit Janice tristement.

“Je suis désolée de l'apprendre.”

Janice sourit maladroitement. “Merci. … Ça a été un plaisir de faire votre connaissance , Ava. Je suis sûre qu'on aura l'occasion de se revoir ici.”

“Je l'espère. Je projette de rester dans les parages.” répond Ava.

“A bientôt!” dit Janice en sortant.

 

Point Lotus :

Le soleil n'a pas réussi à faire disparaître les nuages côtiers ce matin là. Le gris du ciel et de l'océan symbolise parfaitement l'humeur de Karen alors qu'elle est assise sur un banc couvert de graffitis, baissant les yeux devant des madriers de fer et de bois pourrissants, à tel point que cela est dangereux, qui constituaient la Marina de Point Lotus. Gary se tient plus loin au bord et examine soigneusement l'un des madriers qui gît totalement rouillé au milieu d'un amas d'autres débris.

Les pensées de Karen vont tristement vers Frank Williams. Les souvenirs inondent sa tête alors que les mouettes qui tournent en rond dans le ciel ricanent tristement. Subitement, elle éclate de rire.

“Je ne voix rien d'amusant à ça,” réprimande Gary alors qu'il s'assoit en face d'elle en soupirant.

“J'étais juste en train de penser au jour où Mack et moi avions emmené Frank à dîner pour célébrer la réussite à son examen. Il travaillait pour ce cabinet d'avocat très côté, et puis il nous a annoncé qu'il avait un nouveau client, Bosphorus Chemicals - réputés pour les risques écologiques. J'ai cru que Mack allait faire une crise cardiaque à table.”

Gary secoue la tête. “Je n'avais vraiment pas besoin de voir ce désordre… aujourd'hui… et pour couronner le tout, apprendre la mort de Frank.” Il soupire, “Ça a été une matinée infernale.” Il s'arrête un moment, puis continue, “Kate est venue me voir. Elle m'a demandé la permission de laisser Brian adopter Mollie.”

“Comment est-ce que tu ressens ça?” Karen le regarde avec compassion.

“Je ne sais pas,” il fronce les sourcils. “Il y a une partie de moi qui crie en guise de protestation. Mais ensuite je regarde les trois autres enfants qui portent mon nom, et je me demande si je ne vais pas tout simplement semer la pagaille dans la vie d'un de mes enfants, une fois de plus.” Karen ne répond pas, alors il continue. “Bobby ne me laisse pas une minute de répit. Je vois en lui beaucoup de moi au même age, et ça m'inquiète. Je SAIS où mènent l'agitation et l'entêtement. C'est dur. Je veux qu'il fasse des efforts à l'école et qu'il s'applique, mais je ne veux pas me montrer hypocrite. Moi-même, je n'ai jamais été un élève brillant.”

“Les adolescents d'aujourd'hui semblent avoir plus de pression sur eux que nous au même âge. Meg a des problèmes de sommeil en ce moment. La nuit dernière, pendant la panne d'électricité, elle m'a dit qu'elle avait fait un cauchemar. J'ai du la calmer. Il y a un tas d'autres choses en dehors de l'école qui pourraient donner à Bobby le sens des responsabilités.”

“J'ai pensé à l'embaucher au bureau à temps partiel après l'école pour m'aider mais quand je regarde Lucy, je crains que ce ne soit pas une solution non plus.”

“Qu'est ce qui ne va pas? Val est folle de joie que Lucy t'aide au bureau.”

“Val s'est toujours sentie coupable envers Lucy et elle se met en quatre pour elle. Je ne suis pas aussi aveugle qu'elle. Lucy est une Ewing de Southfork jusqu’au bout des ongles. Je l'ai vue il y a vingt ans quand elle est venue nous rendre visite et je la vois maintenant. La vérité, c'est que je savais que je n'étais pas d'aplomb comme père d'une adolescente, et pendant toutes ces années où je suis allé à la dérive, je me suis tout simplement figuré que Lucy était mieux avec ma mère. Maintenant que nous passons plus de temps avec Lucy que nous n'en avions jamais passé auparavant, je suis en train de réaliser que je ne peux pas devenir instantanément le père d'une femme adulte.”

“C'est dur d'être les parents d'enfants qui sont à l'âge d'adulte,” acquiesce Karen. “J'ai parlé à Diana et à Michael tôt ce matin et après avoir raccroché, j'ai réalisé l'impression que j'avais du leur faire : j'ai parlé de choses comme rester dehors trop tard, prendre le métro le soir, de mettre la bonne veste d'hiver. Il y a une ligne très mince entre conseiller et interférer.”

“Comment va Michael? Est-ce qu'il avait de bonnes nouvelles à t'apprendre?” demande Gary avec espoir.

“Non, Diana m'a dit que Mack leur a laissé un message hier et qu'il semblait stressé. Il a appelé de son bureau, ce qui est un peu étrange.”

