Maintenant - Le cimetière :

Val, des lunettes noires sur les yeux, est assise dans la dernière rangée de la chapelle. La voix de l'orateur du service funèbre lui semble à des kilomètres. Elle a l'air plus préoccupée par les parties froissées de sa veste en lin qu'elle manipule sans cesse. Je ne devrais pas être ici, pense-t-elle. Elle revoit Gary qui l'a pratiquement jetée hors de la chapelle de l'hôpital en insistant pour qu'elle rentre à la maison et se repose. Etre ici pourra s'avérer profitable. Peut-être qu'au milieu de toutes les prières qui sont envoyées au Ciel aujourd'hui, la mienne sera embarquée avec les autres? Une fois de plus, Val repasse dans sa tête le film des événements qui l'ont amenée ici.

 

La nuit précédente - Hôpital Memorial de Knots Landing :

Une limousine s'arrête derrière une ambulance devant l'entrée des urgences de l'hôpital. Val bondit hors du véhicule et court sur le trottoir en direction des portes automatiques de l'hôpital qui s'ouvrent juste à temps pour la laisser passer.

"Tu as vu ça? C'était Valene Ewing! Que fait-elle ici?" demande Janet à son caméraman alors que son équipe essaie de supplanter les autres journalistes de télévision rassemblés à l'extérieur de l'hôpital.

Gary sort également de la limousine, aperçoit sa femme disparaître et la suit rapidement. Il jette un regard de dédain aux équipes de télévision et, tout en les ignorant, se dirige vers les portes d'entrée.

Lilimae, Jack et Abby sont encore dans la limousine. "Valene!" s'écrie Lilimae en glissant à son tour hors de la voiture. Sa jupe se détache et glisse le long de ses hanches au moment où elle essaie de sortir.

"Attendez, Lilimae," s'exclame Jack, d'un air embarrassé avant de se retourner vers Abby et de lui dire "Tu vas l'aider?"

La grimace d'Abby se transforme en un regard de surprise lorsqu'elle aperçoit les équipes de télévision. "Prenez votre temps..." dit-elle en mettant sa main sur l'épaule de Lilimae. "Il ne faut pas que vous vous cassiez la hanche."

"Oh, Bon sang, les médias sont là et on dirait qu'ils s'avancent en droite ligne vers nous," s'exclame Jack.

"Et bien, Monsieur le nouveau visage du Groupe Sumner, c'est l'heure du spectacle," dit Abby, l'air calme.

"Et qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur raconter ? Je ne sais même pas ce qu'il se passe ici!"

"Règle numéro un, ne jamais avouer face aux caméras que l'on ne sait rien de la situation." Abby s'arrange les cheveux avec les doigts. "Dis-leur que le Groupe Sumner fournira un rapport complet des événements une fois que nous aurons eu le temps d'évaluer clairement la situation."

Le visage de Janet apparaît à la portière du véhicule. "Monsieur Ewing!"

"Allons-y." Abby presse Jack de s'avancer et Janet se recule afin de le laisser sortir de la voiture. Trois micros sont avancés vers le visage de Jack.

"Que pouvez-vous nous dire au sujet de l'explosion dans la tour Sumner?" demande Janet.

"Je n'ai pas eu le temps d'être informé sur cet accident mais je puis vous assurer que nous vous contacterons dès que possible."

"Est-il vrai qu'il y a eu des morts?"

"Je... Je ne peux répondre à cette question pour l'instant mais nous vous fournirons un rapport complet sur --"

"Etes-vous en mesure de confirmer ou d'infirmer la présence de Gregory Sumner dans le bâtiment au moment de l'explosion?" demande un autre reporter.

"Pourriez-vous nous laisser passer?" Abby sort du véhicule derrière Lilimae et reste debout derrière elle. "Cette dame doit entrer dans l'hôpital afin de voir son petit-fils. Je suis sure que vous comprenez," ajoute-t-elle, sur le ton de l'excuse. La main fermement posée sur l'épaule de Lilimae, Abby se fraye un chemin à travers la nuée de reporters et de caméramans. Jack les suit de près.

