L'étage de direction du Groupe Sumner :

“Les représentants de Peterson seront ici dans une demi-heure,” lit Jill sur l’agenda de son patron pour l’après-midi, “rendez-vous suivi par la réunion avec Monsieur Phillips au sujet du budget mensuel à 14 h 30, puis de la visite de l’usine des Textiles Stanfield à 16 h.”

“Annulez,” déclare Abby distraitement, debout contre la fenêtre de son bureau et regardant Brian tout en contrebas. Il est assis avec la tête dans ses mains à la fontaine devant l’immeuble.

“J’ai bien compris? Annuler les représentants de Peterson, Monsieur Phillips ou la visite Stanfield?” demande Jill avec surprise.

Abby se tourne et fait face. “Annulez les tous et reportez-les plus tard dans la semaine. Et commandez deux sandwiches chauds au pastrami au débit du coin. Je passerai les prendre dans 15 minutes. Jack est-il arrivé?”

“Il a téléphoné pour prévenir qu’il était malade aujourd’hui. Va-t-il bien? Il y a ce virus de la grippe en ce moment—”

“Il y a beaucoup de choses qui traînent actuellement,” répond Abby aigrement. “Ce sera tout. Merci, Jill.

”Vingt minutes plus tard, en bas à la fontaine, les pensées de Brian se trouvent interrompues.

“C’est une trop belle journée pour être assis à broyer du noir,” déclare chaleureusement sa mère tandis qu’elle prend place à ses côtés. Il la regarde avec étonnement. “Oui, effectivement je prends une pause,” répond-elle à cause de son expression, “bien que je t’interdise d’aller le répéter au bureau. Voici un sandwich au pastrami — ton préféré. Si cela ne t’illumine pas comme à l’accoutumée, alors c’est que je dois réellement être le monstre que ta sœur dépeint envers quiconque.”

“Merci,” dit-il, flatté, en prenant le sandwich. Il soupire fortement, “Je pense qu’elle prend à nouveau de la drogue, maman.”

“Elle ne serait pas aussi stupide.”

“Qu’est-ce que c’était que toute cette histoire avec la lettre, alors? Pourquoi a-t-elle emménagé soudainement dans un appartement que personne n’a jamais vu? Où était-elle toutes ces nuits après le travail ces dernières semaines?”

Abby a un air désapprobateur. “J’irai lui rendre une petite visite à son appartement ce soir afin de la surprendre. Ne t’inquiète pas, chéri, j’approfondirai les choses avec ta sœur. Mais qu’en est-il de toi?”

Il n’émet pas de réponse. La mère et le fils restent assis en silence, mangeant leur sandwich. “Alors, comment va la petite Masada?” finit par s’enquérir Abby.

“MASAKO,” la corrige Brian, ennuyée. “Tu ne dis jamais correctement son nom.”

“Bien sûr — Masaka. Comment va-t-elle? Est-elle en ville pour longtemps?”

“Elle se porte bien, et elle est repartie au Japon. Elle est marié à l'heure qu'il est.”

“C’est probablement le mieux, toute chose considérée. Mais je sais combien c’est difficile de reprendre le dessus par rapport à ton premier amour.”

“Elle voulait que je couche avec elle une dernière fois,” réplique Brian, amenant sa mère à presque s’étouffer avec son sandwich.

“L’as-tu fait?"

“Non, mais… je l’ai presque fait, maman. Kate et moi… rencontrons quelques problèmes. J’ai tellement été occupé par mon travail — à propos, je suis sur le point d'amener comme client Thaxter Equipment. J’ai un dîner ce soir afin de négocier une proposition avec eux… Tu vois?! Je fais cela constamment! Kate et moi avons ce genre de divergence et tout ce que j’ai en tête 24 h sur 24, 7 jours sur 7 est mon prochain client potentiel.”

“J’ai bien peur que tu aies hérité cela de moi,” sourit Abby en tapotant le genou de son fils. “Les mariages s’avèrent compliqués durant les premières années. Je le sais pour l’avoir vécu assez souvent. Brian, que tu résolves tes problèmes ou non avec Kate, le résultat de ta carrière sera une sécurité financière pour la vie.”

“L’argent ne fait pas tout,” répond-il avec indignation.