“Est-ce que tout va bien avec Mack?” Gary regarde Karen fixement, espérant obtenir une réponse au sujet du manque d'information de Mack concernant l'enquête du coffre-fort de Claudia.

Karen baisse les yeux. “Il a du mal à faire la part des choses… avec Michael.”

“C'est dur,” dit Gary compatissant, “Lori disparaissant avec Holly comme elle l'a fait. Mais Michael la retrouvera et il pourra reconstruire sa vie. Il doit déjà probablement avoir le numéro de téléphone de la moitié des femmes de New York, sans même avoir à demander.”

“Gary,” dit Karen presque en murmurant, “Michael est… gay.” Elle regarde dans sa direction et éclate en sanglots.

Les yeux de Gary s'agrandissent alors que Karen énonce ce qui arrive à Michael, puis un sourire se dessine sur son visage et prend Karen dans ses bras et murmure : “Est-ce que tu ne te sens pas mieux maintenant que tu as fini par le dire?” Elle répond "oui" de la tête alors qu'il la serre dans ses bras. Puis d'un coup, il éclate de rire. “Et maintenant, je vais devoir rendre à Val ses 50$! Je pensais avoir gagné quand il s'était marié ! Mais bon sang, elle avait finalement raison!”

Karen se défait de son étreinte. “Toi et Val avaient fait des paris au sujet de l'orientation sexuelle de mon fils?” Gary acquiesce d'un mouvement de la tête, essayant de retenir son rire, mais il finit par éclater de rire, rejoint par Karen. Ils rient ensemble pendant un moment puis Karen devient sérieuse. “Mack prend très mal les choses. Je me demandais si, quand le moment sera venu, tu pouvais en parler avec lui?”

“Bien sûr.” Il soupire, “Les enfants. Ce n'est jamais facile, n'est ce pas? Un travail permanent et continuel. Je suis reconnaissant envers Betsy. À côté de Bob et de Lucy, c'est un ange. À la fois calme et solide comme un rock.”

“Comme Eric,” murmure Karen.

Gary la regarde avec compassion. “Comme Eric,” il répète doucement. Son regard se fixe sur le bord de la marina. “Nous avons passé tellement de temps et d'énergie à Point Lotus… je n'aime pas vivre dans le passé. J'ai quitté cet endroit il y a des années. Je n'y étais même jamais revenu. Je pense qu'une partie de moi s'inquiétait de le retrouver dans cet état.”

Karen donne une tape dans le dos de Gary en signe d'encouragement, “Merci d'être venu ici avec moi. Je sais à quel point c'est dur de voir Point Lotus dans cet état. Bien, le rapport de l'inspecteur est-il exact? Décrit-il correctement l'état du site?”

“Oh oui, tout est exact,” Gary regarde encore le rapport qu'il tient entre ses mains. “MAIS la cause des dégâts est fausse. J'ai examiné chaque aspect des plans des constructions. C'est impossible que le tremblement de terre ait causé des dommages pareils dans le bâtiment des bureaux de la direction. Ces dégâts ont été causés après le tremblement de terre et de façon à ce que ça ressemble à un tremblement de terre.”

Karen le regarde, perplexe. “Tu es sûr? Comment ça?”

Gary hausse les épaules. “J'ai bien observé les poutres des plafonds. Certaines des fissures ont bien été causées par le tremblement de terre mais elles n'étaient pas suffisantes pour causer l'effondrement des plafonds et des murs. Le fait que ces poutres aient été cassées signifient qu'elles étaient encore en place après le tremblement de terre. On peut donc dire avec certitude que les dégâts ont été causés après. Et le fait que les bâtiments où se trouvaient les chambres tiennent encore debout avec des fissures similaires me permet de dire que le tremblement de terre n'a pas pu causer l'effondrement du bâtiment de la direction.”

Sa voix monte de plus en plus au fur et à mesure qu'il construit son hypothèse. Il est debout et montre du doigt le rivage, “Ce n'est pas tout. Cette marina là-bas, qui est en train de pourrir? Ce n'est pas celle que nous avons construite.”

Karen se lève “Quoi?”

“je n'ai jamais utilisé cette marque d'acier pour la construction des madriers.” Il marche jusqu'à une pile d'ordures et ramène un journal froissé. Il jette un œil alors qu'il le tend à Karen. “Regarde la date.”

Elle s'exécute; il y a écrit 1er Décembre 1998. Gary s'engage dans le sentier envahi par les mauvaises herbes qui mène de la marina au bureau de la direction et rapporte deux autres journaux qui étaient éparpillés entre les poubelles de l'autre côté du sentier. Il revient et les tend à Karen. Elle vérifie la date : L'un date du premier décembre 1998, l'autre du 2 décembre.