"Agréable d'utiliser un bouclier humain," murmure Jack au moment où ils approchent de l'entrée.

"Il fallait bien que quelqu'un nous sorte de là," répond Abby. "J'espère qu'ils ne vont pas diffuser ces images. Je n'étais pas maquillée pour passer à la télévision."

Valene est face au bureau des admissions, Gary la suit de près. "... Bobby Ewing," répète-t-elle à l'infirmière. "Mon fils. Où est-il?"

"Maman! Papa!" Betsy apparaît au coin de la salle et Brian est avec elle, quelques boissons dans les mains. Le courage et la force que Betsy avaient manifestés jusque là s'écroulent quand elle se jette en larmes dans les bras de son papa. Val prend rapidement sa fille dans ses bras et comprend qu'elle est saine et sauve. Val se retourne vers Brian. "Où est Bobby?"

Les sanglots de Betsy se meurent dans les bras de Gary. ".....est mort.... Affreux....." pleure-t-elle.

"Qui est mort? Pas mon bébé?" Val regarde Brian comme si elle le conjurait.

"Etes-vous les parents de Bobby Ewing?" demande un médecin d'un âge moyen, vêtu de sa combinaison chirurgicale. Il passe devant Brian.

"Oui," Gary met un bras autour de Val et garde l'autre autour de Betsy qui se retourne pour regarder le médecin. Abby, Jack et Lilimae arrivent à leur tour.

"Monsieur Ewing, nous avons certains documents à vous faire signer. Votre fils est en soins intensifs et il doit être opéré immédiatement. Il souffre de blessures internes et a perdu beaucoup de sang. Et nous avons besoin de donneurs." Il salue Abby et Jack.

Abby aperçoit Brian derrière le docteur et se retire du petit cercle afin d'aller embrasser son fils. "Chéri, je suis si heureuse de voir que tu vas bien," dit-elle. "Lorsque j'ai appris la nouvelle de l'explosion, je n'arrivais pas à te joindre..."

"Je n'y étais pas, Maman," répond Brian doucement, "...mais Kate y était."

"Quelle est la gravité de son état, docteur?" demande Gary.

Le médecin leur indique une file de sièges vides. "Asseyons-nous--"

Val l'interrompt. "Dites-nous tout sans ménagement et ensuite vous ferez ce qu'il faut."

"Nous serons mieux informés de son état une fois qu'il sera dans la salle d'opération. Dans des cas comme celui-ci, nous avons bon espoir, mais il vaut mieux être préparé à toute éventualité." Lilimae vacille et Jack essaie de la soutenir.

"C'est un jeune homme robuste," déclare le docteur. Il tente de rassurer la famille en adoucissant son ton protocolaire. "Si l'opération se passe bien et que nous parvenons à stabiliser son état, nous pourrons alors éliminer tout risque d'issue fatale en 24 heures."

"...Que faisait Kate au bureau un samedi soir?" La voix d'Abby s'élève dans la salle des urgences. "J'aurais dû écouter Jack et ne jamais aller à ce satané barbecue Ewing. Tout a tourné au cauchemar depuis que je suis partie. Tu n'as pas idée de ce que j'ai enduré, et maintenant il va falloir résoudre toute cette situation--"

"Tout ce que tu as enduré?" Brian retire sa main. "Tu ne m'as pas écouté? Je t'ai dit que Kate était là-bas! Tu ne t'inquiètes même pas un tant soit peu pour elle?"

"Oh... Bien sûr," Abby se secoue la tête. "Je vois que tu es irrité. Tu as dû pas mal souffrir aussi. Kate est ici? Comment tu es venu jusqu'ici? J'espère que tu n'as pas conduit tout seul..."

"Que se passe-t-il Maman? Tu ne penses pas que tes bébés savent s'occuper d'eux seuls?" Abby entend cette voix familière et se met à trembler malgré elle. "Bien que Brian n'aurait pas refusé ton aide la nuit dernière pendant que tu étais Dieu seul sait où."