“Non, mais il t’offre le luxe de nombreuses options, pour toi-même et tes enfants. Bien avant que Gary la nomme son héritière, Kate était dans la position de ne jamais avoir à se soucier de l’argent,” assène Abby, pensant, Rendons à César ce qui est à César — c’était vraiment bien manœuvré de la part de Claudia. “Kate ne comprend pas la pression induite par la nécessité de faire vivre une famille. Mais tu as toujours voulu suivre ta propre voie et je suis si fière de toi.”

Abby fait une pause. Brian la regarde attentivement et elle jouit de l’amour maternel. “Je sais que tu as l’intelligence nécessaire pour éviter les écueils qui ont empoisonné l’existence de ta sœur. Sois un peu plus patient avec Olivia, Brian. Elle peut tant apprendre de nous deux. Je veux la voir aussi pleine de succès un jour que toi tu es en passe d’obtenir.”

“Merci, maman,” dit Brian, réconforté. “Je dois y retourner et terminer ma proposition. Tiens-moi au courant comment les choses se seront passées avec Olivia ce soir. Je te verrai à la maison!”

Abby sourit après que son fils soit entré dans le bâtiment du Groupe Sumner. Elle rejette sa tête en arrière et laisse la chaleur solaire recouvrir son visage. Juste derrière elle, l’eau de la fontaine émet un bruit apaisant en cascade. Elle se saisit de son téléphone mobile et, tout en consultant son agenda électronique, compose un numéro. “Bureau du Sénateur Hilda Pound,” répond une voix.

“Bonjour, ici le bureau de Karen Mackenzie,” dit Abby en déguisant sa voix avec un épais accent nasillard du sud. “J’appelle pour confirmer le rendez-vous de Madame Mackenzie avec le sénateur.”

“Un moment… ‘Vendredi 17 décembre, 11 h : Madame Mackenzie et Jack Ewing du Groupe Sumner.’”

“Merci de votre amabilité,” répond Abby d’une voix traînante venant d’appuyer sur la touche “FIN.” Elle utilise immédiatement sa touche de composition rapide de numéros. “Jill, il faut que vous me preniez un rendez-vous avec le sénateur Hilda Pound. Cette entrevue doit absolument se tenir le jeudi 16 décembre, aux lieu et horaire qui satisferont le mieux le sénateur… Le sénateur sait déjà de quoi il s’agit.” Abby se déconnecte et rit en observant son agenda électronique. Le 16 est en surbrillance rouge, avec les initiales “P.L.” flashant. Le Point Lotus est la prochaine étape pour obtenir notre futur absolu, Brian… et toi aussi, Olivia, si tu veux être incluse dans le programme.

 

Seaview Circle :

“Tu sais, ‘Cousin,’ je pense que tu t’améliores,” halète Val.

“Comment pourrais-je faire autrement quand tu me fais courir autant?” la questionne Jack en soufflant bruyamment derrière elle.

Les deux coureurs remontent Seaview Circle et s’arrêtent devant la maison de Val. Cette dernière s’appuie sur son voisin en guise de soutien tandis qu’elle fait des extensions de ses quadriceps. “Moi? Bon, tu sais que j’apprécie d’avoir de la compagnie, mais je ne tiens pas à avoir des problèmes parce que tu as fait l’école buissonnière. Comment t’arranges-tu pour pouvoir être en dehors du bureau aussi souvent?” le réprimande-t-elle pour s’amuser.

“En fait, l’empreinte de n’importe quel grand dirigeant est de construire la bonne équipe autour de toi et d’apprendre à déléguer afin d’être sûr que le travail continue comme à l’accoutumée lorsque tu ne peux pas être présent. Cela te donne l’opportunité de rechercher de nouvelles affaires, de solliciter des contacts, de travailler en réseau—”

“Oh, s’il te plaît !” dit Val en roulant les yeux. “Quel bouquin Abby t’a-t-elle donné à lire? ‘Les Sept Habitudes des Personnes à Grand Succès’? ‘Le Parfait Dirigeant en Une Minute’?”

“Pas très convaincant, hein?” répond Jack. “Mieux vaut compulser les manuels davantage. Hé, je me rends au bureau de temps en temps. Je préfère simplement ne pas parler du travail — ou plutôt des gens qui y sont — pour l'instant.” Il s’écarte et fait quelques exercices de relaxation au milieu de la rue.