“Je parie que la plupart des journaux que nous pourrons trouver autour de la poubelle datent à peu près de la même période. Toutes ces ordures ont été apportées ici après le tremblement de terre - et entassées!”

Les battements de cœur de Karen s'accélèrent alors que son esprit réfléchit de plus en plus vite. “Mais POURQUOI? Pourquoi l'Etat voudrait subitement transformer cet endroit en décharge et fermer le parc, donnant comme fausse excuse les dégâts causés par le tremblement de terre?”

Gary hausse les épaules. “Je ne sais pas. Mais je veux parler à l'inspecteur qui a établi ce rapport.”

“Il… a démissionné… après avoir rédigé le rapport et recommandé la fermeture de Point Lotus,” ses mots sortent de sa bouche doucement alors que leur sens devient implicitement évident.

“Je parie que c'est ça!” grogne Gary. “Pourrais-tu le retrouver? Avant ton rendez-vous avec le sénateur?”

“Je vais essayer,” répond Karen déterminée.

“Et, vous deux, vous ne devez pas être ici! Ce parc est fermé!” une voix les interrompt brutalement, et un homme d'une cinquantaine d'années, portant un uniforme de ranger apparaît. “Je dois vous demander à tous les deux de quitter les lieux immédiatement.”

Gary s'approche de l'homme et lui montre le rapport de l'inspecteur de l'Etat. “Nous sommes ici à cause de ce rapport. Pourquoi ce parc est fermé?”

Le ranger jette un œil au document. “Vous allez devoir régler ça avec le bureau de l'Agence de protection de l’environnement de Californie. C'est lui qui a ordonné la fermeture du parc - le désordre a pris de trop grosses proportions.”

Karen s'approche d'un coup. “Ils ne me donneront pas la réponse que j'attends. Depuis combien de temps travaillez-vous ici? Pourriez vous nous aider? Nous avons de nombreuses questions-”

“Ecoutez, madame, il faut que vous partiez tous les deux aussi vite que possible. Je pourrais avoir des ennuis. Nous avons des problèmes avec les intrus depuis la fermeture. Beaucoup d'enfants du quartier viennent ici à la dérobée pour boire et aussi faire autre chose. On continue de consolider les clôtures, mais ce n'est pas ça qui les arrête. Nous n'avons pas le budget pour placer plus d'un ranger ici.”

Gary regarde autour de lui dans le parc vide. “Nous n'allons causer aucun dommage. Nous serons partis dans une heure.”

Le ranger secoue la tête fermement. “Désolé mais vous devez partir MAINTENANT. Écoutez, si vous me donnez vos noms, je parlerais à mon supérieur pour qu'il vous téléphone.”

Quinze minutes plus tard, le ranger fronce les sourcils alors qu'il observe Gary et Karen traverser le parking fissuré et franchir la sortie du parc. Il continue à regarder dans leur direction jusqu'à ce qu'il voit une Ford rejoindre l'autoroute de la Côte Pacifique. Il commence à partir silencieusement vers un des anciens bungalows, qui sert maintenant de bureau de fortune. Il se saisit d'un papier sur lequel est inscrit un numéro de téléphone qu'il compose.

 

Le zoo de Los Angeles :

“Jack! Regarde! L'ours polaire saute dans l'eau! Il nage!” Mollie escalade la barrière pour mieux voir.

“Fais attention, chérie!” crie Abby alors que la sonnerie de son téléphone portable retentit. “Allo,” répond-elle brusquement.

“Madame Ewing, c'est Lester de Point Lotus. Vous m'aviez demandé de vous prévenir si jamais je voyais quelqu'un. Et bien, Karen Mackenzie était là à l'instant avec… ” Lester consulte les noms qu'il a écrits, “Gary Ewing, et un rapport de l'inspecteur d'État. Ils ont posé pas mal de questions. Je pense avoir réussi à les convaincre que j'étais bien un ranger. Je les ai fait partir aussi vite que j'ai pu.”

Abby fronce les sourcils alors qu'elle continue d'écouter son interlocuteur. “Quelle journée infernale,” dit-elle impatiemment. “Faites en sorte que les clôtures soient fermées à nouveau cet après-midi et gardez tout le monde ÉLOIGNÉ! C'est pour ça que vous êtes payé!” Abby referme l'étui de son téléphone portable et s'assoit sur le banc le plus proche. Elle ouvre son agenda à une date qui se trouve quelques semaines plus tard et qui est entourée en rouge. Elle pousse un soupir d'inquiétude.

“Ab-Ab! Ab-Ab!” Brandon arrive en courant vers sa grand-mère, tout excité d'avoir vu les ours polaires. Jack le suit de près tandis que Mollie continue de fixer les animaux.