"Olivia!" Abby se retourne pour voir sa fille, en compagnie de son neveu, Michael. "Que fais-tu ici?" En état de choc, elle regarde à nouveau son fils. "Il y a quelque chose de grave?"

"Viens, maman, on va s'asseoir," rétorque Brian. "Ce n'est pas le meilleur endroit pour une réunion de famille, mais c'est tout ce dont nous disposons."

 

Maintenant — Le cimetière :

Comment tout cela est-il arrivé? Comment une journée aussi réussie a pu se transformer en cauchemar en l'espace de quelques minutes? Karen Mackenzie réfléchit à la situation tout en assistant, impassiblement, aux funérailles. Après avoir finalement surmonté le désastre du tremblement de terre, après avoir emménagé dans nos nouvelles maisons, pourquoi la mort a-t-elle dû encore frapper?

Elle essuie quelques larmes à l'aide d'un mouchoir. En regardant le cercueil, Karen se sent presque coupable d'être sortie indemne de l'explosion, avec pour toute séquelle un poignet foulé. Son esprit repense à ces instants, parmi les plus terrifiants de son existence.

 

Deux jours plus tôt - Le Groupe Sumner :

"Allez, Papa, sors d'ici. J'entre!" annonce Paige avec témérité.

Karen observe depuis le corridor le petit monde rassemblé devant la porte du bureau de Greg Sumner. Mack et Janice ont déjà pénétré à l'intérieur du bureau. Greg, Paige, Kate et Tom Ryan sont sur le point de suivre. Karen est à l'écart et regarde la scène avec Lydia Gutierrez.

"De quoi s'agit-il?" demande Lydia.

"Je ne suis pas sure," répond Karen. "Mack enquête sur un coffre qui appartenait à Claudia, la soeur de Greg et il croit que ce coffre est ici pour certaines raisons."

"Alors, qu'avez-vous pensé de Jack aujourd'hui?" interroge Lydia. Elle fait référence à la réunion matinale avec Jack Ewing.

"Je suis convaincue qu'il est sincère et qu'il peut vraiment changer les choses. Du moins, c'est ce que j'ai--" Karen est interrompue par l'irruption de Mack.

"TOUT LE MONDE A L'ABRI! IL Y A UNE BOMBE!" Mack hurle de manière frénétique.

"Une quoi??" demande Lydia, sidérée.

"UNE BOMBE!" répète Karen en lui attrapant le bras. "Il faut se mettre à l'abri!"

"Peut-être que je peux la désamorcer!" crie Tom. Il passe devant Mack et entre dans le bureau.

"ON N'A PAS LE TEMPS!" hurle Mack.

Karen se retourne et est effrayée de voir sa fille Meg en compagnie de Bobby Ewing, près des ascenseurs.

"Pourquoi Papa crie-t-il comme ça?" demande Meg.

"COURS, MA CHERIE, VA TE CACHER!!" Karen hurle et est prise de palpitations à l'idée que sa fille est en danger. Meg et Bobby regardent Karen dans la confusion générale. Elle et Lydia se précipitent dans un bureau voisin.

 

Maintenant - Le cimetière Memorial de Knots Landing :

Janice Gladstone-Olsen est debout, l'air grave. Elle observe le cercueil. En ce moment, elle a l'impression que c'est elle qui aurait dû être ensevelie aujourd'hui. Lorsque la bombe a explosé, les débris de métal du coffre ont été projetés comme les éclats d'un obus. Les médecins lui ont dit qu'elle avait eu beaucoup de chance. Un morceau d'acier est passé à deux doigts de son visage et de son cou. Il n'a fait qu'effleurer son crâne. Elle est consciente que les choses auraient pu être bien plus graves. Elle sait, au fond d'elle-même, que Sandy veillait sur elle au cours de cette épreuve. A cette pensée, elle jette un regard à l'extérieur de la chapelle, là où celle qui fut son unique amour pendant sept ans, repose en paix. Je ne peux pas croire que je suis de nouveau ici, un an à peine après la mort de Sandy. Tant de drames en si peu de temps. Peut-être n'aurait-il jamais fallu quitter St Louis. Nous avons été heureuses à Knots Landing, au cours des premiers mois. Un couple de lesbiennes qui pouvaient vivre leur amour au grand jour, sans devoir subir de préjugés, même de la part de nos propres familles. Après il y a eu ce tremblement de terre... ce bruit horrible, assourdissant. Le bruit le plus atroce que j'ai jamais entendu... jusqu'à...