Karen klaxonne alors depuis sa Taurus afin qu’il s’écarte de sa trajectoire puis descend la vitre. “Hé, vous deux, suis-je trop en retard pour me joindre à vous?”

“Oh-oh… surpris!” s’exclame Val en donnant une petite tape sur l’épaule de Jack. “Très drôle,” s’exclame-t-elle à l’attention de Karen. “Tu connais ma routine autant que moi!”

“En réalité, j’avais quelque chose à voir avec mon partenaire en affaires,” sourit Karen en retour. “Tu as une minute, Jack?”

“Pour toi? Toujours.” Il observe la Taurus remonter l’allée des Mackenzie.

“Je vais à l’intérieur nous chercher un peu d’eau,” dit Val, en s’élançant jusqu’à l’entrée de sa maison.

“Alors, as-tu conduit tout ce chemin pour me retrouver?” demande Jack tandis que Karen arrive en longeant le trottoir.

“Effectivement. De toute façon, cet après-midi est décidément trop beau pour rester à l’intérieur.”

"La patronne ne t’a pas envoyée, n’est-ce pas ?”

“Le jour où je considérerai Abby comme mon patron, je serai en incapacité permanente,” répond-elle avec une indignation moqueuse. “Non, j’ai eu une idée que je ne pouvais attendre de partager avec toi.”

“Je suis tout ouïe,” rétorque-t-il en s’asseyant sur le trottoir.

“Je pensais qu’avec les fêtes de fin d’année approchant, le Groupe Sumner pourrait bien utiliser un autre bataillon de relations publiques”.

“J’espère ne pas encore à avoir à endosser un déguisement?” plaisante Jack.

“Hummm… ce n’est pas une mauvaise idée en soi. Mais trouver aussi tardivement un costume de dinde risque d’être difficile.”

“Ai-je bien entendu ce que j’ai cru entendre?” s’enquiert Val de derrière, portant deux verres d’eau.

“Le vieux Speedy Gonzales m’a mis dans cette curieuse tenue de jogging” explique Jack en clignant de l’œil envers sa partenaire de sport.

“J’avais tellement peur que ce vieux short en jean élimé finisse par tomber un de ces jours.” Elle lui tend de l’eau. “Et où CELA nous conduirait-il?”

“En taule, probablement” dit Jack en buvant l’eau d’une traite tandis que Val pique un fard. “Oh, génial, maintenant tu M'IMAGINES sans mon short!”

Val glousse, un peu trop pense Karen. “Je vois qu’aucun de vous n’est d’humeur à discuter de mon idée,” dit alors Karen. “Pourrais-tu venir me voir plus tard, Jack?”

“Oh, ne sois pas stupide.” Val pose sa main sur l’épaule de Karen. “Nous sommes juste un peu sonnés en raison de notre longue course. Je suis désolé de vous avoir interrompus.”

“De même,” sourit Karen en regardant son amie, avec cependant dans les yeux une allusion indirecte à ses véritables pensées : Depuis quand ma meilleure amie et le mari de cette “chère Abby” sont-ils devenus si… flirteurs?

“Je dois aller voir comment va maman et aussi travailler sur mon prochain chapitre de toute façon,” déclare Val. “Demain, même lieu, même heure, Jack?”

“C’est noté,” répond Jack alors qu’elle ouvre sa porte d’entrée et pénètre à l’intérieur, se tournant pour dire au revoir avant de refermer sur elle.

“OK, Karen, je suis à toi,” indique-t-il en posant ses mains sur ses hanches. “Les dindes et le Groupe Sumner — quelle info! Alors, quel est ton plan?”

 

  Le Beverly Center :

“Oui, Paige! Je t’assure qu’elle m’a appelée! Oui… elle a dit qu’elle voulait faire une trêve et qu’elle s’excusait d’avoir été tellement ennuyeuse ces dernières semaines. Oh, je dois te laisser : la voilà. Je te rappellerai plus tard.” Kate éteint son téléphone mobile.