Abby regarde vers son mari avec une grimace qui laisse transparaître une certaine gêne - puis se retourne vers Brandon qui s'est emparé de la page qu'elle était en train de regarder et qui est en train de la manger. “NON, Bran-”

Jack se précipite sur Brandon, le sauvant ainsi de la colère d'Abby. “Du calme, ma tigresse.” Jack soulève le Brandon dans les airs comme si c'était un jeu tandis qu'il relâche le calendrier.

“Je ne sais pas lequel de vous deux s'amuse le plus,” dit Abby alors qu'elle tente de récupérer son calendrier qui maintenant est bloqué par la chaussure de… “Mollie!”

“Combien de fois devrais-je te le dire, Abby, que tu n'as pas le droit de hurler sur mon petit frère?” énonce la petite fille fermement, les mains sur les hanches.

Abby porte sa main sur son front et gémit alors que Jack rigole bruyamment.

Un peu plus tard, le groupe a rejoint les cages des singes et les enfants sont émerveillés par le spectacle qu'est pour eux le zoo.

“Alors, qui c'était au téléphone, à l'instant, chérie?” demande Jack, se réjouissant d'un moment intime entre adultes.

Abby commence à être tendue, incertaine de ce qu'elle doit répondre, et au lieu de donner une réponse, elle fait finalement une diversion. “Juste les affaires… Jack, chéri… je pense qu'il y a quelque chose dont nous devons parler.”

“Et y a-t-il quelque chose que…?” demande Jack dans une tentative.

“Tu mets toujours en avant l'engagement d'honnêteté que nous avons pris l'un envers l'autre… c'est le seule chose qui pourra nous garder unis au sein de notre mariage…” dit Abby essayant de soutirer à Jack une confession au sujet de ses footings avec Valene.

“Bien sûr… qu'y a-t-il à ce sujet?” répond Jack, essayant d'aider sa femme dans la confession qu'elle s'apprête à faire.

“Et bien, c'est juste que je suis d'accord avec ça de tout mon coeur, chéri… et j'ai ce sentiment étrange que tu m'as caché quelque chose durant ces derniers jours.” C'est ça, elle pense. S'il me parle des ses footings avec Valene MAINTENANT, alors je serais sûre que je n'ai pas le moindre souci à me faire. Mon Dieu, je dois être folle - pourquoi serait-il un seul instant intéressé par Valene alors qu'il m'a moi?

Jack soupire et baisse la tête alors que Abby commence à respirer plus facilement, voyant que son mari est sur le point de lui dire la vérité. Oh, Bon sang! Elle sait! Elle l'a déjà appris, avant que j'aie une chance de le lui dire moi-même, il s'inquiète.

Les yeux dirigés vers le sol, Jack confesse, “Tu as raison Abby. Il y a quelque chose. Et bien, je suppose que tu me connais trop bien pour que j'arrive à garder un secret, même quelques jours, vis-à-vis de toi.”

Abby se rapproche son mari sur le banc et place sa main sous son menton, soulevant sa tête vers le haut de sorte que leurs yeux puissent se réunir pendant que les mots sortent lentement de sa bouche: “J'ai embrassé Lydia Gutierrez l'autre soir pendant notre dîner.”

Stupéfaite, Abby gifle brusquement son mari et l'adrénaline parcours son corps tout entier, la poussant à se lever brusquement. Subitement, les singes dans leurs cages qui étaient plutôt calmes jusqu'à présent commencent à pleurer à l'unisson de leur voix la plus forte, et à courir à toute vitesse dans leurs cages de manière irrationnelle. Voulant dire tant de chose, mais incapable de prononcer le moindre mot, Abby élance son bras aussi fort qu'elle peut. La paume de sa main rencontre le visage de Jack avec un fort bruit de claquement et les singes commencent à grimper aux barreaux de leurs cages, alertant les patrons du zoo.

S'ensuit alors un véritable chaos dans la foule alors que les enfants pleurent et courent dans toutes les directions tandis que les parents donnent rapidement la chasse. Mollie pleure, consternée, alors qu'elle court vers Jack et Abby, faisant un signe vers le singe qui a abîmé sa chemise préférée. Brandon continue de trottiner derrière elle comme si de rien n'était.

Le visage complètement rouge, Abby se tourne pour voir les enfants courir vers elle et Brandon rire en lui hurlant: “Tee-tee, tee-tee,”.

Abby et Jack continuent de se regarder, alors qu'un des singes semble s'apprêter à uriner dans leur direction. Toujours assis sur le banc Jack se baisse brusquement et le jet atteint l'épaule de Abby, le liquide jaune l'éclaboussant de partout.

Abby a le souffle coupé par la surprise et crie, atteignant des décibels presque inhumains. A la suite de ses cris perçants, la zone devient inhabituellement calme, et tout ce qu'on peut entendre, c'est Brandon, toujours en train de rire et de crier, “Ab-Ab, tee-tee!”

 

Et Maintenant...

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