 

Deux nuits auparavant - Le bureau de Greg Sumner :

Janice vient d'entrer dans le bureau de Greg Sumner et suit Mack pas à pas. Mack se retrouve immédiatement face à Anne Matheson Sumner qui tient dans les mains une boîte ainsi qu'une série de documents. Janice regarde le bel homme, grand et ténébreux qui est collé au coffre, désormais ouvert. Enfin! Après des mois de recherches, le coffre de Claudia Whittaker!

Janice se dirige vers le coffre.

"NICK!! VA-T'EN!! LE COFFRE EST..."

Le grand type se retourne. "UNE BOMBE A RETARDEMENT! COURS!"

Janice s'arrête, net.

Mack accourt vers elle. "Sors d'ici!"

Janice ne parvient pas à bouger.

Tom Ryan, l'ancien flic à la trentaine séduisante, se précipite dans le bureau. Paige l'avait engagé afin qu'il puisse localiser le coffre depuis qu'il était devenu détective privé. Tom arrivé à proximité du coffre et s'écrie "Je peux la désamorcer!"

Il pousse Janice vers la porte. "Sortez d'ici!" ordonne-t-il.

"Il n'y a pas de temps à perdre," crie Nick. Il attrape Anne, qui n'a pas bougée, et l'emmène vers la porte.

Janice se retourne et court vers l'extérieur du bureau de Greg. Elle aperçoit le bureau en acajou de sa secrétaire et plonge en dessous de celui-ci.

"BAISSEZ-VOUS!!" entend-elle derrière elle. Elle inspire profondément et ferme les yeux.

Ensuite, elle inspire à nouveau, plus profondément.

Tout à coup, un bruit qu'elle n'oubliera jamais se déclenche : un bruit si effrayant qu'elle a l'impression qu'il l'écrase. Ensuite, c'est le trou noir.

Janice marche dans la rue. Elle regarde autour d'elle. Le soleil brille et les oiseaux gazouillent dans les arbres. Elle hurle de joie lorsqu'elle reconnaît la rue de St Louis où elle et Sandy habitaient!

"Où sommes-nous, Maître?" lui demande une voix familière. Mack est à ses côtés. Il sourit.

"Mack! Je suis de retour chez moi! Viens voir où j'habite. Tu vas adorer!" Elle court le long de la rue.

Paige apparaît face à Janice. Ses bras sont croisés et elle fait la moue.

"Je n'aurais jamais cru finir ici!" dit-elle. Ensuite, Paige se met à sourire. "C'est super!"

Janice continue de marcher. Gary Ewing et Tom Ryan s'approchent, en poussant un coffre.

"Il faut que je vous le donne, Janice!" Tom sourit à pleines dents. "Pour une femme... Pour une lesbienne... Vous êtes une sacré détective!"

"Félicitations!" Gary donne une petite tape dans le dos de Janice. "Je savais que j'avais raison de vous engager. Voici le coffre!" Il lui tend le coffre. "Maintenant, vous pouvez retourner chez vous!"

Janice retourne chez elle avec le coffre. Elle est à quelques mètres de chez elle. Mais le coffre devient de plus en plus lourd à pousser. Elle ralentit sa marche. Elle arrive finalement devant sa maison. Elle ne parvient plus à tirer le coffre. Elle le pousse de toutes ses forces mais rien n'y fait.

Une lumière étincelante lui illumine soudain le visage. Janice lève la tête. La porte de sa maison s'ouvre et debout à l'entrée se trouve une jolie blonde, coiffée style Jeanne d'Arc, avec de superbes yeux bleus. Elle sourit à Janice.

"Sandy!!!" s'écrie Janice d'un air joyeux.