“Katie! Je suis désolée d’être en retard. Je me remettais d’un petit conflit au bureau et j’ai perdu la notion du temps,” annonce prudemment Olivia, sans savoir si Brian a informé Kate de l’incident provoqué par la lettre Royuki.

“Ce n’est rien. Je suis contente de cette réconciliation,” l’accueille Kate avec chaleur. J’espère qu’elle ne me monte pas une cabane.

“Moi aussi. Je souhaite sincèrement que tu puisses me pardonner la façon que j’ai eue de me comporter récemment. J’ai conscience que c’était pénible à vivre. C’était juste une période compliquée pour moi — tu comprends, pas vrai?” questionne Olivia. “Etre avec ma mère semble faire ressortir le pire de moi mais tu ne méritais pas d’en subir les conséquences.”

“Je comprends l’effet que procure Abby sur les gens. Mais tu vis en dehors de sa maison maintenant et nous devrions nous appliquer désormais à nous accorder une seconde chance pour être amies. Et quel meilleur moyen pour y parvenir que le shopping? Allons nous acheter quelques fringues!” répond une Kate enjouée tandis qu’elles parcourent le centre commercial.

“J’ai toujours voulu une sœur pour faire cela. J’avais l’habitude d’emmener le pauvre Brian avec moi et il détestait.”

“Je sais ce que tu veux dire. Il n’y a pas grand chose de changé à ce propos. J’achète tous ses vêtements. Impossible de le traîner dans un centre commercial.

”Je me disais bien aussi que ses habits étaient hideux ces derniers temps. Maintenant je sais pourquoi, pense Olivia tout en souriant poliment à Kate.

“Comment vont les choses au bureau?” interroge Kate. “Ce doit être agréable d’y avoir toute ta famille.”

"Et bien, travailler avec Brian est merveilleux. Mon petit frère me manquait au fil des années. Quant à travailler avec ma mère, en fait, c’est travailler avec ma mère. Comme tu l’as dit, tu sais comment elle se comporte. Mais le Groupe Sumner est une grande opportunité pour moi — afin de tout recommencer. Mais c’est de Brian dont je suis inquiète. Toi et moi savons qu’il travaille beaucoup trop dur,” stipule Olivia afin de diriger la conversation.

“Je sais. Ne plus l’avoir constamment auprès de moi me manque. Je veux dire, en fait je suis tellement heureuse pour lui, mais, en même temps, je voudrais qu’il soit davantage présent pour les enfants et aussi pour moi,” lui confie Kate.

C’est cela, Martha Stewart, tu en viens exactement là où je voulais! se dit Olivia.

“L’ancien Brian me fait défaut quelquefois. Cela peut paraître égoïste mais les choses ont beaucoup changé depuis qu’il a commencé de bosser au Groupe Sumner,” continue Kate.

“Vraiment ? Comment ?” demande Olivia avec une feinte sympathie.

“Nous passons moins de temps ensemble à présent. Tu vois, Brian et moi nous sommes connus en 1993, bien après que ma carrière au tennis ait été stoppée. C’était à la fois le meilleur et le pire moment de ma vie. J’ai décidé d’arrêter mais j’étais réellement perdue. Les choses ne se sont pas déroulées comme je l’aurais souhaité et quand ma mère a décidé de quitter la ville, je me suis sentie toute seule. Je ne savais pas quoi faire. Puis Brian est arrivé et soudain j’étais de nouveau importante pour quelqu’un. Quand tu es une personne en vue, plein de gens se préoccupent de ce qui t’arrive. Mais quand tu laisses tout derrière toi, sans même être certaine de ta décision, c’est dur de réaliser que tout le monde t’oublie presque aussitôt. Grâce à Brian, j’ai pu me retrouver. Nous avions l’habitude de nous asseoir sur la plage jusqu’à ce que le soleil se couche, juste à discuter. Nous parlions de tout — de la vie, l’amour, la politique, les rêves — nous en parlions pendant des heures. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi proche de moi de toute ma vie.”

Et gna gna gna gna gna. Sait-elle à quel point elle est ennuyeuse? pense Olivia.

Kate poursuit sur sa lancée, perdue dans ses pensées, ayant pratiquement oublié la présence de Olivia. “Je savais qu’il ne nous restait pas beaucoup de temps à passer ensemble. Nous nous sommes rencontrés en août et je devais intégrer l’école à New York pour étudier les arts du spectacle.”