Le sourire de Sandy s'amplifie. "Qu'as-tu donc là?"

"C'est le coffre! Sandy! Je l'ai trouvé! Je suis de retour! Je suis de nouveau avec toi!!"

Sandy se secoue la tête, le sourire aux lèvres. "Où est ton sac, ma chérie? Janice! Tu oublies tout le temps ton sac!"

"Sandy! J'y suis presque! Le coffre est bloqué!" Janice crie de désespoir. Elle pousse le coffre en vain.

La lumière devient aveuglante. "Tu vas t'en sortir, Janice!" lance Sandy d'un air encourageant. "Tu es intelligente. Je t'aime! N'oublie plus ton sac!"

"Sandy!" Janice crie. "Aide-moi! Il ne bouge plus! Il est bloqué! IL EST..."

"...BLOQUE!" Janice ouvre les yeux. Une lumière brille dans sa direction.

"Le bureau est bloqué! Attendez, Mademoiselle! Nous allons vous sortir de là. J'AI BESOIN D'AIDE ICI!" s'écrie le secouriste.

Janice ne peut plus bouger. Elle lève la tête et aperçoit le secouriste qui lui sourit. Elle tremble de froid. Elle a l'impression que le plafond s'est écroulé. Un second secouriste arrive et ensemble ils parviennent à déplacer le bureau. Ils plongent ensuite vers Janice et l'aident à se relever, gentiment mais fermement.

"Vous voyez? Vous allez bien! Le bureau vous a sauvé la vie... Regardez!" Le secouriste à sa droite lui indique la porte du coffre qui gît au sol. "Elle a été projetée ici au cours de l'explosion et a déplacé le bureau de quelques mètres." Les deux secouristes l'auscultent afin de s'assurer qu'elle n'a aucune blessure. "Rien de cassé," estime le premier assis à sa gauche.

"Comment vous appelez-vous?" demande innocemment le second.

"Janice Gladstone-Olsen."

"Un trait d'union!" marmonne-t-il. Il ouvre sa trousse et commence à la soigner.

"Oh, mon DIEU!!" s'écrie Janice. Elle comprend tout à coup la situation. "Les autres!! Une bombe!"

"Nous sommes en train d'évacuer tout le monde."

"D'AUTRES VICTIMES ICI!!!" Une voix se fait entendre fortement depuis le bureau central de Greg Sumner. L'un des deux secouristes auprès de Janice se lève immédiatement. L'autre dépose prudemment Janice contre le mur du bureau en position assise.

"Il fait si froid!" dit Janice.

"C'est le choc," lui répond le secouriste. "IL ME FAUT UNE CIVIERE ICI!!!" crie-t-il fort.

"Ça vient!" répond une voix depuis le hall de l'étage de direction.

"JIM! ON A BESOIN DE TOI ICI!"

Le secouriste resté avec Janice se lève à son tour. "Ne bougez pas!" dit-il. "Vous serez sortie d'ici dans quelques minutes!" Il s'éloigne rapidement.

Janice regarde autour d'elle. Des bris de verre et de stuc recouvrent le sol.

"N'y touchez pas! Ce sont des pièces à conviction! Le FBI ne va pas tarder!" s'écrie une voix dans le corridor.

A quelques mètres, sur la gauche, Janice observe son sac gisant au sol. Non loin de son sac, une boîte en argent traîne au milieu des débris.

Janice essaie de s'y approcher et se rend compte qu'elle peut bouger sans trop de douleur. Elle attrape la boîte en argent ainsi que son sac et les rapprochent du mur. Sur le flanc de la boite abîmée, Janice peut y lire le nom RUTH SUMNER.

Elle introduit la boîte dans son sac et s'appuie à nouveau contre le mur. Merci Sandy, pense-t-elle, pleine de gratitude.

Les secouristes reviennent avec une civière. Janice sourit et ferme les yeux. Elle ne peut s'empêcher de pleurer.

 

Maintenant - Le cimetière de Knots Landing :

Kate est assise paisiblement dans la première rangée de la chapelle, les yeux fixés sur le cercueil. Elle ne peut s'empêcher de penser : Ça aurait pu être moi. Si ça n'avait pas été pour Oncle Greg...

Elle aussi repense aux événements qui l'ont amenée aujourd'hui en ces lieux...

 

Deux jours plus tôt - Le Groupe Sumner :

"TOUT LE MONDE A L'ABRI! IL Y A UNE BOMBE!" Mack hurle de manière frénétique.

"De quoi parles-tu?" demande Paige, l'air surprise.

"Matheson, pour une fois dans ta vie, fais ce qu'on te dit!" s'écrie Greg en poussant Paige et Kate au sol.

"Mais Tom est allé dans le bureau," rétorque Paige, d'un air anxieux. "Et maman est là aussi--"

BOOM!

Kate, Paige et Greg sont allongés au sol et ne bougent plus durant quelques secondes après l'explosion. Paige, toujours impulsive comme à l'accoutumée, est la première à relever la tête.

"C'est fini, je pense," dit-elle en regardant autour d'elle les dégâts provoqués par l'explosion.

Kate et Greg font comme Paige et se relèvent également. Quelques secondes après s'être tous les trois relevés, ils entendent un bruit fracassant. Greg lève les yeux au plafond et voit les dommages dans la structure du bâtiment. Sans hésitation, il pousse Kate et Paige au sol et se jette sur les deux femmes pour les protéger. Kate essaie de se boucher les oreilles mais ses bras sont tenus fermement par le poids du corps de son oncle.

 

Maintenant - Le cimetière Memorial de Knots Landing :

Kate est ramenée dans le présent par Brian qui met son bras sur son épaule. Elle pose sa tête sur la poitrine de son mari. Elle est heureuse de n'avoir qu'une douleur dans la nuque et une cheville foulée si elle tient compte du fait que son destin aurait pu être bien plus tragique, au vu de la situation actuelle.

Assise sur sa chaise et prise dans l'étreinte affectueuse de son mari, elle ne cesse de penser à la conduite héroïque de son oncle. Elle éprouve de la fierté dans ses actes et pense, Merci, Oncle Greg. Je t'aime.

Non loin de là, Michael Fairgate, vêtu d'un costume noir, est assis près de sa mère Karen pendant que l'oraison funèbre se poursuit. Sa mère regarde le sol de la chapelle au lieu du cercueil situé en face d'eux. Michael prend la main de sa mère et la serre affectueusement. A peine un an s'est écoulé depuis ce jour de Thanksgiving où le tremblement de terre a ôté la vie à son frère aîné Eric. Michael n'arrête pas de penser à lui. Il sait que sa mère pense à Eric également. Il n'avait jamais vraiment compris la souffrance que puisse provoquer la disparition d'un enfant jusqu'à cette soirée, il y a deux jours, où son monde s'est écroulé...

 

Deux jours plus tôt - Oceanside Villas :

Michael est debout dans la chambre vide de l'appartement qu'il partageait avec Lori. Elle est dépouillée de tout mobilier, à l'exception du lit qui est au centre de la pièce, le matelas complètement lacéré.

"NOOOOON!!!" s'écrie Michael après avoir lu le mot que lui a laissé Lori dans laquelle elle explique qu'elle est partie avec Lori et qu'il ne reverrait plus jamais sa fille.

"AAAAAAHHH!" Une voix s'élève derrière lui. Michael se retourne rapidement et aperçoit une femme d'une cinquantaine d'années, élégamment vêtue d'un chemisier, d'une jupe et d'une veste. Elle porte une serviette dans une main ainsi qu'un trousseau de clés dans l'autre. "Vous m'avez fait une de ces peurs!" dit-elle, l'air essoufflé."Vous êtes certainement Michael Fairgate. Je m'appelle Belinda Richards, je suis l'agent immobilier de votre ex-femme." Elle remarque le matelas lacéré. "Oh Mon Dieu! Je suis désolée. Les divorces sont parfois cruels, n'est-ce pas?"

Michael la regarde, atterré. "Que faites-vous ici? OU EST LORI?!!!"