Olivia ne peut pas se retenir à cette évocation. Elle émet un petit rire sourd.

“Je sais, cela semble ridicule à présent. Je pense que l’éclat des projecteurs me manquait encore un peu. J’étais du même style que Brian : une gosse de riche qui n’en avait rien à faire d’être riche. Je désirais simplement être avec quelqu’un qui m’aimait. Brian et moi avions l’habitude de parler de la malédiction de l’argent tout le temps.

”Mon Dieu, achevez-moi maintenant, supplie Olivia.

“Brian entreprit voyage sur voyage pour New York à chaque week-end. Il était le plus merveilleux et le plus dévoué petit ami que quiconque ait pu espérer. Il était si mignon quand j’étais prête à accoucher de Mollie et qu’il y avait un affreux brouillard en cette mi-janvier. Les aéroports étaient interdits de vol et ma mère ne pouvait prendre l’avion pour venir de Monaco. Aussi Brian étendit-il sa visite du week-end à un séjour de presque deux semaines avec moi de façon à ce que je ne sois pas seule au cas où le travail prénatal aurait commencé.

”Attends une minute… Janvier? Vous vous êtes rencontrés en août ? C’est une grossesse bien courte même si la petite Sandra Dee a été conçue la première nuit.

“Quand j’ai eu terminé ma licence, je suis revenue à Knots Landing avec Mollie. Ma priorité n’était plus ma propre personne. Je voulais juste être avec Brian et Mollie. C’était si bon de revenir près de lui,” distille Kate. “Puis j’ai été enceinte de Brandon et tu connais le reste.

Une famille… d’une autre teneur, se dit Olivia d’un air suffisant.

“Katie, quelle SUPERBE histoire d’amour. Je suis si heureuse que Brian et toi avez pu vous rencontrer — surtout après qu’il ait été dévasté à propos de Masako,” décoche sournoisement Olivia.

“Masako?” répète Kate avec interrogation, son humeur changeant soudainement. “Pourquoi a-t-il été terrassé?”

“Après la mutation de son père, il a été une épave. Tu sais comment sont les premiers amours.

”Premiers amours? Brian a dit qu’ils étaient juste bons amis, pense Kate en elle-même.

“Il était comme fou. Tu n’oublie jamais complètement ton premier amour. Et tu sais comment est Brian. Quand il tombe — il se fait mal. Oh, regarde! C’est la plus jolie robe noire de chez Express. Viens, allons l’essayer,” suggère Olivia avec entrain.

Kate reste sans voix tout en suivant Olivia à l’intérieur de la boutique. Comment avons-nous pu passer de tant d’honnêteté à de tels secrets, Brian?

 

L'hospice et centre de recherche Van Wormer - Minnesota du Nord :

Assise sur un banc dans le jardin botanique de la clinique, Janice regarde sa montre et se demande s’il se pouvait qu’elle se soit endormie. En effet, plusieurs heures se sont passées depuis qu’elle s’est entretenue avec l’infirmière à l’intérieur.

Tu dois te rendre à l’aéroport! réagit instinctivement son esprit. Elle rassemble à la hâte son sac à main et son manteau et se lève pour se diriger rapidement vers la voiture de location qu’elle a utilisée depuis l’aéroport.

“Ex-… Excusez-moi, mademoiselle,” l’appelle une voix âgée derrière elle.

Janice se retourne et voit un vieil homme flétri qui se tient maintenant devant elle. Il porte un uniforme laissant supposer qu’il travaille en tant qu’employé de maintenance ou concierge. “Oui?”

“Ben alors, je vais vous dire — je n’ai jamais pensé que cela prendrait si longtemps à quelqu’un pour venir s’enquérir de Madame Sumner. Combien cela fait-il… 10, 15 ans maintenant?”

Janice sourcille, jette un coup d’œil à sa montre, estime que cela peut valoir le coup de manquer son vol, et retourne jusqu’au banc où le vieil homme la rejoint. “Vous vous souvenez de Laura Sumner?”

“Probablement la seule,” répond l’homme tout en prenant place à côté de Janice.

“Pourquoi la seule?”