L'agent immobilier dépose sa serviette sur le matelas. "Lori m'a dit que vous seriez ici cet après-midi. Il faut que je récupère vos clés."

"Ceci est MON APPARTEMENT!!"

L'agent immobilier secoue tristement la tête. "Hélas, je crains que non. Je l'ai vendu hier. Il est resté sur le marché moins d'une semaine. C'est un très bel appartement. Oh, mais vous savez ça mieux que moi."

Michael a la tête qui tourne. "Comment avez-vous pu le vendre sans mon accord? Je suis avocat, bon sang! Je connais mes droits!"

"Alors vous savez que cet appartement était à votre nom ainsi qu'à celui de votre épouse. Mais, ne vous inquiétez pas, la législation californienne vous donne droit à la moitié du bénéfice de la vente. La somme vous sera versée sur votre compte une fois le dossier clôturé.

"OU EST LORI?!"

"Elle est partie. Visiblement. Même si je savais où elle était, je ne vous le dirais pas." Elle regarde le lit en morceaux. "Vous avez dû la blesser profondément. Mais bon, regardez donc le bon côté des choses. Vous ne devez pas vous inquiéter d'une pension alimentaire. Il me faut simplement vos clés et vous pourrez faire une croix sur toute cette histoire. Vous êtes un jeune homme très séduisant. Vous allez retrouver une femme très vite, si ce n'est déjà fait."

Michael jette ses clés sur le lit et sort de l'appartement. Il rejoint la voiture avant d'éclater en sanglots. Il frotte ses larmes avec la paume de sa main. Un regard de détermination glaciale apparaît sur son visage. Il sort du parking en crissant des pneus.

Vingt minutes plus tard, Michael frappe à la porte d'un autre appartement.

"Sean! C'est Michael!" crie-t-il. Aucune réponse. Il essaie d'ouvrir la porte avec sa clé. Il est surpris de constater qu'elle ne fonctionne pas. Il se dirige vers la fenêtre et l'estomac noué, il comprend que l'appartement est aussi vide que le sien.

"Il est parti," lance une voix. Michael se retourne et aperçoit Monsieur Gomez, le concierge de Sean.

"Quand?" demande Michael.

"Euh, il y deux jours. Non... trois. Il a dit qu'il ne pourrait pas assister à la cérémonie de remise des diplômes et qu'il retournait dans l'Est chez sa famille. Il commence un nouveau travail dans un cabinet juridique."

"Merci." Michael retourne rapidement dans sa voiture. Il monte à bord, prend son téléphone portable et compose un numéro.

"Allo."

"Madame Bartell? Michael Fairgate, un ami de Sean."

"Un instant, Michael. Je vais le chercher."

Le coeur de Michael se serre dans sa poitrine. L'attente semble interminable. Il entend enfin la voix familière de Sean.

"Sean à l'appareil."

"Merci de m'avoir dit au revoir!" Michael ne peut masquer sa voix blessée.

"Michael, je suis désolé d'avoir eu des sentiments pour toi." La voix de Sean s'atténue. "Je ne peux pas parler de tout ça maintenant, ni jamais d'ailleurs."

"Espèce de salaud sans coeur," rétorque Michael dans un calme surprenant. "Il y quelques mois, tu disais m'aimer. J'ai tout changé dans ma vie pour qu'on puisse être à deux!"

"Je ne t'ai jamais demandé de le faire!" aboie Sean. "En fait, je t'ai même dit de ne rien faire. Qu'est-ce que tu croyais? Imagine que je sois convoqué comme témoin à ton divorce? Mes parents viennent des Philippines. Tu sais que nous sommes de fervents catholiques. Je t'ai rencontré sur Internet dans un salon privé. Tu étais marié et maintenant te voilà ouvertement homosexuel. On est quitte. Je ne suis PAS gay. Tu comprends Michael? Et je ne le serai jamais."

"Je comprends. En fin de compte, je comprends, Sean. Je comprends à quel point je pouvais être pathétique face à Paige et ma mère en m'excusant d'être ce que je suis. Je comprends en écoutant à quel point toi, tu es pathétique. J'ai mis au monde un enfant avec une femme que je n'aurais jamais pu vraiment aimer sincèrement. Je m'efforce de guérir le mal que j'ai causé. Et je suis tombé amoureux d'un garçon tellement vaniteux et hypocrite que j'en ai la nausée et le coeur brisé. Bonne chance, Sean. J'espère que tu te réveilleras un jour. A ce moment-là, ne m'appelle surtout pas."

Michael raccroche et démarre sa voiture.

Quelques minutes plus tard, Michael s'arrête au cul-de-sac, devant la maison des Mackenzie, sombre et déserte. Je n'y crois pas! Est-ce que TOUT LE MONDE a quitté le quartier? Il remarque que la nouvelle maison Cunningham est éclairée. Il frappe à la porte. Elle s'ouvre et laisse apparaître...

"Olivia!"

"Michael!" dit-elle, pleine de surprise. elle l'embrasse chaleureusement. "Entre donc!" Il la suit dans la salle de séjour où Mollie est assise sur le divan.

"Où sont les autres?" demande Michael.

"Tu n'es pas au courant?" répond Olivia. "Il y a eu une explosion au Groupe Sumner. Apparemment, tout le voisinage y était."

"Quoi? Tu veux dire ma mère? Et Paige?" demande Michael. "J'y vais tout de suite!"

"Brian est déjà parti avec Betsy. Je surveille les enfants. J'espérais avoir eu des nouvelles depuis... Tu m'appelles pour me dire ce qui se passe?"

"Oui, bien sûr," répond Michael. Il sort de la maison et prend une nouvelle fois la direction de sa voiture.

Quelques instants plus tard, Michael assiste à une scène chaotique au siège du Groupe Sumner. Des hélicoptères de la télévision tournent autour des lieux. Les fenêtres à l'étage supérieur sont détruites. Des ambulances, des véhicules de pompiers ainsi que des voitures de police entourent le bâtiment.

"Brian!" crie Michael. Il se fraye un chemin à travers la foule en direction de son cousin qui entoure Betsy Ewing d'un bras protecteur.

"Mike, qu'est-ce que tu fais ici?" demande Brian.

"La même chose que toi. Il y a des gens qui me sont chers ici. Je veux savoir--"

"MEG!!!!" hurle Betsy.

Betsy se met à courir, suivie rapidement de Brian et Michael. Deux secouristes portent assistance à Meg et Karen, blotties dans des couvertures, qui sortent du bâtiment. La police arrête Michael, Betsy et Brian au moment où ils s'approchent de l'ambulance.

"MAMAN!!!" crie Michael. Karen les aperçoit. "Venez à l'hôpital!" lance-t-elle alors qu'elle et Meg sont introduites dans l'ambulance.

"Comment va Kate?" s'écrie Brian.

"Où est Bobby?" demande ouvertement Betsy.

"Où sont Mack et Paige?" crie à nouveau Michael.

Mais toutes ces questions restent sans réponse. Les portes de l'ambulance se referment et celle-ci démarre, toutes sirènes hurlantes. Deux autres secouristes apparaissent, transportant Lydia Gutierrez. Elle est enroulée dans une couverture mais semble indemne. Betsy lance un cri d'effroi lorsque des ambulanciers transportent Bobby Ewing sur une civière. La police l'empêche de passer.

"C'est mon frère jumeau!" crie-t-elle. D'autres secouristes apparaissent, cette fois-ci avec Kate Cunningham, blottie dans une couverture.

"Katie!!" appelle Brian. Mais les sirènes masquent sa voix. "Laissez-moi passer. C'est ma femme!!"

"Venez!" Michael les incite à le suivre. "On va directement à l'hôpital!" Michael s'éloigne de la foule, suivi par Brian qui tient la main de Betsy. Ils arrivent dans la voiture de Michael. Il fonce vers l'hôpital Memorial de Knots Landing. Paige! pense tout à coup Michael. Il frappe de la main son volant en signe de frustration. J'implore Dieu pour que tu sois saine et sauve!!

 

Et Maintenant...

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