“Ils ont remplacé l’équipe médicale juste après qu’elle et cet étrange type, Jacobs, soient partis. Certainement terriblement commode, pour tout dire.”

“Partis? Vous devez vous tromper, monsieur. Il a été confirmé que Laura Sumner est décédée dans les locaux ici,” affirme Janice.

L’homme secoue sa tête en signe de véhémente opposition par rapport à ce qu’il vient d’entendre. “Madame, je ne sais pas quelle histoire tirée par les cheveux ils peuvent avoir inventée pour les gens ici mais, aussi sûr que je suis assis près de vous, elle a quitté la clinique vivante accompagnée de ce fou de Jacobs qui tentait de la soigner. D’ailleurs il la nommait autrement alors, quelque chose comme Mary… Martha… Zut, je ne peux pas me rappeler comment exactement.”

Bouche bée, Janice ouvre de grands yeux alors qu’elle écoute une autre personne confirmer que Laura n’est pas morte ici à la clinique, alors que tout le monde croit que c’est le cas.

 

De retour au cul-de-sac :

Kate observe Brian assis sur le divan en train de lire le journal. Devrais-je l’interroger? Peut-être que Olivia voulait juste causer de nouveaux problèmes! Sa relation avec Masako n’était sans doute pas grand chose… mais alors pourquoi ne m’en a-t-il pas dit un mot? Bon, je suppose que l’unique façon d’apprendre la vérité est de questionner, non?

“Alors, comment s’est passé le boulot, chéri?” demande-t-elle en s’asseyant aux côtés de son époux.

“Bien. Nous sommes sur le point de gagner quelques nouveaux gros clients. C’est excitant,” lui répond-il en levant les yeux de son journal.

“Et ton dîner?”

“C’était génial. Je pense les avoir mis dans la poche. Ils vont se réunir à ce propos et me tenir informé.”

“C’est bien,” dit-elle gauchement, prenant un grand bol d’air en posant la question redoutée. “As-tu eu des nouvelles de Masako depuis son départ?”

“Non, pourquoi?” veut-il savoir d’un ton sec.

“Oh, je me demandais simplement si elle était bien rentrée à la maison. Le vol est long jusqu’au Japon.”

“Comme l’on dit : pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Nous n’étions pas très doués pour rester en contact,” ajoute-t-il pour couper court.

“Elle paraissait si heureuse d’avoir renoué votre amitié. De la revoir après si longtemps a dû faire remonter beaucoup de souvenirs à la surface,” poursuit Kate, donnant ainsi la possibilité à son mari de clarifier sa relation avec Masako.

“Oui. C’était agréable,” répond-il, voulant changer de sujet de conversation.

Une longue pause tendue s’ensuit. Pourquoi ne m’a-t-il rien dit? s’inquiète Kate. Olivia avait raison. Ce n’était pas une simple relation ou une amourette de deux semaines. C’était de l’amour. Il était vraiment amoureux d’elle. Cela se lit sur son visage. Comment ne l’ai-je pas vu avant?

“Hé, j’ai obtenu le nom du meilleur avocat en adoption de la ville aujourd’hui.”

“Vraiment? Comment?” s’enquiert-elle de manière plus froide qu’elle l’aurait voulu. Il veut faire diversion!

“En vérité, Harvey et moi parlions et il a préconisé que je sollicite—”

“Brian! Tu t’es adressé à Harvey?” l’interrompt-elle avec incrédulité.

“Bien sûr que non! Si tu m’avais laissé finir, tu aurais su que je lui ai dit que c’était pour un client. De toute façon, je pensais que tu serais heureuse. J’avais l’impression que c’est ce à quoi nous aspirons tous les deux,” indique-t-il avec colère.

“C’est... Je suis désolée. J’aurais dû te laisser terminer.”

“Bon, je vais me coucher. J’ai eu une longue journée,” termine Brian, ennuyé que sa femme le questionne.

“Bonne nuit,” répond Kate sur le même ton abrupt. Qu’est-il arrivé à l’homme que j’ai épousé? Le reverrai-je un jour?

 

Et Maintenant...

Rendez-vous à l'Episode 24, Page 1, 2 ou 4

 

Cliquez Ici pour Retourner à la Page d'Accueil